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Citations sur Sans laisser de traces (91)

Que ce fût grâce à ce qu'elle avait vu ou entendu, la femme parut rassurée. « Dieu soit loué ! » s'exclama-t-elle. Elle avait clairement l'accent du Fife, bien qu'il eût été atténué par des études ou par une période d'absence.

« Pardon ? »

La femme sourit, révélant de petites dents régulières semblables à celles d'un enfant. « Ça veut dire que vous me prenez au sérieux. Que vous ne vous débarrassez pas de moi en me confiant au subalterne chargé de faire le thé.

— Je ne laisse pas mes subalternes perdre leur temps à faire du thé, répondit sèchement Karen. Il se trouve juste que c'est moi qui ai répondu au téléphone. » Elle fit demi-tour, lança un regard en arrière et dit : « Si vous voulez bien me suivre ? »
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« Je suis l'inspecteur en chef Pirie, indiqua celle-ci, écartant ainsi la possibilité que les deux femmes restent là à se toiser mutuellement. Karen Pirie. » Elle se demanda ce que son interlocutrice pensait d'elle : une femme grassouillette engoncée dans un tailleur Marks and Spencer, avec des cheveux châtains en attente d'une visite chez le coiffeur, qui pourrait être jolie si on arrivait à deviner le dessin de ses os sous la chair. Quand Karen se décrivait ainsi à ses copines, celles-ci riaient, lui disaient qu'elle était superbe, estimaient qu'elle manquait d'amour-propre. Elle n'était pas de cet avis. Elle avait une assez bonne opinion d'elle-même. Mais lorsqu'elle regardait dans le miroir, elle ne pouvait contester ce qu'elle voyait. De jolis yeux, quand même. Bleus avec des traces noisette. Peu communs.
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Son œil expert examina et catalogua la femme qui apparut sans montrer une once de timidité. Un jean et un sweat à capuche Gap de faux sportif. La coupe et les couleurs du moment. Des chaussures en cuir, propres et sans éraflures, de la même couleur que le sac qui pendait de son épaule au niveau de sa hanche. Ses cheveux châtains étaient coiffés en une longue coupe au carré réussie et commençaient juste à faire des fourches. Pas RMIste, donc. Ne vivant probablement pas aux crochets du système. Une femme respectable de la classe moyenne, préoccupée par quelque chose. Entre vingt-cinq et trente ans, des yeux bleus dotés du reflet pâle de la topaze. Maquillage ultraléger. Soit elle n'essayait pas, soit elle avait déjà un mari. La peau autour de ses yeux se tendit lorsqu'elle se rendit compte que Karen la sondait.
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Techniquement, Karen savait que Cruickshank aurait dû envoyer la femme voir la brigade criminelle. Mais elle avait toujours eu un faible pour tout ce qui faisait secouer la tête aux gens tant ils n'en revenaient pas. Les cas désespérés lui mettaient l'eau à la bouche. Elle avait reçu deux promotions en trois ans grâce à cet instinct, dépassant ses collègues, ce qui en mettait quelques-uns mal à l'aise. « Faites-la monter, Dave. Je vais lui parler. »

Elle raccrocha le téléphone et s'écarta du bureau. « Pourquoi attendre vingt-deux ans pour signaler une personne disparue ? » lança-t-elle, plus à elle-même qu'à Phil, tout en fouillant son bureau en quête d'un carnet vierge et d'un stylo.

Phil ouvrit les lèvres à la manière d'une énorme carpe. « Peut-être qu'elle était à l'étranger. Peut-être qu'elle vient seulement de revenir et de se rendre compte que cette personne n'est pas où elle le croyait.

— Et peut-être qu'elle a besoin de nous pour établir une déclaration de décès. Le fric, Phil. Ça se résume généralement à ça. » Karen eut un sourire sarcastique, qui parut flotter en l'air derrière elle comme si elle était le chat du Cheshire. Elle quitta la pièce d'un air affairé et se dirigea vers les ascenseurs.
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Viens-en au fait. « On s'occupe des affaires non classées, Dave. On n'ouvre pas de nouvelles enquêtes. » Karen roula des yeux en direction de Phil qui eut un petit sourire devant son ras-le-bol évident.

« Ce n'est pas vraiment nouveau, inspecteur. Le type a disparu il y a vingt-deux ans. »

Karen se redressa sur son siège. « Il y a vingt-deux ans ? Et on vient le signaler seulement maintenant ?

