Bien que je ne sois pas une férue de récits romanesques,
Colleen McCullough fait partie des rares auteurs dont j'avais apprécié les sagas sentimentales car elle y avait mêlé avec talent exotisme et aventure. Je me souviens bien sûr de son célèbre "
Les oiseaux se cachent pour mourir" qui avait marqué ma jeunesse. J'étais donc ravie de découvrir au fond de ma PAL ce pavé de presque 1000 pages dont le titre me promettait déjà le dépaysement.
Avec "
L'espoir est une terre lointaine",
Colleen McCullough nous transporte dans l'Angleterre du XVIIIe siècle. A travers le destin de
Richard Morgan (véritable aïeul de son mari), elle nous conte celui de centaines de prisonniers qui, faute de pouvoir être envoyés pour travailler dans les treize colonies d'Amérique qui s'étaient rebellées contre l'autorité, furent expédiés à l'autre bout du monde en Nouvelle-Angleterre (actuelle Australie). La justice anglaise faisait ainsi d'une pierre deux coups : elle se débarrassait d'une population nombreuse et peu reluisante et expérimentait aussi l'installation d'une nouvelle colonie dans un territoire récemment découvert. Comme elle était également sévère et subjective,
Richard Morgan, jeune veuf innocent victime d'un complot, fils de tavernier et armurier de métier, s'est retrouvé, condamné à sept ans d'exil, sur un ancien navire négrier pour une traversée de plus d'un an à destination de terres que l'on n'imaginait pas si hostiles. Construire une nouvelle nation si loin de tout s'avérera un travail dantesque.
On ne peut pas renier, à travers ce livre, le travail gigantesque de l'auteure, ni la perfection de son écriture qui passe avec talent de la poésie, pour décrire par exemple un superbe paysage, au plus sombre réalisme pour narrer la situation des forçats qui survivent, pour beaucoup, uniquement grâce à l'alcool distribué largement pour éviter toute mutinerie sur les navires. Tout y est méticuleusement détaillé, trop détaillé à mon goût. Certains passages, où l'auteure zappe totalement l'aspect romanesque, ressemblent plus à des extraits d'une encyclopédie historique, géographique, scientifique, voire même à un guide de survie en milieu hostile. Pour exemple, pages 647 à 649, dans la description de la scierie créée par Morgan sur l'île, chaque objet y est détaillé (bois, lames, scies, etc), s'ensuit une succession de mesures en pieds et en pouces franchement assommante.
J'ai été déroutée également par le nombre de personnages que l'on suit pendant toutes ces années, une véritable fourmilière où les individus portent souvent le même prénom et où je me suis perdue. Seul, telle une figure de proue, notre héros garde le cap contre vents et marées. Droit, juste, il résiste à toutes tentations. J'ai vraiment eu du mal à croire en ce personnage, comment expliquer d'ailleurs l'unique comportement de goujat qu'il a eu vis à vis de sa première femme épousée sur l'île ?
Pour moi, ce roman est devenu intéressant 200 pages avant la fin, au moment où l'auteure s'est penchée sur les conditions de vie de femmes. Peu nombreuses parmi les prisonniers, leur sort était encore moins enviable. Dans le pire des cas, elles étaient considérées comme des prostituées, dans le meilleur, elles étaient données à un homme pour le servir, lui faire des enfants et faire ainsi prospérer la colonie.
Si vous êtes intéressé par un véritable document historique d'une précision irréprochable, ce livre est fait pour vous. Contre toute attente, moi, je m'y suis franchement ennuyée car le côté descriptif est bien trop présent. Je n'accorde qu'un 7/20. Instructif mais indigeste !