Les descriptions sont bien là, que je retrouve avec plaisir dans ce second volume de la trilogie Ecossaise. Vivantes, présentes. On ressent les paysages, les climats avec intensité.
La psychologie des personnages est fouillée, authentique.
Pas de contours alambiqués, tout est direct, à l'image de la vie dans les îles sauvages de l'Ouest de l'Ecosse : Eriskay, Barra, North Uist, South Uist, Ensay, Killegray, Langaigh, Grodhaigh, Benbecula, Lewis, Harris.
Les descriptions sont poignantes de réalisme.
Un personnage sort du lot: Tormod - un prénom gaélique - frappé par la maladie d'Alzheimer, qui pourtant réagit à sa façon aux rebondissements de l'avancée de l'enquête. Un personnage qui m'aura été particulièrement sympathique…
Un personnage encore : La Tourbe.
Connaissez-vous la tourbe ? Cette matière végétale en cours de minéralisation, gorgée d'eau et qui fera pourtant un combustible gratuit dans les cheminées des black houses et des white houses des îles.
Avez-vous déjà senti cette odeur caractéristique du feu de tourbe ?
Lorsque je la sens – et dans les romans de
Peter May nous la sentons vraiment - je replonge immédiatement dans ces pubs ou dans ces foyers où j'ai pu loger dans l'Ecosse du dernier tiers du XX° siècle.
Quelque chose qui disparait aujourd'hui.
Je vais vous avouer un truc : Certains fument des choses plus ou moins étranges. Moi aussi. de temps en temps j'allume dans mon atelier un petit bout de tourbe bien sèche que j'ai rapportée de mes voyages, juste pour me laisser envahir par mes souvenirs. Et ça marche très bien. Comme une madeleine à l'odeur de Whisky tourbé.
Tiens, en parlant de whisky, je vais vous avouer encore un truc : Comme un écossais de l'Est, je ne suis pas trop emballé par les whiskies fumés, voire tourbés.
Mais une discussion récente avec
Donald Mackenzie, un fin connaisseur d'Islay, m'a fait bien comprendre ce qu'évoquait pour les écossais des îles de l'Ouest, l'arome du fumé et du tourbé :
Lorsque les pêches ou les récoltes de céréales étaient très abondantes, avant que le blé ne moisisse à cause de la pluie, la conservation était assurée par le fumage et, plus précisément, dans l'Ouest, par le tourbage.
Ce fumet est pour eux le signe de l'opulence, du confort, de la certitude de manger à sa faim.
Une madeleine de
Proust à l'échelle d'un peuple.
Alors, par affinité, le tourbé – à peine tout de même – m'est devenu…confortable.
Bon. Ça suffit. Revenons à la tourbe. C'est elle qui a conservé en son épaisseur le corps d'un jeune homme que l'on découvre une cinquantaine d'années après son meurtre et qui ouvre le ban de cette nouvelle enquête de Fin
Macleod.
Outre le crime à élucider, un thème torture le livre : ce placement des « homers ». Des enfants britanniques, orphelins ou simplement abandonnés qui étaient placés par les prêtres dans des familles de ces îles. Sorte d'esclaves nourris et logés en échange de travaux dans les fermes.
La souffrance de ces enfants perdus nourri l'arrière plan de ce roman si évocateur qui se lit à une vitesse folle.
J'ai été emballé..