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sur 920 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nicolas Mathieu nous emmène dans les Vosges, dont l'industrie à été dévastée par les crises économiques et la mondialisation. C'est un monde ouvrier qui disparaît avec la fermeture programmée de la dernière grande usine.
Les (rares) plus vieux se souviennent d'avant, des luttes, de la solidarité. Les autres se sentent condamnés à végéter.
Martel, qui doit payer plus que ses moyens lui permettent pour L'EPHAD de sa mère, se retrouve coincé dans une sale affaire.
Nicolas Mathieu écrit avec force, sincérité, empathie mais sans misérabilisme, sur ce monde qui disparaît.
On vit les drames humains causés par un monde où seul l'actionnaire est roi.
L'intrigue autour de Martel n'est qu'une suite logique à la désespérance, à l'absence d'issue qui plombe les humbles.
C'est ma deuxième lecture de Nicolas Mathieu après "Leurs enfants après eux" et je lui trouve un bien grand et sincère talent.
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Nicolas Mathieu dépeint avec justesse la “France profonde”. Une usine qui ferme dans les Vosges : pour les ouvriers nulle autre perspective que le chômage et le RSA malgré la révolte syndicale, “cet espace où la guerre est possible”
À leur tête Martel, qui s'amourache de Rita, l'inspectrice du travail. Pour boucler les fins de mois et surtout assumer les frais d'une institution décente pour sa mère sénile, Martel accepte aussi des petits boulots qui s'accommodent mal du droit et des lois. Son associé, Bruce, a une intelligence proportionnellement inverse à la grosseur de ses muscles gonflés aux stéroïdes.
Le decor est planté ; les histoires s'entremêlent. Martel et Bruce kidnappent une prostituee qui parvient à s'échapper, et ils doivent rendre des comptes aux commanditaires. Rita, qui recueille la fille, devient la cible de Bruce.
Quelques personnages plus jeunes font aussi partie du tableau, livrés à eux-mêmes et promis à un avenir incertain. Lydie est la jeune soeur de Bruce, ils vivent “à la Ferme” avec un grand-père autoritaire qui a “ fait” l'Algerie et une mère infirme. Jordan est amoureux de Lydie, et prêt à tout pour l'approcher.
Les points communs à tous ces personnages : leur solitude et leur âpreté. J'ai beaucoup aimé l'écriture et la justesse du ton, l'alternance des chapitres et des points de vue, les références musicales, l'originalité de l'intrigue et le fait que dans les situations les plus glauques surviennent parfois de petits moments de grâce.
Aux animaux la guerre” est un roman sombre mais pas noir, un roman social.
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Ce roman noir et âpre est excellent, captivant et décrit sans fards la triste réalité qui ronge notre société, la fermetures des usines, le chômage, la pauvreté, et les innombrables drames du quotidien que cela engendre.

À l'aide d'une construction polyphonique impeccable où chaque chapitre est consacré à un personnage, porté par une superbe écriture, parfaitement maîtrisée et évocatrice, et des personnages forts et puissamment campés, d'autant plus crédibles qu'il s'agit de gens simples confrontés au chômage, à la misère, au désespoir, à la tentation de boire pour oublier ou de s'embarquer dans des coups risqués et des trafics illicites de plus en plus gros pour se sortir de la merde, Nicolas Mathieu signe avec Aux animaux la guerre un beau et très grand roman noir qui fera date, parce qu'il aura réussi à écrire et décrire, sans jugement aucun, la déliquescence actuelle de notre société.

Incontestablement l'une de ces quelques très grandes révélations françaises de l'année 2014 à ne pas manquer.
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Premier roman de Nicolas Mathieu (je crois), le meilleur à mes yeux. Publié dans la collection Roman policier, il s'agit effectivement d'un récit avec intrigue. Les personnages ressemblent fortement déjà à ceux des deux romans qui suivront; l'Est de la France, la pauvreté, la misère, la désespérance sont déjà là. La volonté de s'en sortir, lorsqu'elle existe, fait parfois prendre des chemins de traverse. Ses héros le savent, mais la dureté de la vie ne leur laisse pas le choix.
C'est évidemment bien écrit; une écriture déjà lucide et féroce mais tellement juste.
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Roman noir. Les Vosges, une usine qui ferme, des hommes à l'agonie. Avec finesse et beaucoup d'humanité, Nicolas Mathieu retrace les révoltes, les espoirs ou au contraire les désillusions et la résignation de ces hommes et ces femmes. Une magnifique fresque sociale, où violence inouïe et amour s'entremelent. A lire !
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Un roman malin, qui se dévore. Il concentre beaucoup de la vie, en un mélange de mystère, de zones d'ombre, de chaleur, d'espoir, d'instants magiques et suspendus, de beauté, de colère, de haine, de folie, d'abrutissement. A l'instar de la vie, c'est un roman qui ne s'arrête pas, parce que l'histoire des hommes continue toujours, quoi qu'il arrive.
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Comme un état des lieux, celui d'une société en déliquescence. Des portraits, sans concessions mais attachants d'hommes, de femmes, à l'avenir bouché, comme cet horizon d'hivers trop froids, où la neige collante s'écrase mollement et entrave le pas déjà lourd de ceux qui n'attendent plus rien.

