AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782357071483
184 pages
La Fosse aux Ours (24/10/2019)
5/5   3 notes
Résumé :
Cara Napoli : c'est une lettre d'amour adressée par l'un des siens à sa ville, Naples. Au fil de ces petites chroniques écrites par Lorenzo Marone dans sa rubrique hebdomadaire Granelli (pépites) de La Repubblica. on découvre au fil des pages, les mille et uns visages de Naples, les contrastes de ses couleurs, de ses demeures, de ses odeurs, de ses traditions... On y croise Toto, Banksy, Caravage, Maradona, et bien d'autres qui résument à eux seuls la merveilleuse c... >Voir plus
Que lire après Cara NapoliVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lorenzo Marone écrit dans cet ouvrage à sa chère Naples, comme une compilation de lettres d'amour, à sa ville pour nous transmettre cet amour. Mais qui connaît Naples sait que ses habitants sont comme ça loin des clichés que l'on peut avoir mais encore faut-il accepter de se donner à Naples, de s'ouvrir à Naples, et de dépasser ces, ou ses, clichés.... 

"Je suis très attaché au nom de Parthénope, au mythe qui se confond et se mêle à l'histoire et à tout ce qui concerne la napolanité à tel point que si je devais avoir une fille, j'ai dit à ma femme que j'aimerais bien l'appeler comme la sirène de ma ville, celle qu'à une époque les Napolitains adoraient comme une déesse. D'ailleurs, Parthénope Marone serait une association parfaite car c'est le nom de Virgile

Il y a de nombreuses légendes au sujet de la sirène:
on dit qu'elle est morte dans le golfe, à l'endroit précis où aujourd'hui se dresse le Castel dell'Ovo, au milieu de la mer. Certains prétendent qu'elle se suicida par amour après avoir été éconduite par Ulysse; d'autres légendes, au contraire, racontent qu'elle s'est enfuie avec un Grec sur une île inconnue. Une autre explique que la sirène se noya, entraînée par le son de la lyre d'Orphée, lors de l'expédition des Argonautes. Parthénope a aussi donné son nom à la République napolitaine de 1799 qui a duré quelques mois grâce au courage et à l'audace des bourgeois et des intellectuels de l'époque qui, avec l'aide des Français, se rebelle contre la tyrannie espagnole. "

Ce qui démontre que cette ville sécrète dans l'imaginaire des hommes ses litanies.
Celles des rêves comme celles des banalités ;
Celles des désirs comme celles des préjugés ; 
Les répulsions et les fascinations. 

Moins que toute autre, Naples n'échappe à la règle. Ou, plus exactement, Naples forge les règles :
Celles qui définissent l'identité d'une ville et se fondent sur la synthèse entre son épaisseur historique et ses richesses présentes, entre les êtres et les choses. Naples n'est pas une ville ordinaire. 

Napoli, Naples, ville singulière qui en italien comme en français s'écrit au pluriel.... 
Voici l'un des premiers paradoxes d'une ville qui n'en manque pas 

Voici ce qu'en dit Dominique Fernandez : "La plus belle ville du monde, selon les uns ; un labyrinthe bruyant et puant, selon les autres. S'il est une ville sur laquelle personne ne peut porter le regard neutre du touriste, c'est bien Naples. Ou bien on la chérit d'amour, en passant sur le désordre, la saleté, les risques divers (précarité de l'hygiène, astuce des filous), ou bien on la rejette d'un bloc, sans en comprendre ni les merveilles architecturales ni les leçons de sagesse. Naples ne se livre qu'à ceux qui l'aiment : inutile donc de s'y rendre sans être prêt à s'y perdre. le voyageur qui refuse de tenter l'aventure ne rapportera que de maigres satisfactions."

Dans le piéton de Naples il écrivait "ville sale, bruyante, aux rues défoncées, à la circulation chaotique, peu sûre, sans respect des lois, livrée à l'humeur de ses habitants, qui profitent du désordre pour n'en faire qu'à leur tête. Eux-mêmes sont les premiers à souffrir de ces maux et à pester contre l'incurie des autorités municipales, l'incompétence des fonctionnaires, l'impéritie des employés, le dysfonctionnement des services publics, l'organisation désastreuse des transports en commun, la vétusté des équipements urbains, la "maleducazione" générale". 

Mais chacun de ces auteurs qui a pris le soin d'écrire sur Naples nous démontre que la ville a gardé son caractère, unique au monde, fait d'un mélange de paresse, de fébrilité, d'indolence, de courage, de philosophique scepticisme, de soumission au destin, de paganisme grec, d'orgueil espagnol, de fatalisme oriental, de superstitions africaines saupoudrées d'ironie moqueuse... 

Lorenzo Marone nous dresse un portrait fait de touches tout en sensibilité comme lorsqu'il évoque les ateliers :
"« Atelier », un très beau mot d'autrefois, rempli de sens et de mémoire, qui contient le souvenir d'une époque révolue et qui, à dire vrai, nous manque beaucoup, une Italie constituée de travailleurs modestes et honnêtes qui aimaient leur métier, leur « labeur », et qui mettaient du coeur à l'ouvrage, retirés dans leurs arrière-boutiques, à coudre, clouer le talon d'une chaussure, peindre, modeler, créer, les yeux remplis d'ardeur pendant que la sueur coulait sur leur front plissé. Des gens qui croyaient en ce qu'ils faisaient et qui le faisaient avec amour, pour la plus grande satisfaction de leur clientèle qui leur en savait gré."

