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sur 612 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une chronique de Seb, à retrouver sur Aire(s) Libre(s).
« Il marmonna quelque chose à part lui et s'en alla. Je restais couché là, songeant au coucher du soleil, essayant de me rappeler les couleurs. Je ne parle pas du rouge, je veux dire les autres teintes. À une ou deux reprises, je crus bien me les rappeler. C'était comme un nom qu'on aurait su, mais qu'on aurait oublié, dont on se rappellerait la longueur, les lettres et le rythme, sans pouvoir assembler le tout dans l'ordre exact. »

L'histoire. Avant la seconde guerre mondiale. Deux jeunes, Gloria et Robert, triment à Hollywood de figuration en figuration. Désespérés, ils décident de participer dans un des nombreux marathons de danse qui festonnent les comtés de Californie. le couple gagnant, celui qui restera à la fin, empochera mille dollars, une sacrée somme pour l'époque. Lorsque le roman débute, l'épreuve a débuté depuis 216 heures et il reste 83 couples en course.
Ce roman est le plus connu d'Horace McCoy, à cause de la puissance de la trame qui nécessite de l'endurance et dont le fonctionnement génère un grand suspense. Sans doute aussi que le film qu'en a tiré Sidney Pollack n'y est pas pour rien.
Horace McCoy est l'archétype de l'écrivain maudit des années de la grande dépression. Indépendant, rebelle et caustique, il a toujours moqué le discours officiel du « rêve américain » et a levé dans ses romans, le voile sur l'envers du décor, sale et glauque, corrompu et puritain. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'il ait été mis au ban.

Dans ce roman noir épuré (peut-être que la traduction de monsieur Duhamel ne rend pas entièrement justice au texte d'origine, on sait qu'à l'époque, à la Série Noire, on n'hésitait pas à couper dans le vif pour des questions de format et de délais), je disais donc que dans ce roman épuré, d'aucuns diraient « à l'os », on y retrouve condensées toutes les obsessions de l'auteur.
La suite :

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Un vrai livre coup de poing, on est vraiment sonné quand on referme ce livre. Désespoir, cynisme, des humains qui n'ont plus rien d'humain, qui poussent à l'extrême leurs limites pour s'en sortir (avoir à manger, rencontrer des sponsors ou même des gens du spectacle ). Un univers sans espoir, triste, lugubre, sans lumière (voir le soleil !) Mais qui tient en haleine tout le long de ces 210 pages.
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Ce roman parle d'un concours de danse, qui était organisé dans les années 30. Il s'agit de danser le plus longtemps possible en cours sur une piste de danse. Ça peut être drôle au premier abord, mais il s'agit en réalité d'un véritable cauchemar en réalité.

Ces concours ont vraiment eu lieu et étaient prisés après la crise de 1929. Beaucoup de personnes y participaient pour gagner la timbale, le premier prix, qui dans le roman est de 1 000 petits dollars.

Donc, ce marathon consiste donc à danser, donc à bouger pendant des heures et des heures, des jours et des jours aussi. La nourriture ou la sieste est possible mais sur des temps très courts. Dormir, les participants en rêvent mais ce n'est pas possible sous peine de disqualification. Un véritable cauchemar, car certaines personnes sont mortes de fatigue, du simple fait d'avoir participé à ce concours, tout ça sous les yeux de spectateurs avides de voir ces gens-là s'effondrer un à un.

L'auteur nous amène donc dans ce concours avec 2 personnages un peu pommés, qui rêvent de se faire une place dans le monde du cinéma. Ils ne se connaissent pas au départ et vont finir par se connaître en échangeant l'un avec l'autre. On s'attache donc à eux et le marathon prend une toute autre tournure, on a envie qu'ils gagnent.

L'auteur arrive tellement à nous prendre au jeu qu'on subit nous aussi en tant que lecteur, la souffrance, et la longueur de ce marathon. On souffre donc, avec tous les détails qui ne nous sont pas épargnés. le roman est court mais malgré tout, la lecture est une épreuve, car on participe par procuration à ces souffrances.

