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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une vraie bonne bouffée d'air rance et bien vicié, ça vous tente ? Si oui, aucune hésitation et laissez-vous tenter par Genitrix, un des premiers chefs d'oeuvre de François Mauriac.
D'une cruauté insupportable, ce huis-clos mère-fils vous emportera dans un univers de folie où Mauriac explore avec génie l'amour dévorateur d'une mère pour son fils, amour malsain dans lequel le fils, grosse larve sans volonté se coule avec délectation.
Tout lui est donné, sauf une épouse bien sûr.... et, vers la cinquantaine, voilà que Fernand Cazenave se laisse prendre aux charmes de Mathilde, une institutrice soucieuse de s'assurer un avenir confortable.
Mais ..."vous n'aurez pas mon fils, vous ne l'aurez jamais" clame Félicité, la mère en fureur.
Et Mathilde n'a carrément aucune chance face au couple mère-fils, pauvre petite mouche affolée prise dans la toile tissée chaque jour par l'araignée venimeuse.
Délaissée, elle va s'étioler et en mourir.

Alors Fernand va prendre la mesure de son malheur. On lui a cassé son jouet, et il le veut ce jouet, et qui est responsable de cette tragédie ? Sa mère, bien sûr. Et entre ces deux là va s'engager une lutte sordide, sans merci.
Effrayant, la manière qu'a Mauriac d'orchestrer ce corps à corps mortel entre ces deux êtres dégénérés. On aimerait être certain que cette relation ne saurait exister.
Certes, elle n'est pas la norme, mais des mères castratrices et des fils esclaves de leur génitrice... il y en a !
Mathilde ? Félicité ? Laquelle s'imposera dans le coeur du lamentable Fernand ?
Qui va gagner ce duel ? Qui a gagné ? ..... Elle, bien sûr !

Moralité : femme, n'enfantez point, et vous fils .... répudiez votre mère !
Quant à Mauriac, lisez-le et relisez-le !
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Encore plus puissant que le baiser au lépreux qui m'a éblouie, Génitrix traite encore le thème du mariage bourgeois et sans amour : il s'agit de concevoir un héritier, un seul, pour conserver les vastes biens ; rien de plus.
Mais dans ce roman-ci, Mauriac l'aborde subtilement par le biais de la relation mère-fils : le mari quinquagénaire, en effet, est sous l'emprise d'une mère abusive, et ne tombera amoureux de sa jeune épouse qu'une fois celle-ci morte…
Le mécanisme de l'emprise, popularisé depuis #metoo, était déjà parfaitement décrit par Mauriac dans cette relation mère-fils, ainsi que celui de la coercition (voire de ce qu'on appelait encore, au siècle dernier, un crime "passionnel".) "Elle avait cette figure stupide, tendue de la femme qui cache sous son manteau un revolver armé, un bol de vitriol (…) Cette vieille femme se meurt de ne plus posséder son fils : désir de possession, de domination spirituelle."
Ajoutez à cela une écriture magistrale, qui semble au premier abord toute de concision, et pourtant empreinte d'une merveilleuse poésie. Ainsi les bruits nocturnes à la campagne sont évoqués comme "le murmure endormi d'un rêve végétal". L'éveil des sentiments chez un quinquagénaire : "Un fleuve en lui se débarrassait des glaces d'un hiver démesuré."
Magnifique.
(C'est gavé bien, non ?)
Challenge Nobel
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Cela faisait des dizaines d'années que je ne m'étais pas plongé dans un livre de cet immense écrivain. Je n'avais pas lu celui-ci et je dois dire que je viens de prendre une belle claque littéraire.
Ce huis-clos étouffant dans une maison landaise est tout simplement fantastique ! Amour et haine se partagent entre une mère et son fils. Un amour maternel qui étouffa tout sentiment humain chez son fils jusqu'à la mort de la femme de celui-ci et sa prise de conscience tardive que cette mère a tout simplement empêché son fils de vivre en l'accaparant totalement, en éloignant les autres de son amour unique, terrible et mortifère.
Une écriture qui frôle le sublime, une histoire qui, sous une apparence paisible car tout se passe dans le secret des âmes, est d'une noirceur rare.... ce livre est un chef-d'oeuvre.
Du coup j'ai une furieuse envie de relire d'autres livres de Mauriac moi !
Lien : http://lefantasio.fr
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Terrible huis-clos entre cette mère ultra possessive et son fils qui à 50 ans n'a jamais réussi à sortir du giron maternel.
Pourtant le fils a essayé une rebuffade en se mariant.
Mais Mathilde son épouse vient de mourir après avoir fait une fausse couche.
Et sa belle-mère n'a rien fait bien au contraire pour que celle qui lui a volé son fils puisse survivre.
Bon débarras !
Oui, mais voilà que le fils tombe éperdument amoureux de sa femme sur son lit de mort.
C'est donc contre un fantôme que la mère va devoir se battre pour conserver envers et contre tout l'exclusivité de son fils.
Un livre court mais d'une étouffante noirceur, lorsqu'amour et haine se mêlent à ce point et qu'ils sont servis par une écriture extraordinaire, c'est un chef-d'oeuvre que nous a livré François Mauriac.
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Claude Chabrol et Stephen King n'ont rien inventé...
Avant eux, il y a eu Mauriac.