Mais un portrait aussi en réalité, parfois brutale ou brute, mais toujours empreint de tempérance pour faire comprendre au lecteur ce qu'est Naples et sa complexité : 
"Dans ce nouveau monde qui nous menace et qui nous fait nous sentir chaque jour étrangers chez nous, qui chasse chaque jour un peu d'humanité de la planète, je ne peux que m'estimer heureux d'être né à Naples, terre de conquête pour tous, mais aussi terre qui part à la conquête, parce que, à de rares exceptions près, nos envahisseurs ont plus appris de nous que le contraire. Celui qui vient ici comprend tout de suite que, soit il s'adapte à notre façon de vivre, il apprend à aimer l'anarchie, le chaos, à être collés l'un contre l'autre, tous ensemble, le gentil et le méchant, le riche et le pauvre, soit ce sera bien pire pour lui.
Nous accueillons tout le monde et tout le monde devient comme nous, les Cinghalais, les Africains, les gens des Balkans, chacun trouve presque toujours une main tendue, une place à table et une mamie avec une assiette d'aubergines à la parmigiana toute prête.
Des ports fermés, à Naples: impossible !
La porte de la maison reste toujours entrouverte."

Et dans cet atelier d'écriture Lorenzo Marone réussi son pari nous faire comprendre, aimer, sa ville. 
Tiens un ultime paradoxe au sujet de cette ville : "La rue du Grand-Paradis se trouve près de Scampia, banlieue oubliée de Dieu, la ville de Gomorra." Une entrée des Enfers.... Comme une ultime pirouette au destin de cette ville fascinante... 

Commenter  J’apprécie          2011

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il y a quelque chose, dans les tableaux du Caravage, qui vous laisse percevoir son regard « assassin » sur le monde. Les fonds sombres, les personnages au premier plan illuminés par des halos de lumières, des corps enchevêtrés et sales, des muscles contractés et des expressions réalistes souvent pleines de douleur. C'est la vie que l'on retrouve dans ses œuvres magnifiques, c'est l'homme dans sa plus brutale vérité, dépouillé de symboles inutiles et de clinquant et représenté dans toute la fragilité d'être animal, un mélange d'imperfection et de magnificence, de poésie et de crasse. Et pourtant, avec ces personnages aussi durs, Merisi représentait les Saints, la Sainte Vierge, les Martyrs, Jésus-Christ. Des personnages divins tendus humains. Ou le contraire.
Commenter  J’apprécie          90
Il y a quelques années, on m'a demandé de raconter Naples et ses couleurs, un petit jeu amusant qui m'a permis d'évoquer ma ville à travers ses couleurs. En effet, les couleurs et la ville sont deux sujets qui se mélangent et s'entrecroisent, et pas seulement parce que Naples est mille culture mais parce qu'elles relèvent d'un choix. Car Naples est un choix. Naples se choisit chaque jour. Et les choix concernent notre moi le plus profond, ils représentent quelque chose de très intime, d'insaisissable.

On aime les couleurs mais, surtout, on les choisit. Ou plutôt, en vérité, elles représentent l'un de nos premiers choix: notre couleur préférée nous accompagne tout de suite, dès de nos premiers gestes, quand notre petite main se promène au-dessus de la boîte de feutres, tandis que notre œil décide de celui qui va nous séduire. Il y a quelque chose d'instinctif et d'ancestral dans le choix d'une couleur, rien de rationnel, comme si c'était plutôt elle qui nous choisissait. Ma couleur préférée c'était le bleu, le bleu vif des feutres de la marque Carioca que je serrais de toutes mes forces, le poing fermé, pour tracer des lignes nettes et définitives, tout le contraire de ce que je suis devenu ensuite.

(INCIPIT)
Commenter  J’apprécie          50
A partir de cette nuit, quand je me sens impuissant devant les images à la télé d'un nouveau pays détruit, je ne regarde pas les décombres d'une église ou le désespoir d'un survivant que l'on voit au premier plan, mais je me concentre plutôt sur le fond où il y a toujours quelqu'un en train de se démener pour aider son prochain. Ainsi, je goûte à nouveau cette vieille sensation de sécurité éprouvée ce soir-là, la conviction qu'avec le soutien des autres, à la fin, on s'en sort.
Cela s'appelle la solidarité et c'est une forme de poésie.
Commenter  J’apprécie          100
Plus que les couleurs, c'est la lumière qui est importante.
La lumière est une couleur.
Et s'il y a quelque chose qui ne manque pas à Naples, c'est bien la lumière.
Il y a aussi beaucoup de zones obscures. Ce que l'on peut souhaiter, alors, c'est que cette lumière qui colore chaque jour ma terre puisse être encore plus forte et plus profonde, comme le soleil de midi qui réussit à effacer les ombres.
Commenter  J’apprécie          120
Giuseppe Moscati, le célèbre médecin canonisé qui disait: « Souvenez-vous que ce n'est pas seulement du corps que vous devez vous occuper, mais aussi des âmes gémissantes qui se tournent vers vous. Combien de douleurs soulageriez-vous plus facilement avec des conseils qui iront jusqu'à l'âme, plutôt qu'à l'aide des froides prescriptions médicales que l'on porte au pharmacien. »
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Lorenzo Marone (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lorenzo Marone
Lorenzo Marone - La tentation d'être heureux .Lorenzo Marone vous présente son ouvrage "La tentation d'être heureux" aux éditions Belfond. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/1565305/lorenzo-marone-la-tentation-d-etre-heureux Notes de Musique : Fouler l'horizon by Komiku. Free Music Archive Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : amourVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5267 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}