Ce recueil compte deux nouvelles, Boule de suif et Mademoiselle Fifi, autant dire que j'ai lu les deux mais que ça a donc été doublement difficile. Difficile ? Maupassant a une écriture agréable et à la fois acérée, la trame de ses histoires est toujours impeccable, le fond porte une revendication liée à son époque (et qui traverse les époques même !). Alors ? Et bien, oui, les classiques du 19ème et en particulier français ne me séduisent pas vraiment. Je leur reconnais des qualités évidemment, tant au niveau de la forme que du fond, mais ça ne me touche pas, ne m'emporte pas, mon coeur ne palpite pas. Ça ne s'explique pas, chacun sa sensibilité.
Boule de suif, inspirée d'un fait divers, se déroule pendant la guerre de 1870 : dix personnes fuyant Rouen envahie par les Prussiens ont pris place dans une diligence. Parmi elles, une prostituée surnommée Boule de suif à cause de son embonpoint, se verra compromise pour sauver les autres voyageurs. Mais quelle sera leur réaction?
Je me suis bien sur sentie révoltée et indignée par le comportement des compagnons de voyage de Boule de suif qui se servent d'elle tout en la méprisant. Émue aussi devant sa dignité, sa naïveté, sa générosité et sa gentillesse. La violence ne règle rien mais j'aurais bien aimé leur asséner un coup de poulet en gelée en plein visage ! Thème toujours d'actualité (utiliser l'autre puis le mépriser, pas le poulet), ah, l'être humain et ses bas instincts…
Mademoiselle Fifi reprend les thèmes de la guerre et de la prostitution dans le même contexte que la nouvelle précédente : guerre de 1870, prostituées françaises/soldats prussiens. Des officiers occupant le château d'Uville en Normandie font venir des prostituées "pour passer le temps". Mais, malgré leur statut de filles de joie, les soldats prussiens comprendront qu'on ne peut pas maltraiter une femme et encore moins la France.
La façon dont Maupassant a dépeint les officiers allemands dans cette nouvelle reflète bien le ressentiment français de l'époque : grosses brutes à moustache, violents, arrogants, méprisant les richesses du château qu'ils détruisent semble-t-il pour s'amuser. J'ai bien aimé le contraste (et l'ironie ) des deux personnages qui s'opposent : Mademoiselle Fifi, surnom du marquis prussien Wilhem d'Eyrik et Rachel, prostituée et juive, qui représente donc à la fois la basse classe de la société et une catégorie méprisée de par sa religion mais qui à elle seule incarne l'honneur, l'héroïsme français…une française ordinaire qui résiste et risque sa vie pour sa patrie.
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Cette nouvelle, très appréciée des lecteurs, est une grande réussite de Maupassant. Je vais me permettre de la résumer, car l'histoire est bien connue. L'action se place pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871: les soldats ennemis arrivent en Normandie et leur arrivée inquiète la population civile. Cependant, dans ce chaos, une diligence reçoit l'autorisation de voyager. Elle emmène six notables plus ou moins "respectables", deux bonnes soeurs, un bizarre original pro-républicain et... une putain, dite Boule le Suif. Celle-ci est méprisée par tout le monde, même quand elle offre à manger aux autres personnes (affamées) dans la diligence. Tout le monde fait étape dans une auberge. Le lendemain, l'autorisation de déplacement est retirée aux voyageurs. L'officier prussien qui a pris cette décision ne changera pas d'avis que si Boule de Suif veut bien coucher avec lui. Elle s'y refuse énergiquement, car elle a sa fierté et, de plus, elle est patriote. Maupassant décrit alors avec finesse et réalisme toutes les pressions des voyageurs sur Boule de Suif pour qu'elle serve au "repos du guerrier", ce qui leur permettra enfin de reprendre la route. Et quand elle s'est résolue à céder aux exigences du Prussien, on ne la connait plus, on la méprise à nouveau, et la boucle est bouclée ! Le microcosme de la diligence représente bien la société toute entière. Un conte très cruel...
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