Ce fut donc une excellente découverte car je ne connaissais pas ces marathons. Comment des gens ont pu organiser de type d'évènements, tout en sachant les drames qu'il y a eu ? C'est ignoble.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Je connaissais le titre, sans connaître le sujet.
Et je n'ai jamais vu le film éponyme.
Je me suis lancé avec plaisir dans cette lecture.
Ces marathons sont des fruits surprenants de la crise économique de l'époque.
Une exploitation de la misère, offerte en pâture au public, avec force justifications bienveillantes (on peut tous trouver des similitudes avec notre époque)
J'apprécie aussi le rythme, rapide, c'est le premier livre que je lis de cet auteur, je vais approfondir
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« Rien de nouveau sous le soleil », c'est à cette expression de l'Ecclésiaste que m'a fait songer le roman d'Horace McCoy paru en 1935 et porté à l'écran en 1969 par Sidney Pollack. « On achève bien les chevaux » frappe en effet par une forme de modernité étonnante, tant les thèmes abordés sont encore et toujours d'actualité : dénonciation de l'avidité sans limites d'un capitalisme dénué de scrupules, mise à nu de l'hypocrisie d'une société protestante qui défend des valeurs morales qu'elle n'a de cesse de bafouer.

Si les thèmes abordés n'ont pas pris une ride, la structure romanesque est également résolument moderne. le roman commence en effet par la fin, c'est-à-dire le jugement pour homicide volontaire de Robert Syberten, accusé d'avoir assassiné Gloria Bettie. le narrateur, qui est également l'accusé, nous conte dans un récit en forme de long « flash-back » les événements qui ont conduit au dénouement tragique dévoilé dès la première page. Horace McCoy insère habilement entre chaque chapitre quelques phrases révélant progressivement le verdict que la cour est en train de prononcer à l'encontre du narrateur.

Hollywood avant la seconde guerre mondiale. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Tous deux sont figurants au cinéma et ont vu leurs rêves de grandeur se fracasser contre le réel. Désoeuvrés et à court de billets verts, ils s'inscrivent à un « marathon de danse » qui promet mille dollars de récompense au duo vainqueur et offre l'occasion de se faire remarquer par un producteur présent dans le public des soirées orchestrées pour l'occasion.

Cent quarante-quatre couples sont inscrits au marathon de danse qui consiste à danser pendant une heure cinquante avant de profiter d'une pause de dix minutes puis de recommencer, sous la supervision d'un maître de cérémonie, de plusieurs arbitres et d'un médecin. Pour pimenter l'affaire, les organisateurs ont choisi d'ajouter les fameux « derbys », où les couples doivent courir de concert sur une piste, tels des chevaux réincarnés dans des corps humains. L'objet de cette épreuve à la cruauté indicible est d'éliminer, soir après soir, le dernier couple arrivé.

Écrit après la grande dépression de 1929, « On achève bien les chevaux » est une fable cruelle qui met à nu l'envers du rêve américain. Noir comme l'ébène, ce classique de la littérature américaine suinte le désespoir de ses protagonistes prêts à vendre leur âme dans l'espoir de remporter les mille dollars promis au couple vainqueur. Les pauvres bougres signent ainsi un pacte faustien d'un nouveau genre, qui les conduit à échanger leur dignité contre le mince espoir d'une improbable victoire.

« - le deuxième couple à être patronné, dit Rocky, c'est le n° 34, Pedro Ortega et Lilian Bacon. Ils sont patronnés par le Garage Speedway. Et maintenant, un petit bravo pour le garage Speedway, qui est situé au n° 1134 du boulevard Santa Monica. »

Les organisateurs ont pensé à tout et ont notamment organisé un système de sponsoring à la modernité étonnante, qui permet à un garage ou à un institut de beauté local de « patronner » un couple en lice, s'offrant ainsi, à moindre coût, une publicité percutante.

« - C'est en général ce qui se passe avec les filles des gens qui veulent réformer les autres, poursuivit Gloria. Tôt ou tard elles y passent toutes et elles ne sont pas assez dessalées pour éviter de se faire coller un gosse. Vous les chassez de chez vous avec vos maudits sermons sur la vertu et la pureté, et vous êtes trop occupées à fouiner dans les affaires des autres pour leur apprendre les choses qu'elles devraient connaître. »

C'est ainsi que Gloria, qui n'a pas sa langue dans sa poche, tance les représentantes de la Ligue des mères pour le relèvement de la moralité publique, qui se font fort de tenter d'interdire la poursuite du marathon de danse. À travers cette saillie haute en couleur, c'est toute l'hypocrisie d'une société qui prêche sans relâche une vertu sans cesse dévoyée, que dénonce Horace McCoy avec une vigueur étonnante.

