Le portrait du mal

Mais quelqu’un avait fait monter dans sa voiture un jeune homme de vingt-trois ans, inscrit à l’Université du Connecticut à Storrs, un étudiant nommé Karl Madsen, alors qu'il faisait du stop depuis Canaan, où habitaient ses parents, pour se rendre à Storrs. Et ce quelqu’un ou peut-être étaient-ils plusieurs, avait emmené Karl Madsen quelque part et l'avait complètement écorché avant de l’abandonner, flottant sur le lac de Nepaug. Le médecin légiste avait déclaré n'avoir jamais rien vu de semblable. On avait retiré seulement l’épiderme, avec une très grande dextérité, et cela revenait à détacher le papier de riz collé à la croûte d’un gâteau aux amandes sans déchirer le papier et sans faire tomber une seule miette de gâteau.
Et à présent il y en avait un autre.
— Les mouettes s’acharnaient sur lui lorsqu’on l’a découvert, dit le capitaine Hopkins. Plutôt difficile de savoir dans quel état il était lorsqu’on l’a balancé à la flotte. Mais quelqu’un l’a écorché, et écorché vivant, il n’y a pas de doute là-dessus.

Vincent n'avait pas besoin d'être convaincu qu'il y avait des forces occultes dans le monde. Son grand-père avait toujours affirmé qu'il croyait aux revenants et que Candlemas était hanté par le fantôme d'une jeune femme, une Puritaine, qui avait été étranglée durant sa nuit de noces.

Ceux qui vont sous la surface des choses le font à leurs risques et périls.

L'explication la plus rationnelle était qu'Aaron l'avait peint lui-même, peut-être sous l'effet du remord d'avoir tué Van Gogh dans un accès de colère provoqué par l'alcool. Mais Vincent n'avais jamais vu Aaron se mettre en colère, du moins pas d'une manière violente, même lorsqu'il était irrémédiablement saoul.
Il se passait quelque chose d'anormal, cela ne faisait pas le moindre doute. Les vents froids de Noël apportaient des événements terrifiants, et malgré tous ses efforts pour les considérer avec logique, Vincent devenait de plus en plus convaincu d'être lui-même le centre du tourbillon.

Ils savaient que, chaque fois que quelqu'un fait votre portrait ou vous prend en photo, c'est exactement ce qu'il fait... littéralement il prend quelque chose de vous, un peu de votre image, un peu de vous-même. Votre image ne vieillit pas de l'intérieur, par suite de l'âge, mais de l'extérieur, du fait de l'usage et de l'abus qu'en font d'autres personnes. Votre visage vieillit à force d'être regardé, à force d'être photographié.

Certaines parties de la présence humaine survivent longtemps après qu'elles sont censées avoir disparu. Qui oserait affirmer le contraire ?

Certaines parties de la présence humaine survivent longtemps après qu’elles sont censées avoir disparu. Qui oserait affirmer le contraire ?

- Une séance de spiritisme ? Ici, dans l'hôpital du comté de Litchfield ? Vous me faites marcher ? Le Dr Schuhmacher aurait une attaque d'apoplexie ! (le Dr Serling)
- Le Dr Schuhmacher est-il obligé de le savoir ? (Jack)

Le tableau dégageait toujours cette odeur irritante de décomposition ; il était plus fuligineux et squameux que jamais. Pourtant, au premier plan, il y avait Van Gogh, le chat roux tigré, peint récemment, avec minutie et précision, dans des tons vifs.

- Eh bien c'est extrêmement intéressant. Au XVIIIème siècle, toutes ces dames de Nouvelle-Angleterre, si méticuleuses, avaient coutume d'inventer des noms stupides pour leurs gâteaux, uniquement pour le plaisir de les prononcer. Il y avait les Kinkawoodles, et les Snicker Doodles, les Jolly Boys et les Rhyming Jacks. (Aaron)
- Comment se fait-il qu'un gentil garçon juif originaire de Newark, New Jersey, s'intéresse à l'histoire de la gastronomie des goym ? (Vincent)
- Peut-être qui si je mange suffisamment de gâteaux de goym, je me changerai en goy moi-même. Tu sais, Dr Jekyllstein et Mr Hyde.