Roman graphique très esthétique,
Gianna est l'histoire d'une jeune femme vivant dans l'Italie des années 70, période où la révolte gronde, les étudiants manifestent pour un avenir meilleur, l'université de Bologne est en effervescence ; le travail et le droit à l'avortement sont au centre de leurs revendications. L'héroïne éponyme est sollicitée par ses camarades pour mener cette lutte. Mais
Gianna est différente des autres filles, elle prône la liberté sexuelle au féminin, le droit à une sexualité libre et se l'applique. Son comportement sexuel est pointé du doigt, elle est critiquée, insultée, c'est un personnage très controversé.
Elle est à part et mise à l'écart.
Les planches à l'aquarelle sont très belles, les tons sont un mélange de pastels et de couleurs vives, elles disent la vitalité, la jeunesse, le désir mais aussi la violence. On s'attarde sur les différentes planches mettant en évidence l'effervescence de la société italienne de l'époque mais aussi les préjugés moraux et leur brutalité. Les personnages sont esquissés mais représentatifs de leur personnalité et de leur comportement. La dessinatrice et auteure aborde avec discrétion mais précision certains sujets graves.
Le texte ne domine pas, il laisse le lecteur interpréter, imaginer, reconstruire certains moments de l'histoire par les dessins et les couleurs. Parfois les scènes ne s'enchaînent pas de manière linéaire, le sens peut nous échapper ; on hésite entre rêve et réalité du personnage. On a parfois l'impression d'être dans un film ou un livre en narration externe où les choses se devinent plus que ce qu'elles se disent.
La fin du roman, très émouvante, qui nous interpelle sur les méthodes employées pour remettre les personnes supposées « déviantes » dans le rang se termine sur des couleurs froides et fades en opposition au reste du livre.
J'ai d'abord apprécié ce roman pour ses couleurs très évocatrices qui m'ont interpellées mais aussi pour l'intérêt du sujet et son originalité.