« On achève bien les chevaux » est un petit bijou intemporel, qui prend la forme d'une fable aussi noire que désespérée. Horace McCoy ne se contente pas de dénoncer la soif inextinguible de profit et l'hypocrisie effrontée d'un « rêve » américain aux allures de cauchemar. le caractère inexplicable du meurtre absurde de Gloria Bettie préfigure en effet le désespoir qui hante « L'Étranger », le chef-d'oeuvre existentialiste d'Albert Camus, qui paraîtra sept ans plus tard.

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The World greatest dance marathon

Danser...
Danser jusqu'à l'épuisement...
Danser jusqu'au bout... Jusqu'à la mort.
Voilà l'histoire de Gloria et Robert, deux acteurs de complément, deux "figurants atmosphériques", bien en peine de décrocher un petit contrat, parce que tant qu'on est pas engagé par "Central", la boîte qui fournit les figurants...
Alors, à défaut de contrat, ils participent au marathon de danse. Un "danse avec les stars" bien avant l'heure, prémices de la future télé réalité.
L'écriture de Horace Mac Coy est concise, précise, ciselée comme Hemingway auquel il a souvent été comparé.
Quand on pense à des auteurs ayant écrit la grande dépression aux USA de 1929, le premier qui me vient est à l'esprit est le maître presque incontesté, John Steinbeck évidemment avec "Les raisins de la colère" mais Horace Mac Coy mérite tout autant de figurer parmi les auteurs remarquables ayant décrit cette période, chacuns à leur façon.

Que ce roman est noir, magnifiquement noir.
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Au milieu des années 30, durant la Grande Dépression, Robert Syberten qui se rêve en metteur en scène de génie et Gloria Beattie qui aspire à une carrière de comédienne star font connaissance devant des studios à Hollywood. Ils associent leur solitude et leur désarroi pour devenir partenaires lors d'un marathon de danse, spectacle à la mode à cette époque.
Pendant plus d'un mois, à raison d'une pause de dix minutes toutes les deux heures, au milieu d'un public où se pressent producteurs, réalisateurs, jeunes premiers et starlettes, en compagnie d'autres couples qui trouvent là une possibilité d'obtenir un repas chaud par jour et un toit pour se mettre à l'abri et rêvent, tout comme eux, de décrocher les mille dollars promis aux vainqueurs, Robert et Gloria vont tourner, tourner, tourner autour de la piste, sous l'oeil vigilant de Rollo Peters, l'arbitre chargé de faire respecter le règlement, encouragés par Rocky Gravo, le maître de cérémonies, qui, au micro, présente les personnalités et remercie les sponsors, pendant que Vincent "Socks" Donald, l'organisateur compte la recette du jour.
Au fil des heures, des jours et des semaines qui passent, harassés de fatigue, perclus de douleurs physiques et mentales, luttant contre le sommeil et pour ne pas être éliminés lors des derbies, Robert et Gloria se retrouvent face au désespoir de leur vie et tout peut arriver, surtout le pire.