Mauriac et ses ambiances lourdes, ces huis-clos étouffants dignes d'un "Misery".
Ses intrigues implantées dans ce milieu fermé et rustre de la bourgeoisie provinciale...
L'acuité de son regard qui dissèque sans complaisance ni pitié les petitesses et les failles de ses personnages...

Mathilde Cazenave est alitée suite à une fausse couche qui l'a laissée très affaiblie. Elle perçoit à travers les brumes fiévreuses dans lesquelles la plonge son état, les chuchotements des conversations qu'entretiennent son époux Fernand et sa belle-mère Félicité, ainsi que les inquiétants froissements que fait entendre la robe de cette dernière lorsqu'elle épie, derrière la porte, les gémissements de sa bru. Se doutait-elle, Mathilde, qu'en intégrant le foyer des Cazenave, elle représenterait aux yeux de Félicité l'ennemie qui allait lui prendre son fils chéri ? Imaginait-elle le sourd combat qui allait s'engager pour regagner l'exclusivité de l'amour de Fernand ?

Il faut dire qu'entre ces deux-là, c'est une longue histoire : depuis le décès du père Cazenave, survenu bien des années auparavant, mère et fils ont vécu, inséparables, dans cette grande demeure, avec pour seule présence celle de la vieille servante Marie de Lados. Ils ont entretenu une relation malsaine, entre possessivité et aigreur, rudes manifestations de tendresses et culpabilisation mutuelle. Félicité a fait en sorte de devenir le centre de l'existence de cet enfant capricieux et surprotégé, devenu un adulte souffreteux, qui, lorsqu'il épouse Mathilde, à cinquante ans, n'a jamais connu ni l'embrasement du corps, ni celui du coeur.

Et ce n'est pas sa jeune compagne qui va lui permettre d'accéder à cette connaissance. L'union aura été de courte durée, sapée par l'omniprésence de la mère toute puissante, et définitivement enterrée -c'est le cas de le dire- avec la mort de Mathilde (rassurez-vous, ce n'est pas un spoiler, l'événement survient dès les premières pages).
C'est paradoxalement à partir de ce moment que la rivale de Félicité devient réellement menaçante.
Le décès de son épouse plonge Fernand dans un état dépressif qui atterre sa mère. Il réalise qu'il a sans doute perdu sa seule chance de connaître l'amour, se détourne de sa génitrice, impuissante à lutter contre une morte.

C'est avec une plume acérée, impitoyable, que François Mauriac dépeint la relation mère-fils qui se délite. Tout comme il se montre particulièrement acerbe avec le milieu dans lequel évoluent ses héros, univers à la fois rural et bourgeois où l'on aime la terre davantage que les hommes, d'individus avares, rustres et mesquins. Univers gris, d'où sont bannis toute émotion, toute fantaisie, tout plaisir, où bâtir une famille n'a pour seul but que de perpétuer la possession terrienne. Un fils suffit...
On en viendrait presque à la comprendre, cette Félicité, qui s'est accrochée à son Fernand pour avoir un être à aimer, et surtout qui l'aimerait. Mais elle aime à l'image de ce monde auquel elle appartient, sans grandeur ni générosité.

"Génitrix" est un roman noir, oppressant, angoissant, dont les protagonistes sont prisonniers d'une sorte d'interdiction tacite de connaître, sans même parler de bonheur, ne serait-ce qu'un peu de joie.

Très fort, Monsieur Mauriac !
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Après une fausse couche, Mathilde Cazenave agonise, seule. Elle est une jeune institutrice intelligente et moqueuse, ancienne enfant malheureuse, qui a eu la folie d'épouser un quinquagénaire, célibataire endurci. Derrière la porte de la mourante, sa belle-mère exulte et triomphe. Elle va enfin retrouver son fils chéri, celui que cette femme avait osé lui voler. Justement, ce fils trop aimé et odieux tour à tour avec sa mère et sa femme, comprend soudainement qu'il a raté sa vie. Couvé comme un enfant par sa mère, isolé de tous pour qu'il puisse lui appartenir absolument, le fils va réaliser que cette jeune femme aurait pu changer sa vie et que sa mère la lui a empoisonnée. Un terrible duel s'engage alors entre la mère et le fils.

Lire Mauriac est toujours une expérience incroyable. L' auteur parvient, dans ce roman d'une centaine de pages seulement, à rendre la densité des sentiments, la complexité de l'amour et de tous ses pièges. Avec trois personnages, une maison dont les murs tremblent au passage des trains et une intrigue simple, il nous emporte dans la vie même, dans tout ce qu'elle a de tragique et nous fait percevoir les noirceurs de l'âme humaine. L' écriture est un délice.

