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EAN : 9782707319210
56 pages
Editions de Minuit (01/04/2005)
3.58/5   38 notes
Résumé :

Elle croit qu'il est parti par goût de la liberté. Il pense qu'il revient parce qu'elle est malade. Les voilà de nouveau ensemble, avec, devant eux, le temps de s'avouer ce qui les réunit et d'affronter ce qui les sépare.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un homme, Une femme
Lui, Elle
L. E.
Ils dialoguent sur une cinquantaine de pages.
Lui est photographe, il était parti il y a une trentaine d'années. Pendant tout ce temps, il lui a envoyé ses films.
Il avait peur de passer à coté de sa vie.
Elle est restée dans leur maison. Elle dort toujours dans « notre chambre », comme elle dit. Lui aussi d'ailleurs, même s'il n'y a pas couché depuis tout ce temps.
Elle est malade. il est revenu.

Ils vont échanger, le temps de quelques heures sur leur amour, la vie, ce qu'on en fait, ce à quoi on veut échapper, ce que l'on pense important et ce qui l'est finalement, les erreurs de jeunesse, les cauchemars auxquels on ne peut se soustraire, les souvenirs qu'on ne peut oublier.

« Ce bonheur à ce point inattendu qu'on risque de tout arrêter en route. Alors on se dit que c'est une erreur, que ce n'est pas possible de déjà connaitre ce qu'on cherche, sans même avoir fait la route pour le mériter. Voilà, c'est pour ça qu'on y renonce. »

Un court texte fait uniquement de ce dialogue, entre LUI et ELLE (cités dans l'ordre où ils apparaissent dans le livre) sur lequel je suis tombée par hasard à la bibliothèque.
J'y ai retrouvé ce que j'aime chez Mauvignier et dans son écriture, J'ai regretté que ce ne soit pas plus long, plus développé.
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Comment se retrouver après 30 ans
pour se quitter presque aussitôt ?
Ce court texte est théâtral.
Manque le vouvoiement pour être chez Duras.
Elle et lui s'interrogent, se répondent.
La légèreté ne trouve pas sa place dans ce dialogue .
Ils n'en n'ont plus le temps.
Chaque mot est choisi dans l'urgence.
Retricoter le passé où il manque bien des mailles.
Vivre ce présent étrange et fragile
entre un passé troué et
des lendemains plus qu' hypothétiques .

Belle écriture mauvignière saisissante.

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N°1743 – Mai 2023

Le lienLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

J'apprécie le style de Laurent Mauvignier et le lire est toujours un plaisir.
C'est un dialogue entre « Elle » et « Lui », une manière de faire le point sur leurs relations au cours de leur vie. Lui est parti il y a trente ans photographier le monde et user de sa liberté et elle est restée dans la chambre, leur chambre, de cette maison isolée dans la campagne, avec sa crainte du danger et seulement des courriers pour l'apaiser. Il s'aimaient sans doute au début mais le fait de passer leur vie ensemble, de voir ce lien originel se détendre et s'altérer en même temps que les forces de leur corps, les a découragés. Constater que partager le même quotidien routinier pendant des années révèle plus que tous les grands discours les failles et les faiblesses de l'autre, son vrai visage, au point qu'on finit par se dire qu'on s'est trompé… c'est une réalité à laquelle ils ont choisi d'échapper ! Il est parti pour ne pas passer à côté de sa vie, pour ne pas avoir, en fin de parcours, à se dire qu'il n'a pas tenté de faire ce qu'il voulait réellement réaliser, pour n'avoir pas de regrets. Et elle l'a regardé s'éloigner par manque de courage ou peut-être pour jouer, avec une certaine vanité, le rôle de celle qui attend, la victime passive ou la gardienne orgueilleuse des lieux ? Il l'a quittée parce qu'il s'ennuyait, par crainte de l'usure du couple qui s'ouvre souvent sur l'indifférence voire la haine, la séparation, mais cette longue absence ressemble aussi à une fuite. Il lui envoyait ses carnets de voyage et ses clichés et elle les archivait, mais la maladie qui l'assaille et la mort qui s'annonce lui interdisent désormais ce travail et c'est pour cela qu'il revient. Il veut réaliser avec elle un livre sur ses errances, des images et des mots quasi clandestins qui voudraient changer un monde immuable dans ses violences et ses injustices.
A-t-elle accepté cette situation, ce quasi veuvage, cette solitude par amour ou parce qu'elle ne pouvait pas faire autrement? Ça n'a pas été ni pour l'un ni pour l'autre une période chaste, « il faut bien que le corps exulte » dit la chanson, il y a eu des moments de rapides étreintes avec d'autres partenaires où on ne recherche que le plaisir au détriment du bonheur et évidemment de l'amour, et lui y a même ajouté quelques litres d'alcool parce que cela collait bien avec son personnage d'aventurier. Elle a accepté de passer pour une marginale, une séductrice, un briseuse de ménages et a assumé cette image dans cette contrée perdue. Ils auraient pu faire un enfant qui est aussi un gage d'amour pour conforter ce lien entre eux, mais ils s'en sont dispensés, peut-être par sécurité. Il est certes parti au loin mais a emporté avec lui les senteurs et les couleurs du jardin, la chaleur de la pierre et, bien sûr, son visage à elle, mais il parti quand même et dans un geste égoïste où j'ai du mal à voir de l'amour pour elle. Il revient parce qu'elle est malade et qu'elle va mourir c'est à dire qu'il veut garder d'elle une dernière image. Tous les deux ont choisi leur vie, leur recherche d'une forme de bonheur, l'un sans l'autre, avec cette sorte d'assurance de pouvoir se retrouver ensemble si son entreprise était par trop altérée par les découragements et les échecs. Pendant ces retrouvailles qui seront sans doute courtes, ils égrènent les bonnes raisons d'avoir agit ainsi, un peu comme pour se justifier l'un l'autre, comme une confession qui n'exclut évidemment pas la culpabilité. Mais quand même, trente ans ça fait long ! Il a beau dire qu'il ne l'a jamais oubliée, que c'était elle qu'il retrouvait dans le visage des autres femmes, ça me paraît un peu artificiel ! A la fin, elle prétend être heureuse parce qu'elle va mourir c'est à dire qu'elle va enfin être libérée de ses remords, de ce sentiment de gâchis, de ces déceptions, de ces moments de solitudes et de craintes accumulés pendant ses trente années, c'est vraiment tout ce qui lui reste.
Je n'ai peut-être rien compris mais j'ai lu dans ce dialogue deux formes de déréliction, d'échec, deux évidences face à la vie qui est unique et qu'on choisit.