Ça se passe dans les Vosges, mais ça pourrait tout aussi bien se passer dans le Nord ou dans la Creuse. Dans le Jura ou sur les contreforts pyrénéens. Ça se passe là, où l'emploi, industriel qui nourrissait des familles, de pères en fils depuis des générations, qui bousillait des vies mais faisait chauffer les marmites disparaît. Celui d'une solidarité ouvrière, d'un syndicalisme autrefois florissant qu'on se raconte, comme une légende et qui survit encore, mais s'éteindra en même temps que l'usine fermera.

C'est l'univers Ricoré. Pas celui des dimanches enchantés, plutôt celui des bols qui refroidissent, sur la toile cirée jaune pisseux de la cuisine. Ces bols dans lesquels on trempe une biscotte ramollie avant d'aller trimer ou de s'enfoncer dans le canapé, un verre à la main avec pour horizon la console vidéo ou les feuilletons télévisés pour tuer la journée. C'est celui du petit blanc sec ou du picon-bière de dix heures du mat. Monde désenchanté tant pour ceux qui ont un boulot que pour ceux qui n'en ont pas.

Dans cet univers trop froid, quelques étincelles de vie, pourtant. Parce qu'elle est là, malgré tout et qu'il arrive que le désir vienne réchauffer un quotidien morose, voire même qu'on tombe amoureux, comme l'oiseau tombe du nid... Par accident.

Dans ce microcosme où tout le monde se connaît, où la dernière usine va bientôt fermer ses portes, il y a les petits trafics pour joindre les deux bouts, ou pour oublier son désoeuvrement, et puis comme sur ces routes verglacées soumises aux tempêtes, il y a le dérapage incontrôlé, incontrôlable.

La force de ce livre, ce sont ces destins qui s'entremêlent. Ce sont ces personnages qu'on aimerait voir s'en sortir alors qu'on sait qu'ils sont enlisés. Inéluctablement. Des personnages forts pourtant, aux personnalités parfaitement ciselées par l'auteur qui nous fait rebondir de l'un à l'autre pour dessiner une fresque sociale sombre d'un monde qui disparaît sans que pourtant un autre vienne le remplacer.

Mon seul regret : Il aurait peut-être fallu que le livre se conclue durant la tempête, avec cette empreinte de pied nu dans la neige. Ce qui suit et qui n'est ensuite qu'esquissé aurait fourni sans problème la matière à un deuxième tome, certainement aussi riche que le premier.
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Cet extrait d'une interview de Nicolas Mathieu publiée en 2018 sur le site de Télérama résume très bien ce que l'auteur a souhaité construire avec ce polar. Il s'exprime dans cette interview sur l'adaptation du livre en série : « Dès le départ, j'avais un principe moral, qui explique la forme chorale du roman : je ne voulais pas raconter l'histoire du point de vue d'un seul personnage, parce que chacun a ses raisons de faire ce qu'il fait. »

La chronique d'un monde ouvrier, la chronique d'un monde qui se bat et que l'on entend peu mais aussi la chronique d'une jeunesse qui grandit à l'écart des villes et tente s'en sortir. « Aux animaux de la guerre » c'est un peut tout ça à la fois et c'est d'une justesse rare. Une claque en somme avec des personnages marquants et des dialogues qui sonnent. Une fois démarré difficile de décrocher.

extrait : « La voiture roulait vite, délicate et véloce, emmenant après elle le chagrin et la violence. »
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Livre que j'ai beaucoup aimé, qui m'a rappelé «Leurs enfants après eux », en presque aussi réussi. le roman est plus noir mais on retrouve les mêmes thématiques : le déclassement social, les usines qui ferment, la misère sociale et culturelle, mais aussi les histoires d'amour des adolescents, leur vision du monde, leurs préoccupations. La nouveauté, c'est l'introduction de thèmes très noirs (meurtres, violences physiques, kidnapping, prostitution…).
La forme du roman reprend un peu la même construction que «Leurs enfants après eux ». C'est à dire, une succession de chapitres parfois un peu courts avec chacun une unité de thème, de personnages et de lieu, qui se répondent de chapitres en chapitres…
C'est un bon livre, avec de belles descriptions d'histoires de vie, mais aussi une forme d'analyse d'une partie de notre société si complexe à décrypter.
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Ce livre m à mis ko. .... il est dans ma tête .... magnifique.. c est le livre que je recommande à mes vrais amis..
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