Cette nouvelle duologie est une suite directe des "Chroniques du Nécromancien", le roi Martris Drayke a reconquis son royaume dévasté mais bien vite lui et les autres rois vont se retrouver face à de nouvelles menaces, les robes noires veulent le chaos et tentent par tous les moyens d'éveiller d'anciennes puissances occultes et pour ce faire ils ont de mystérieux alliés.
C'est l'hécatombe pour les monarques des Royaumes de l'Hiver et si on veut éviter la fin de ce monde les jeunes monarques émergents vont devoir trouver des alliés chez les vivants et chez les morts.
Un autre problème de taille, un nécromancien noir semble courtiser les mystérieux et puissants "Effroyables", s'ils en venaient à émerger de leur millénaire retrait personne ne sait quelle serait leur position …
D'emblée les personnages s'accumulent et malgré quelques rappels sur "les Chroniques du Nécromancien", il serait difficile de vraiment apprécier ce nouveau livre sans avoir lu les précédents. Chaque personnage contribue à la compréhension du monde, petit à petit nous assimilons les coutumes de chaque royaumes, les généalogie régnantes et les caractères de chacun, rien de révolutionnaire, mais l'alternance d'actions et de description est habilement équilibrée. Guerre, meurtres, complots, intrigues politiques, magie, monstres, tous les ingrédients habituels de la fantasy sont au rendez-vous et l'autrice les maîtrise avec talent en les dosant dans une progression logique qui tient le lecteur en haleine.
Une écriture fluide, des personnages bien campés auxquels on peut facilement s'attacher, le tout dans une ambiance crédible, un bon livre qui pourrait plaire à nombre d'entre vous …
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— Il y a très longtemps, les Suaires étaient les maîtres de la nuit. Peyhta, la Mangeuse d’Âmes, Konost, le Guide des Âmes mortes, et Shanthadura, la Destructrice. Ils commandaient aux monstres et les monstres leur obéissaient. Certains de ces monstres étaient des bêtes, d’autres ressemblaient à l’ombre que tu as décrite. Il y avait aussi des dimonns, mais des dimonns bien plus puissants que ceux qui parviennent encore à se frayer un chemin jusqu’à notre monde.
— Comment ont-ils été vaincus ? demanda Jair en se penchant en avant.
— Les Suaires font partie des Dieux Anciens, comme les esprits animaux : Staguar, le Chat Prédateur d’Estmark, le dieu Loup des vyrkins, le dieu Ours de Trévath et le dieu Aigle qui est encore le protecteur des Gardiens. Ils étaient vénérés bien avant que les Royaumes de l’Hiver soient créés
Les cavaliers frappèrent, mais leurs lames passèrent à travers les sombres silhouettes sans causer de dommages apparents.
Les montures s’agitèrent. Jair était certain qu’elles voyaient des choses qui rôdaient à l’orée de la forêt. L’air de la nuit se refroidit brusquement et le jeune homme dut mobiliser toute sa volonté pour chasser la peur intense qui le poussait à s’enfuir. Il regarda les visages de ses camarades et comprit qu’ils ressentaient la même chose que lui.
Des hurlements déchirèrent la nuit. Ils venaient des créatures à l’orée de la forêt. Ils montèrent dans les aigus et résonnèrent avec frénésie, couvrant les cris affolés des deux prisonniers. Puis vint un puissant éclat de rire, grave, froid et menaçant.
À travers la main posée sur son épaule, un flot d’images portées par la magie cascada en lui. Il entendit les hurlements des villageois et sentit l’odeur du sang frais mêlée à la puanteur des entrailles. À la lueur des torches, il distingua des hommes, des femmes et des enfants qui couraient pour échapper à la silhouette noire qui jaillissait de derrière le tumulus. La mystérieuse créature se déplaçait en adoptant des formes toutes plus horribles les unes que les autres. C’était l’ombre d’un squelette enveloppé dans un grand manteau, le crâne dissimulé par un capuchon. C’était une bête à deux jambes. C’était un géant sans visage avec des bras immenses qui saisissaient les villageois pour les déchiqueter.
De nombreuses personnes portaient des déguisements soignés des aspects de la Sainte Dame – de l’Amante et de la Putain, en majorité. Quelques-unes étaient presque nues. Des hommes titubaient le long des trottoirs, une chope ou une bouteille à la main. Certains marchaient en tenant une – ou plusieurs – femme – tout aussi ivre qu’eux – dans les bras. Les ruelles empestaient le vomi et l’urine, sous-produits inévitables d’une fête digne de ce nom. Derrière les portes, des grognements et des gémissements indiquaient que les catins étaient déjà fort occupées à satisfaire les besoins des festivaliers.
Quant au reste… on ne s’est pas montré trop regardant sur les âges. Tant que les recrues nous disaient qu’elles avaient entre quatorze et cinquante ans, on les laissait signer un engagement. (Il grimaça.) À condition qu’elles mentent avec conviction.
Sotérius se tut et regarda les troupes.
— Il y a plus de femmes que la dernière fois. C’est peut-être dû à l’influence de la reine. À moins qu’elles n’aient pas franchement eu d’autre choix. Nous avons engagé toutes celles qui savaient se battre et qui possédaient une armure et une épée.