Si j'ai découvert la plume de
Sarah McCoy avec
le souffle des feuilles et des promesses,
Un goût de cannelle et d'espoir est son premier roman paru que j'ai exhumé de ma pharaonique PAL.
Avec près de 250 avis sur Babelio, je doute de grandement innover dans les arguments énoncés par les uns et les autres. Par contre, je ne partage pas le nombre important d'opinions dithyrambiques car si ce roman se laisse lire, il est loin de remplir la promesse de la 4ème couv'!
D'une manière générale, la construction du roman est devenue un classique du genre, dans un duel entre présent et passé, dans une rencontre de deux histoires distinctes ou quand les leçons de l'Histoire apportent un regard éclairé sur les soucis existentiels de la jeune génération.
Premier bémol, le personnage de Reba m'est apparu fade et sans consistance, ainsi que son histoire familiale et sa frilosité à s'engager dans une vie couple. Peu d'émotions suscitées et je n'ai pas compris l'intérêt de renseigner un contexte de vie à la frontière mexicaine, avec le problème de l'immigration clandestine. Choix maladroit ou parallèle obscur avec les drames de la Seconde Guerre Mondiale, je ne sais.
Si l'histoire contemporaine de Reba m'a laissée totalement insensible, je nourrissais plus d'espoir pour le destin d'Elsie. Et c'était bien parti, avec le quotidien de la famille Schmidt, investie raisonnablement dans la cause nazie, bénéficiant des largesses des SS pour continuer à faire tourner leur boulangerie-pâtisserie, avec une fille engagée dans un Lebensborn, une autre dont le prétendant est un militaire gradé, un père citant sans rechigner les préceptes d'Hitler.
Nous sommes en 1944, le blason nazi commence sérieusement à se ternir et l'appel au secours de ce petit garçon à la voix d'ange, Tobias, un juif, promettait quelques remous.
Mais, à un moment donné, l'auteur a cassé la dynamique installée.
Le petit Tobias disparaît et silence radio pendant 60 ans. Elsie ne semble pas avoir fait l'effort de rechercher ce petit garçon ni même avoir eu la curiosité de savoir ce qu'il était devenu.
Elsie émigre aux États-Unis avec un personnage dont on ne sait rien ou si peu. Est-elle partie par amour ou pour fuir son pays dévasté?
Le lecteur se retrouve face à une vieille dame guillerette, passionnée par sa boutique et ses recettes de pâtisseries mais aucun éclairage sur les séquelles dont elle aurait souffert, aucune réflexion sur la séparation d'avec sa famille, sur le fait d'avoir quitté son pays et aucun regard rétro-actif sur ce qu'elle a vécu durant la guerre.
Pour ma part, c'est une incompréhension totale devant cette rupture dans le développement de l'histoire d'Elsie. Je ne m'explique pas ce retournement de situation et par conséquent, la fin de ma lecture a été bercée d'un terrible ennui.
Comme je le dis souvent, il ne suffit pas de lancer quelques pistes sur un pan de l'Histoire tel que la Seconde Guerre Mondiale pour captiver un lecteur. Rester en surface de son sujet n'apporte que frustration et ennui. C'est une déception car l'auteur n'a réellement pas creusé son sujet historique et c'est bien dommage car il y avait matière, entre l'engagement dans un Lebensborn, ou même le sentiment de culpabilité de Josef essayant de réparer sa faute, ou la manière dont cette famille a rebondi avec l'arrivée des soldats américains.
Étoffer un contexte historique est important mais il est nécessaire également de creuser la psyché de ses personnages pour capter l'intérêt du lecteur et personnellement, j'ai perdu Elsie en route et elle est devenue une étrangère au fil des pages.
Par contre, je suis gourmande et j'avoue que des grondements surgis du tréfonds de mon estomac ont accompagné ma lecture au gré des descriptions des recettes de pâtisseries, je sentais presque les odeurs de pain chaud et de cuisson et j'en salivais. Les pâtisseries allemandes, notamment celles que nous cuisinons pour les fêtes de fin d'année, sont un régal pour les papilles et le clin d'oeil du détail de certaines recettes à la fin du roman, vraiment sympa.
Alors autant j'avais adoré
le souffle des feuilles et des promesses, autant
Un goût de cannelle et d'espoir m'aura laissée insatisfaite. Il me reste donc à espérer que le troisième roman de
Sarah McCoy (le second dans l'ordre de parution),
Un parfum d'encre et de liberté arrivera à faire pencher la balance, d'un côté ou de l'autre...
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