— C'est ça. Alors c'est une affaire non classée ou pas ? »
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— Dave Cruickshank du hall d'accueil, inspecteur. J'ai une personne ici, je crois qu'il faut qu'elle vous parle. » Cruickshank ne semblait pas sûr de lui. C'était suffisamment inhabituel pour éveiller l'attention de Karen.

« De quoi s'agit-il ?

— Une personne portée disparue, répondit-il.

— C'est quelqu'un de chez nous ?

— Non, elle veut signaler une personne disparue. »

Karen retint un soupir d'irritation. Depuis le temps, Cruickshank devrait mieux connaître son boulot. Ça faisait assez longtemps qu'il était à l'accueil. « Alors elle doit parler à la brigade criminelle, Dave.

— Oui, d'accord. Normalement, c'est vers eux que je l'aurais dirigée. Mais vous voyez, c'est un cas un peu particulier. C'est pour ça que je me suis dit que ce serait mieux de vous le confier, vous comprenez ? »
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Karen secoua la tête, désormais en terrain connu. « Tu crois que le sens moral laisserait Gordon se lancer dans quoi que ce soit qui paraisse aussi intéressé ? » Tout en prononçant ces paroles, elle tendit la main vers le téléphone qui venait de se mettre à sonner. Il y avait d'autres agents moins gradés dans la grande pièce du commissariat qui accueillait l'Équipe de Révision des Affaires Non Classées (Eranc), mais l'avancement n'avait pas modifié les habitudes de Karen. Elle n'avait par exemple jamais perdu celle de répondre aux téléphones qui sonnaient près d'elle. « Eranc, inspecteur Pirie à l'appareil, annonça-t-elle distraitement, toujours en train de réfléchir à ce que Phil avait dit et se demandant si, au fond de lui-même, il ne rêvait pas d'être au cœur de l'action.
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— Tu crois qu'avec Gordon Brown comme Premier ministre, le Fife est devenu une cible ? » Karen marqua de l'index l'endroit où elle en était dans le document et accorda toute son attention à Phil. Elle se rendait compte que depuis trop longtemps, son esprit était trop préoccupé par le passé pour évaluer les possibilités du présent. « Ils ne se sont jamais intéressés à la circonscription électorale de Tony Blair quand il était au pouvoir.

— Tout à fait vrai. » (...) « Mais ces types se font appeler djihadistes islamistes, et Gordon est fils de pasteur. Je voudrais pas être à la place du directeur de la police s'ils décident de la ramener en faisant péter la vieille église de son père. »
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Le sergent détective Phil Parhatka regarda la fin de la vidéo puis ferma la fenêtre. « Crois-moi, lança-t-il, si un jour ça a pu valoir le coup d'être aux affaires non classées, c'est du passé. »

L'inspecteur en chef Karen Pirie leva à peine les yeux du dossier qu'elle était en train de mettre à jour. « Comment ça ?

— C'est évident. On est en pleine guerre contre le terrorisme. Et je viens de voir le député de ma circonscription s'emparer du 10 Downing Street avec sa bourgeoise. » Il se leva d'un bond pour se rendre au mini-frigo perché sur un meuble à tiroirs. « Qu'est-ce que tu préférerais ? Résoudre des affaires non classées et qu'on te passe de la pommade pour ça, ou essayer de t'assurer que les barbus ne fassent pas péter une bombe en plein sur nos toits ?
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Dave s'efforça de ne pas montrer son irritation lassée. Quand ce n'étaient pas leurs horribles voisins, c'étaient des personnes soi-disant disparues. Celle-ci était trop calme pour qu'il s'agisse d'un gamin, et trop jeune pour un ado en fugue. Une dispute avec le petit copain, à tous les coups. Ou un grand-père sénile en cavale. La foutue perte de temps habituelle. Il fit glisser un bloc de formulaires sur le comptoir, le plaça bien droit devant lui et attrapa un stylo. Il laissa le bouchon dessus ; avant de noter le moindre renseignement, il lui fallait la réponse à une question-clé. « Et depuis combien de temps cette personne a-t-elle disparu ?

— Vingt-deux ans et demi. Depuis le vendredi 14 décembre 1984, pour être exacte. » Elle abaissa le menton, et son visage prit un air de défi. « Est-ce que ça fait assez longtemps pour que vous preniez ce cas au sérieux ? »
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