Après le Cheval de Troie, je me suis plongée avec plaisir dans cette exhaustive saga romaine. Cela devait être un travail de longue haleine, de rassembler autant du matériel historique (je possède une édition avec les cartes et les illustrations faites par Colleen Mc Cullough elle-même) et de le présenter d'une façon si vivante. On suit l'ascension (et plus tard la chute) de Caius Marius, sept fois consul romain, son ami-ennemi Sulla, Jules Caesar et tous les autres qui avait participé de près ou de loin à la politique de Rome; c'est peut-être le seul point un peu négatif de la saga - beaucoup, beaucoup de politique ! Mais peu importe. Avec les personnages on mène des guerres, on participe aux débats du sénat, on noue les intrigues et on a du mal à les quitter à la fin, car la saga est vraiment longue et en quelque sorte on vit avec, surtout si vous lisez pendant les vacances sans trop d'interruptions, comme moi. Je ne peux que conseiller vivement cette lecture, surtout si vous voulez apprendre plus sur la histoire de Rome (et pas que !); j'ai une amie prof de latin qui s'en sert régulièrement dans ses cours.
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– D'accord, d'accord, je vais voir ce que je peux pour toi, dit-elle. Donne-moi la main.
Il s'exécuta.
– Grande sera ta destinée, Caius Marius, dit-elle en déchiffrant les multiples plis de sa paume. Quelle main ! Elle impose une forme à tout ce à quoi elle s'attelle. Et quelle ligne de tête ! Elle gouverne ton cœur, elle gouverne ta vie, elle gouverne tout, sauf les ravages du temps, car personne ne peut s'y soustraire. Mais tu en auras davantage l'occasion... Une terrible maladie... mais tu en triompheras la première fois, et même la seconde... Des ennemis, beaucoup d'ennemis... Mais tu en viendras à bout... tu seras consul l'année qui suit celle-ci... Sept fois en tout, et on t'appellera le troisième fondateur de Rome, car tu sauveras la cité du plus grand péril qu'elle ait connu !
Son visage brûlait, comme une lance qu'on jette dans le feu. La tête lui tournait. Son cœur battait à se rompre. Un épais voile rouge semblait danser devant ses yeux. Car elle disait la vérité, il le savait.
– Tu as l'amour et le respect d'une femme de grand talent, poursuivit-elle, et son neveu sera le plus grand de tous les Romains. – Non, ce sera moi ! s'exclama-t-il aussitôt.
– Non, son neveu. Un bien plus grand homme que toi, Caius Marius. Lui aussi ce prénommera Caius. Mais sa famille est celle de ta femme, pas la tienne.
La dernière lettre de Julilla disait :
Je t'aime, bien que les mois, et maintenant les années, m'aient montré à quel point mon amour n'est pas payé de retour, à quel point mon destin te retient peu. En juin dernier, j'ai eu dix-huit ans ; je devrais déjà être mariée, mais j'ai réussi jusqu'à présent à me soustraire à cette horrible nécessité en tombant malade. Je veux t'épouser, toi et personne d'autre, mon bien-aimé Lucius Cornelius. Mon père n'ose me présenter à personne. Et je me chargerai de laisser les choses en l'état jusqu'à ce que tu viennes me voir et me dises que tu consens. Tu as dit une fois que j'étais un bébé, que mon amour pour toi était un enfantillage qui prendrait fin un jour, mais je t'ai prouvé le contraire depuis bientôt deux ans ! Je t'ai prouvé que mon amour pour toi était aussi constant que le retour du soleil chaque printemps. La vieille Grecque que je détestais tant, que j'aurais voulu voir morte, n'est plus. Vois-tu à quel point je suis puissante, Lucius Cornelius ? Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que tu ne peux m'échapper ? Aucun cœur ne peut être aussi rempli d'amour que le mien sans se voir récompenser. Je sais que tu m'aimes. Renonce à résister, et viens me voir, pour t'agenouiller près de mon lit de souffrances, te pencher vers moi et m'embrasser. Ne me condamne pas à mourir ! Choisis plutôt de me laisser vivre, et de m'épouser.
Il est plutôt rassurant que l’on se lance dans la politique pour s’enrichir. C’est normal, c’est humain, c’est compréhensible, en un mot: pardonnable. Il y en a d’autres qui veulent changer le monde: les hommes de pouvoir et les altruistes, et ceux sont eux qui causent les plus gros dégâts. Il n’est pas sain de penser aux autres avant de penser à soi.
A Rome on était pauvre quand on n’avait pas de quoi s’acheter un esclave.
Colleen McCullough: Internationally acclaimed Australian author