" PRIERE DE NE PAS NOUS EMMERDER "...
… Ils étaient prévenus pourtant, les agents du Renseignement Intérieur, le panneau fiché à l'entrée du domaine du Haut-Plessis donnait le ton, non ?
Il faut savoir que la gentilhommière du Haut-Plessis c'est comme qui dirait la cour des miracles. Monsieur le Comte propriétaire des lieux assisté de sa gouvernante – acariâtre et pétomane à ses heures – y abrite avec une prodigalité méditative et bienveillante un rassemblement bigarré de loosers magnifiques, clochards cosmiques ou anarchistes en rupture de ban fondateurs d'une ‘colonie agraire communiste-libertaire à tendance crudi-végétarienne', et dont la devise commune pourrait s'inspirer d'un regretté moraliste-agitateur du siècle dernier via son illustre réplique : « La société n'a pas voulu de nous, qu'elle se rassure, on ne veut pas d'elle » (respirez ici).
A cette agreste et conviviale assemblée se joignent parfois Cro-Magnon, ex-militaire en camping-caravaning longue durée au fin fond du bois voisin, et son désespérément célibataire de pote Berthelot, vé-air-pé en repositionnement professionnel suite à sa calamiteuse éjection d'une glamourissime entreprise locale leader sur le marché du fauteuil électrique monte-escaliers pour retraités à mobilité réduite (respirez là).
Harmonie, pinard et sérénité donc, au coeur du riant bocage mayennais, jusqu'au débarquement saugrenu de deux superflics des Services Secrets (mais des gars tout simples hein, avec leurs problèmes perso comme vous et moi) en mode récupération impérative d'un document hautement explosif censé s'être « égaré » à proximité du manoir sus-décrit. Mayenne en quoi, c'est là bien sûr que commencent les embrouilles.
Olivier Maulin survole cet aimable bordel d'une plume rigolarde et désinvolte enchainant dans la bonne humeur et sans prise de tête péripéties et quiproquos surréalistes, scènes truculentes et portraits pittoresques de la Mayenne profonde. Point de rillettes mais la piquette du coin se charge d'imbiber le tout dans un délire de rébellion digne de feue la Chouannerie locale. le Bocage à la nage tient ainsi à la fois du polar sympathique et du fabliau postmoderne, l'histoire se lit vite et on sourit gentiment, c'est déjà beaucoup. Il faudra quand même qu'on m'explique le titre (le bocage, OK je capte, mais la nage, à part la rime...) ainsi que l'acception subliminale de la photo de couverture parce que, du coup, je n'ai pas trop vu le rapport, mais bon.
Ҩ
Encore une lecture complètement à la masse critique, grand merci donc à Babelio et aux Editions Balland qui ont bien voulu prendre le risque fou de me confier cet ouvrage.
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