L'enquête qui est confiée à Dubak et à son groupe, c'est du lourd. La mise en scène choisie par le meurtrier est pour le moins baroque. La pression est d'autant plus forte que l'équipe n'est pas forcément très soutenue par la hiérarchie, que l'affaire est sous les feux de l'actualité… et tout cela alors qu'Alain Dubak ne s'est pas encore remis de sa rupture avec Alexandra, que Mamy est toujours dévastée par la mort de son mari Christian, que Véro sent son couple péricliter et que chaque coup de téléphone peut être celui qui lui apprendra la mort de son enfant, malade…
On est, d'emblée, plongés dans une histoire âpre, rude, vue au ras des chairs, des humeurs et des fluides corporels. Désir, sexe, mort, sang, drogue, jalousie, violence, sont au rendez-vous. Et chaque personnage se débat pour survivre, pour ne pas tomber.
Très vite, l'équipe est « renforcée » par l'arrivée de Monique Chabert, psychiatre à l'Office central de la police judiciaire (OCPJ), chargée de travailler sur le profil du meurtrier, mais que Dubak voit arriver comme un chien dans un jeu de quilles. Finalement, ce dernier passe autant de temps à regarder par dessus son épaule, en espérant voir les coups bas arriver, que devant lui pour avancer !
L'intrigue donne l'occasion à
François Médéline de nous faire voyager dans toute l'agglomération lyonnaise, de la très chic Charbonnières-les-bains aux souterrains de Fourvière et de la Croix-Rousse. Mais il nous fait également naviguer parmi toutes les détresses humaines.
On ressent presque physiquement le rythme de l'enquête, du moins c'est l'impression que j'ai eue. le démarrage est un peu lent, on pose le décor, on découvre les premières failles des uns et des autres. Puis une première piste se dégage, la pression extérieure augmente, tout semble s'accélérer, le rythme devient plus haché. Et puis la pression retombe. Toute l'équipe est convaincue que le premier suspect n'est pas le bon. le doute s'installe, l'enquête semble flotter. Dubak doute – et
François Médéline nous le fait clairement savoir. de la page 192 à la page 194, s'enchaînent toutes les questions qui lui trottent dans la tête.
Et puis le rythme accélère à nouveau. Les phrases deviennent hachées, souvent très courtes, parfois répétitives. On sent que l'enquête s'emballe, que plus personne ne contrôle rien.
Deux bémols cependant. Sur le fond de l'histoire d'abord, on est un peu surpris de voir, notamment à la fin – sans rien révéler – plusieurs des personnages s'embarquer seuls dans des explorations, au risque de se retrouver face à face avec le meurtrier.
Sur la forme ensuite. J'évoquais la dimension répétitive de certaines phrases – de certains paragraphes -, notamment à la fin du livre. Certaines expressions reviennent : pratiquement à chaque interrogatoire, on apprend que l'un des personnages en a « calibré » un autre ; un passage assez long et répétitif autour du schéma que l'équipe essaye de construire à partir des éléments de l'affaire.
Mais, là où, pour certains, il créera un sentiment d'urgence, de tension, totalement en concordance avec l'histoire, pour d'autres, il sera essentiellement pesant. J'avoue avoir, par moment, basculé dans la deuxième catégorie, face à ce systématisme.
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