Les lecteurs français découvrent Horace Mac Coy dans l'immédiat après-guerre en 1946 quand les Editions Gallimard publient dans deux collections différentes les deux premiers romans, écrits une dizaine d'années plus tôt par celui qui est alors comparé à Steinbeck et à Hemingway dans notre pays alors qu'il a du mal à se faire éditer dans son propre pays outre-Atlantique.
Le second s'intitule "Un linceul n'a pas de poches", le premier a pour titre "On achève bien les chevaux". Même s'il n'avait dû écrire que ces deux romans, cela aurait suffit à faire d'Horace Mac Coy un auteur qui compte dans le genre du roman noir.
Avec "On achève bien les chevaux" le romancier nous plonge dans la Grande Dépression des années 30 aux Etats-Unis et dans la misère noire qui en résulte et dont souffre des millions de gens qui tentent de survivre comme ils le peuvent. Il y développe une critique acerbe de la société américaine dans ce qu'elle a de plus vil et de plus dégradant. Si l'héroïne, désespérée et suicidaire, essaye de voir dans le spectacle avilissant du marathon de dans une double opportunité, celle d'obtenir repas et lits gratuits tout le long du concours mais aussi la possibilité de taper dans l'oeil d'un producteur pour réaliser son rêve hollywoodien, rêve qui s'est depuis longtemps transformé en cauchemar et l'(a rendue aigrie et jalouse, le marathon n'est en fait qu'un retour au jeux du cirque à Rome et une préfiguration de ce que sera la télévision avec ses reality shows indignes à partir des années 2000, un lieu de voyeurisme et de populisme avec les "cot nights", cette zone où dormaient les participants abrutis d'épuisement et qui restaient à la vue du public comme aujourd'hui la chambre et la salle de bain 24h/24 sous l'oeil des caméras violeuses des derniers lieux d'intimité. Comme à Rome et dans les émissions de téléréalité, les organisateur de se spectacle cruel s'appuient sur la misère des participants mais aussi sur une certaine misère intellectuelle du public qui se réjouit d'assister à un spectacle humiliant et méprisable pour oublier sa propre détresse et se console de ne pas avoir à vivre ces marathons pour trouver dans la vision de l'infortune des autres une façon de mieux supporter la dureté de la vie. Il est aisé d'imaginer un dialogue de ce genre entre deux spectateurs :
- Vous ici ?
- Evidemment, je viens ici tous les soirs ou presque.
- Moi je trouve ça épouvantable !
- Oui c'est totalement révoltant, je le sais bien, mais je ne peux pas m'en passer.
- Moi non plus !
Face à ce spectacle ignoble, nous pourrions penser que l'auteur défendrait les ligue de vertu et de morale qui ont tenté de faire interdire ce genre de manifestation. Mais pas du tout, Mac Coy renvoie dos à dos les deux parties. Aux accusations de la Ligue des mères pour le relèvement de la moralité publique qui juge, à juste titre, que le marathon est une "chose vile et dégradante" avec "une influence pernicieuse sur la jeunesse", qu'il pervertit une institution aussi noble que le mariage pour le transformer en spectacle et que c'est finalement un repère de la pègre, l'auteur, par la voix de Gloria, oppose le constat selon lequel ces ligues sont pleines de grenouilles de bénitiers qui ne supportent pas que les autres s'amusent et passent du bon temps (tient on croirait entendre les islamistes...) et condamne vertement l'hypocrisie et la corruption de ces mêmes ligues.
Cette critique sociale se double d'une réflexion sur l'absurdité de la condition humaine que le film éponyme de Sidney Pollack réalisé en 1969 avec Jane Fonda et Michael Sarrazin met particulièrement en valeur.
Un roman noir magistralement écrit désespéré et désespérant.
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Probablement l'un des livres les plus marquants que j'ai lu.
Il départ une réalité choquant marquante. on ne peut que se mettre à la place des personnages prêt à tout pour se sortir de leurs misère.
Un livre court mais qui saisit aux tripes.
Efficace et beau tout simplement.
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On achève bien les chevaux
Horace McCoy (1935)

"Durant la première semaine, il fallait danser. Mais après c'était inutile. On nous demandait seulement de rester continuellement en mouvement .."

Ben oui, fatalement les premiers signes de fatigue apparaissaient, et c'eût été inhumain de leur imposer plus avant ces figures ! Les couples devaient commencer à se décoller, on ne jouait plus collé serré, tout commençait à dépendre de pour qui était la fête ..

Moi, je trouve ça très moderne, j'ai même l'impression qu'on passe d'Horace à Jupiter : "C'est quand Jupiter fait gronder la foudre que nous croyons qu'il règne dans les cieux"

Merci Horace d'avoir dit si bien hier ce que je ressens aujourd'hui. Oh bien sûr nous ne sommes pas à Hollywood, le trouble est moins éclatant, mais pour ce qui est de nous prendre pour des imbéciles, la comparaison n'en est pas moins vraie.

