Quand l'auteur est venu présenté son roman à La Grande Librairie, j'ai senti la tentation s'installer car son idée était originale: le narrateur est un foetus dans le ventre de sa mère, qui nous raconte ses perceptions, ses états d'âme et surtout comment sa mère va commettre un meurtre.
Confortablement installé dans l'utérus de Trudy, il découvre que sa mère à un amant et il cherche à l'identifier, et surprise, il s'agit du frère de son père, Claude, qu'il tient en piètre estime, trahison supplémentaire.
« Les amants arrivent à leur premier baiser avec autant de cicatrices que de désirs. »
Le temps de se faire à cette idée, il apprend que ces deux infâmes veulent assassiner son père, le poète John et va tout mettre en oeuvre pour éviter ce crime, tout en dissertant sur l'amour, la trahison, le réchauffement climatique, la nature des hommes, tout ce qu'il capte sur les ondes et sur Internet au fil des connexions de sa mère.
Une mère qui avale quantité de vins de toutes sortes, enivrant son foetus au passage , sans se préoccuper un seul instant des conséquences éventuelles sur son bébé à venir, bébé dont elle se fout éperdument d'ailleurs toute à son histoire d'amour…ce qui donne des phrases de ce style:
« J'aime bien partager un verre avec ma mère. Peut-être n'avez-vous jamais goûté, à moins que nous ne l'ayez oublié, un bon bourgogne (son préféré) ou un bon sancerre (autre préférence) décanté à travers un placenta sain. » P 19
Ce foetus est drôle lorsqu'il essaie d'intervenir, en donnant des coups de pieds, ou quand il se montre jaloux, amoureux de sa mère, admirateur des poèmes de son père et haïssant le rival de ce dernier, ou lorsqu'il capte la jalousie de sa mère envers une jeune poétesse qui accompagne son père un soir. Il l'est un peu moins lorsqu'il tente de se suicider…
Ce roman est drôle, mais peut devenir un peu lassant lorsque, parfois, notre foetus part trop dans ses envolées « philosophiques », nous livrant une conception pessimiste mais réaliste de l'état de la planète et de l'humanité:
« Donc, on est seuls, tous autant qu'on est, même moi, chacun marchant sur une route déserte, trimballant dans un baluchon sur son épaule les projets, les courbes prévisionnelles d'une progression inconsciente. » P 46
On retrouve la thématique d'
Hamlet (le fils qui veut venger le meurtre de son père par l'amant de sa mère),
Ian McEwan ayant souhaité rendre hommage à
Shakespeare, pour les quatre-cent ans de sa mort.
J'ai aimé, j'ai passé un bon moment, car cet auteur est surprenant, mais je suis un peu déçue, je m'attendais à plus avec un sujet comme celui-ci, ce n'est donc pas un coup de coeur.
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