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Laurent Mauvignier utilise un langage dramatique et pourtant il ne présente pas ce texte très court comme une pièce de théâtre (il n'y a aucune didascalies) ni comme un roman. Il s'agit plutôt d'un dialogue entre un homme et une femme qui peut aisément se mettre en scène.
"Le lien" me fait penser au Nouveau roman avec la mention systématique des personnages ELLE et LUI avant chaque prise de parole.
Ils se parlent de leur amour et on comprend assez vite que la femme est malade. La mort approchant, ils vont justifier ensemble le lien qui les unit. Et ce n'est pas seulement le lien du mariage car il y est question du manque, de la douleur que suscite l'absence de l'être aimé. Il est parti il y a 30 ans pour parcourir le monde avec son appareil photo en bandoulière.
Maintenant, il est revenu et c'est ce qui compte pour elle qui va bientôt partir à son tour.
Et puis il y a l'attachement à la maison, la façon d'évoquer la relation amoureuse et le poids du passé qui me font penser à Marguerite Duras mais avec une pointe de tristesse en plus.

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Texte court de Laurence Mauvignier qui creuse encore les ressorts de la relation amoureuse. Une homme (Lui), une femme (Elle) qui se retrouvent et essaient de comprendre, dans un dialogue profond, pourquoi ils se sont séparés (Lui est parti photographier le monde) puis retrouvés. Mauvignier cherche la nature ce lien, dépendance, souffrance, violence, amour, corps, écriture, mots, regards. Et produit un texte délicat et fort.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais, j'aurais voulu savoir te raconter la couleur et le grain qui agite l'océan au moment du coucher, avec ce bruit si particulier du ressac, juste pour étonner ton regard... pour y surprendre cet étonnement que je crois ne lui avoir jamais vu...
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Elle, déjà, que j'ai aimée en toi et que j'ai reconnue plus tard, à travers les visages que j'ai photographiés, dans les mines défaites, croisées dans la poussière de ces routes qui poussaient toutes seules, sous les pieds des milliers de gens qui les faisaient sortir de terre en écrasant des pousses rachitiques de maïs ou de blé.
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- Que veux tu savoir ?
- L'ennui.... ou même, la peur de l'ennui ? Ce que tu redoutais pour nous, qu'est-ce que c'était ? Que tout s'écroue petit à petit? Que , quoi, les choses s'affadissent et finissent comme on les a vues tant de fois chez les autres?... Avec tellement d'habitudes dans le regard que c'est à peine s'ils avaient le courage de voir leur vie s'enfoncer chaque jour un peu plus dans l'indifférence ou la haine ? Nous aussi, nous avons eu peur de ça....
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Mais il était si tard quand je me suis rendu compte que comprendre était pire qu'accepter.
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- (...) De quoi aurais-je bien pu avoir peur ? .... Ici les mouches finissent agglutinées sur le rouleau collant au dessus de la table de la cuisine....
- Vieillir ne t'a pas fait peur non plus ?
- Chaque année venait pour me soulager de la précédente. Toi, il a fallu que tu partes à cause de cette peur que tu avais de ne pas être libre et utile .....Tu as tellement lutté pour dépasser cet effroi...
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Videos de Laurent Mauvignier (52) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurent Mauvignier
Place au théâtre dans le débat, nos critiques passent en revue la réinterprétation de "L'opéra de quat'sous" par Thomas Ostermeier et la première mise en scène de Laurent Mauvignier, d'après son texte "Proches".
#théâtre #critique #culture ________________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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