L'histoire, donc, de ce premier tome est simple, simplissime même: à travers les pérégrinations de Pat, personnage principal, on assiste à un chassé-croisé de certains habitants de l'immeuble, sis 44 Scotland Street, Édimbourg. A vrai dire, je serais directe, j'avoue que je n'ai pas été convaincue ni par les personnages et leurs interactions, ni par la trame du récit en arrière plan. Et cela même si je me suis effectivement plongée sans problème dans l'histoire, car elle n'est ni difficile ni ennuyante à suivre, mais tristement banale et plate. Pat pense découvrir une oeuvre originale d'un célèbre peinte écossais, l'enjeu sera de savoir s'il s'agit effectivement d'une peinture authentique ou non. L'auteur laisse cette question en suspend tout le long du roman, laquelle par ailleurs trouvera sa réponse en toute fin du livre. Mais ce récit est, à mon point de vue, totalement désservie par la fadeur et la superficialité des personnages, sans parler de la platitude de leur psychologie. le personnage de Pat, totalement creux, n'a su réveiller ni ma sympathie, ni mon antipathie, tout au plus quelques pointes d'agacement. Ce qui me vient en premier lieu c'est sa rencontre avec Bruce qui se fait sous le signe du dédain, aussi bien d'un côté comme de l'autre, et c'est cent pages plus tard qu'elle en tombe amoureuse (!) pour finir par s'apercevoir, encore cent autres pages plus tard, que finalement, non, après tout, il n'est pas si bien que cela (!!). Je veux bien me dire que les certaines personnes peuvent être extrêmement versatiles dans leurs relations amoureuses mais qu'un garçon dont elle se rend clairement compte qu'il est totalement imbu de lui-même et, qui plus est, paraît complètement inintéressant puisse finalement être l'objet de son amour m'a paru très peu crédible. Cette relation aurait méritée d'être plus travaillée ou tout du moins la psychologie de Pat, afin de mieux percevoir et comprendre les éléments de son double volte-face. Bruce, quant à lui, reste le garçon superficiel, idiot même, constamment décrit comme tel tout au long de la narration. Je dirais, ironiquement, qu'au moins, cela évite d'avoir à creuser ce personnage-ci. Mathew, le propriétaire de la galerie, restera ce garçon fade, gentil, lisse sans vraiment aucune personnalité propre. Domenica, la voisine de pallier riche et sympathique, reste à mes yeux le personnage le plus réussi car elle amène un brun de folie et de fraîcheur. Malheureusement, encore une fois, je déplore qu'elle n'apparaisse que ponctuellement et que son personnage manque également de consistance. Globalement, à mon sens, tout manque de nuance: les éléments narratifs, les personnages, les descriptions ne sont que survolés. J'aurais vraiment aimé une approche plus en détail d'Édimbourg, une immersion réelle dans le concret mais, malheureusement, cela n'a pas été traité autant que l'on aurait souhaité. Certains éléments narratifs pêchent également par manque de cohérence: quid de l'importance des deux colocataires de Bruce et Pat, qui n'apparaissent jamais?
Mais tout n'est pas si noir que cela: le récit fait parfois preuve d'une dimension corrosive qui n'est pas sans saveur. Je pense en particulier à la critique sous-jacente qui est faite de la psychanalyse à travers le personnage d'Irene et son approche de l'éducation, quelque peu particulière, de son fils Bertie. Qui plus est, les scènes de thérapie auprès du Dr Fairbairn, véritable imposteur en puissance, en deviennent cocasses tant l'écart entre le ridicule de la situation (thérapie d'un enfant de 5 ans) et le sérieux du Dr (qui tente de trouver une explication grotesque – et faussement psychanalytique – à l'intérêt de Bertie pour les ours et les trains) est grand. Enfin, La critique sous-jacente des Tories, parti conservateur, est tout aussi délectable, comme le démontre la scène du bal (extrait ci-dessous) à laquelle participe seulement les organisateurs et leurs quatre invités, qui est totalement ubuesque.
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