Mauriac mérite une place bien plus ensoleillée dans la littérature d'aujourd'hui.
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Mathilde Cazenave se meurt après une fausse couche et son époux Fernand, dominé par sa mère Félicité, la laisse mourir. Puis rongé par le remord il accuse sa mère et se détache d'elle menaçant même de lui faire du mal. Celle-ci, repoussée par son fils succombe à une attaque. Fernand mesurera dès lors le néant de son existence et se défoulera sur la vieille servante Marie de Lados en la chassant elle et sa famille de son domaine.
Marie de Lados reviendra pourtant au moment de la mort de Fernand.
Félicité, la mère, la Genitrix, aime son fils d'un amour exclusif et dévorant. Un amour pervers qui se nourrit de conflits pour la domination spirituelle de l'être aimé. Cet amour monstrueux fera apparaître la mort du mari et du frère comme des délivrances et la mort de la bru comme une nécessité. Quant à Fernand son amour ne se déploie qu'en opposition à un tiers: Il aime sa mère contre Mathilde puis il aime le souvenir de Mathilde contre sa mère.
Comme d'habitude chez Mauriac, la sexualité refoulée, l'esprit de caste de la bourgeoisie, la violence psychologique exercée sur les personnages, amènent à une situation complètement bloquée et qui ne peut trouver d'issue que dans la mort. Un petit chef d'oeuvre de cruauté.
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Il y avait bien longtemps que je ne m'étais plus plongé dans les écrits de Mauriac.
Parce qu'il s'agissait d'une lecture imposée au cours de mes années lycée, j'étais certainement passé à côté du plasir que procure cette sublime et lumineuse noirceur que ses écrits vėhiculent.
J'ai été subjugué par ce style littéraire délicieusement suranné mais si maîtrisé.
Lire du Mauriac - vous excuserez ma naïveté de lecteur qui donne l'impression de découvrir les plaisirs et les vertus de l'eau chaude - c'est se faire caresser les papilles gustatives neuronales par une syntaxe dont l'éclat illumine chaque ligne, chaque phrase, chaque paragraphe.
Que cet homme écrivait bien ! Qu'il est délectable de se frotter à une écriture si distinguée pour évoquer des traits d'humanité si mesquins !
Mauriac élève au rang d'art la trivialité des sentiments humains les plus vils.
Moi que les affres sentimentaux de petits bourgeois de province oisifs rebutent a priori, j'ai été scotché par la façon si noble et distinguée avec laquelle l'auteur nous confronte à cet univers feutré et ennuyeux.
Me voilà donc plongé dans les écrits de Mauriac pour un petit bout de temps !
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Quelque part dans les Landes. Mathilde se meurt d'une fausse couche. A la mort de celle-ci , deux personnes resteront habiter le maison : la vieille mère et son fils, juste veuf. le silence règne alors, perturbé de temps à autre par le train à vapeur qui relie Bordeaux à Cète. Entre les deux personnages rien que de la morosité,de la tension, une bien triste relation mère-fils. Une atmosphère si bien racontée par François Mauriac.
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Genitrix/François Mauriac
Dans ce roman noir, Mauriac met en scène les sinistres personnages rongés par l'avarice et la mesquinerie que sont Félicité Cazenave, mère possessive et castratrice et son fils quinquagénaire Fernand, ancien élève de Centrale qui à présent collige avec application des apophtegmes de toutes provenances, d'Épictète à Spinoza. Mathilde, l'épouse délaissée de Fernand et malheureuse parturiente agonise dans la chambre à côté en proie à la fièvre et aux réminiscences douloureuses d'une vie de malheur :
« Elle n'avait pas été aimée. Ce corps allait être consumé dans la mort et il ne l'avait pas été dans l'amour. L'anéantissement des caresses ne l'avait pas préparé à la dissolution éternelle. Cette chair finissait sans avoir connu son propre secret. »
Quel style magnifique ! Quelle littérature ! de la vraie !
Une fois de plus c'est dans cette région des Landes non loin de Bordeaux, chère à Mauriac que se déroule le drame. Posséder des biens, seul compte pour les gens de cette contrée : « A tous ces disparus le mariage avait assuré, outre un accroissement de fortune, la continuité de la possession. Ils avaient opposé à l'inévitable mort la famille éternelle. »
Mathilde, l'ennemie vivante qui lui a emprunté son fils, puis la morte toute puissante qui va le lui enlever définitivement, va obséder l'existence de Félicité. Mauriac avec un talent sans égal creuse, fouille, dissèque les âmes jusqu'au plus profond recoin là où se cache les plus vils sentiments :
« Dans le minuscule univers de sa bassesse, dans ce réseau, dans cette toile gluante que sa mère, pour le protéger, avait dévidée autour de lui pendant un demi-siècle, il (Fernand) se débattait, grosse mouche prise. »
Des quatre personnages qui ne sont bientôt plus que deux, Marie de Lados est la plus obscure mais non la moindre ; depuis la souillarde, elle, serve tremblante et ancienne gouge, elle épie ses maîtres en proie à des passions sombres qu'elle ignore. Elle deviendra à son insu le personnage clef.

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