L'histoire de cet album commence après
L Histoire. En 1923, Clémenceau n'est plus le Président du conseil, ce grand homme qui traversa l'histoire politique française de 1870 à 1918, engagé pour l'amnistie des communards aux côtés de
Victor Hugo, anti colonialiste contre
Jules Ferry, radical de gauche proposant la séparation des Eglises et de l'Etat, la responsabilité des patrons en cas d'accident de travail, l'impôt sur le capital et le revenu, dreyfusard de la première heure, offrant sa Une dans l'Aurore à
Zola et lui soufflant son fameux « J'accuse » ; implacable ministre de l'Intérieur, inventeur des brigades mobiles, clairvoyant sur les risques d'une guerre mondiale, appelant au passage du service militaire à trois ans, dernière chance du Président Poincaré pour contenir l'avancée allemande en 1917 ; Père la Victoire, il impose Foch comme commandant unique des armées alliées.
Celui qu'on appelait « le Tigre » à 82 ans en 1923, il a presque tout connu. Sauf une vraie grande histoire d'amour…
Au soir de sa vie il va rencontrer Marguerite Baldensperger de 40 ans sa cadette. Elle est directrice de collection, épouse d'un professeur de littérature à la Sorbonne. Sa fille aînée Annette s'est suicidée suite à une histoire d'amour compliquée. Marguerite a rendez-vous avec Clémenceau afin qu'il écrive une biographie sur Démosthène. de cette rencontre va naître une grande histoire d'amour platonique essentiellement épistolaire. Clémenceau lui écrira régulièrement jusqu'à ses derniers jours, 668 lettres qui lui tiennent lieu de journal.
Grâce à lui, Marguerite retrouve le sourire, ils passent un pacte ensemble : « Je vous aiderai à vivre et vous m'aiderez à mourir, voilà notre pacte » lui dit-il.
Elle passera quelques jour à Bélébat, le nom qu'il a donné à sa maison de Vendée, c'est durant ce séjour qu'elle lui demande de prendre de la distance afin de ne pas donner prise aux moqueries, attaques et calomnies, elle pense à ses enfants, à son mari et à lui-même qui pourraient en souffrir. Marguerite se doit à ses enfants, à sa famille, à son foyer mais elle continue à correspondre avec Clémenceau et accourra auprès de lui dès que sa santé déclinera. Leur grande histoire dura six ans jusqu'à la mort du Tigre.
Pierre, le fils de Marguerite publiera les lettres de Clémenceau à sa mère en 1970 sous le titre « Lettres à une amie ». Elles révèlent l'amour platonique d'un Clémenceau inconnu, attentif, courtois, plein de tendresse et d'égards mais aussi ombrageux, irrité tel qu'en lui-même, l'amour ne l'ayant pas entièrement changé.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Des ronds dans l'O pour cet envoi. »