La partition se joue désormais sur du velours, le raffinement est d'une sublimation absolue : ORPEA EST CONVOQUE PAR LA MINISTRE, l'ars aussi.. Tiens, ça me rappelle une chanson ! Nous sommes certains à n'avoir plus qu'un oeil, mais pour la musique, vous pouvez mettre le son plus fort, le chef est occupé !..
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Le rêve hollywoodien...c'est ce qui a amené Gloria depuis le Texas et Robert qui débarque de l'Arkansas à se rencontrer un beau matin aux abords des studios de cinéma où ils espèrent décrocher le graal : un rôle dans une des productions du moment. Nous sommes au début des années 30, l'Amérique peine à se relever de la crise, et nombre de jeunes gens sont prêts à tout pour ramasser un peu d'argent, ou être repéré par un recruteur. Ce qui va amener nos deux héros à s'inscrire à un marathon de danse, où ils seront assurés de la nourriture, de quelques vêtements (et chaussures, indispensables !), et d'un abri pour le temps qu'ils tiendront le rythme. Par contre, pour ce qui est du sommeil, il sera très rationné, à peine 10 minutes par tranches de deux heures. Et encore, pendant ce laps de temps il faut également se nourrir, se laver, se faire soigner quand nécessaire et satisfaire ses besoins essentiels, autant dire qu'on est loin du baloche à Lucien ! Mais il y a mille dollars à la clé pour les vainqueurs, une somme suffisamment conséquente pour attirer de nombreux couples de crève-la-faim. Et des professionnels, aussi, qui enchaînent ces compétitions et laissent peu de chances aux amateurs. Ici ils sont représentés par James et Ruby, qui vont devenir assez proches De Robert et Gloria. Ruby est enceinte de cinq mois...

Pour corser un peu la chose, et attirer des sponsors et du public payant, les organisateurs ont pensé à tout : coin buvette, évènements spéciaux célébrés à grand renfort de pub, ou encore les derbies, des courses éreintantes à l'issue desquelles le couple arrivant dernier est éliminé. Bien sûr, certaines associations ou ligues de vertu s'émeuvent de cette exploitation de la misère humaine, mais difficile d'avoir gain de cause quand ce genre de spectacle rapporte tant. (D'ailleurs, les choses n'ont pas beaucoup changé sur le fond, de nos jours nombre d'émissions de téléréalité ou de "jeux" fonctionnent encore sur le principe de l'élimination par vote ou abandon ou de l'humiliation des candidats pour faire du buzz. Et ça ne choque pas grand monde. C'était mon petit coup de gueule, fin de l'aparté)

Nous suivons donc parallèlement le couple dans l'épreuve du marathon, sur plusieurs semaines, leurs interactions avec d'autres concurrents, les organisateurs, les sponsors et les dames de "la Ligue des Mères pour le relèvement de la moralité publique", ouf ! Et le jugement rendu dans le procès pour le meurtre de Gloria, retranscrit sous formes de fragments de phrases en guise de tête de chapitres. Pas de suspense, nous savons dès le début qu'elle est morte, et d'ailleurs tout le long du récit elle aspire à cette issue, communiquant au lecteur son spleen et son "anti-joie de vivre".
Si vous avez envie d'une lecture joyeuse, allez voir ailleurs, vous êtes prévenus. Et ne regardez pas non plus le film inspiré du roman et réalisé par Sidney Pollack en 1969, avec Jane Fonda et Michael Sarrazin, même s'il n'est pas exactement fidèle au roman, il risque de vous flanquer par terre, et vous seriez éliminé du marathon !

Je recherchais ce livre depuis longtemps, ayant justement été très impressionnée par le film (vu dans les années 70), et j'ai enfin réussi à me le procurer via une des bibliothèques que je fréquente. J'avais donc très peur d'être déçue, comme parfois lorsqu'on fonde trop d'espérances sur quelque chose de très attendu. Mais l'alchimie s'est produite, ce roman a été à la hauteur de ce que j'en espérais, et malgré sa brièveté (moins de 200 pages) il ne m'a rien manqué. le style est assez sec, pas d'étalage inutile, et du coup c'est très efficace, percutant. On se le prend en pleine tronche, et on reste pantois. J'ai d'ailleurs mis trois semaines à en rédiger la critique, il me fallait un certain recul pour ordonner mes idées, comme chaque fois qu'un livre me marque émotionnellement. D'autant plus que je savais que ces marathons ont réellement existé, et qu'il ne s'agit pas totalement d'une fiction. Je n'ai pas ressenti d'empathie pour Gloria, mais j'ai compati avec Robert. Et je me suis demandée quand un producteur aura l'idée de ressusciter l'idée d'un marathon de danse, histoire d'émoustiller le public d'une chaîne payante...
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