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EAN : 9782501121002
128 pages
MARAbulles (31/01/2018)
4.05/5   78 notes
Résumé :
La guerre d'Algérie, cette guerre qui n'était pas nommée comme telle, est un événement traumatisant des deux côtés de la Méditerranée. Ce récit raconte la guerre des femmes dans la grande guerre des hommes...
Béatrice 50 ans, découvre qu'elle est une « enfant d'appelé » et comprend qu'elle a hérité d'un tabou inconsciemment enfoui : elle interroge sa mère et son père, ancien soldat français en Algérie, brisant un silence de cinquante ans. Elle se met alors e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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L'album s'ouvre sur l'étonnement d'une femme lisant un article sur les horreurs perpétrées lors de la guerre d'Algérie : « Mon père a été soldat en Algérie... Il ne m'en a jamais parlé ainsi. En fait il ne m'en avait jamais parlé du tout. »
Interrogé par sa fille, le père en question s'énerve : « J'étais gamin, et j'ai fait mon service militaire, et c'est tout ! Voilà comment ça s'est passé ! »

En effet les anciens « appelés » d'Algérie ne racontaient pas cette guerre. Et si ce tabou pouvait me surprendre à l'adolescence, où l'on nous sensibilisait au collège et au lycée sur les deux premières Guerres mondiales, je comprends maintenant le silence de nos pères, depuis que j'ai lu 'Un loup pour l'homme' (Brigitte Giraud)* : pour ces jeunes gens enrôlés de force « [les] mois qu'ils viennent de vivre seront comme un secret, une expérience embarrassante qu'ils tairont instinctivement. […] Ils sont priés de ne plus y penser. De chasser le mauvais rêve d'un revers de la main. La guerre d'Algérie n'a pas eu lieu. »

Les auteurs masculins de cet album racontent cette 'guerre qui ne disait pas son nom' à travers différents regards de femmes : des civiles, des proches de harkis et de pieds-noirs, des fellagas - 'terroristes' engagées pour l'indépendance. Cet album a le mérite de rappeler qu'une guerre, c'est moche, cruel, sanguinaire, meurtrier, et que chacun(e), quel que soit le camp, est capable du pire pour obéir, défendre une cause, sauver sa peau ou pour 'se venger', par chagrin, par colère :
« La pluralité des points de vue m'avait fait prendre conscience de la complexité d'englober un tel conflit... Et la difficulté d'appréhender un témoignage sans le juger. Plusieurs livres m'avaient dérangée quand ils abordaient les attentats comme un exploit... Les récits de soldats également quand ils parlaient de 'bicots qui trahissaient même leurs frères'... »

L'autre mérite de ce bel album est de situer la place des femmes dans le combat pour l'indépendance algérienne - place occultée dans l'Histoire officielle...

• Un grand merci à Babelio et à Marabulles (collection BD des éditions Marabout).
___
* lire aussi 'Des hommes' (Laurent Mauvignier), 'Corvée de bois' (Didier Daeninckx)...
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Album de fiction basé sur des événements réels, «Algériennes » aux éditions Marabout, prend le parti pris, assez inédit, de raconter la guerre d'Algérie, du coté des femmes.

Evénement traumatisant des deux côtés de la Méditerranée, on voit la teneur du combat des femmes, grandes oubliées de la « grande guerre des hommes »... L'album nous livre un ensemble de points de vue qui nous fait aller d’un camp à l’autre : des militaires français, aux combattants algériens, des Harkis, aux fameux Pieds-noirs avec toujours une vision d'une femme liée à ce conflit…

A noter que ces récits, dressant le portrait de personnages fictifs, ont tous été construits à partir d'opinions et d'événements réalistes de l'époque.

Les traits sont clairs et particulièrement expressifs, la narration fluide et bien menée, voici donc un album parfaitement recommandable, instructif et captivant, .qui une fois de plus nous montre l'absurdité de la guerre quelque soit le camp d'où on la regarde.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Enfant d'appelé"
Cela a remué quelque chose en moi
comme si ça réveillait le silence
comme si ça éclairait l'ombre
l'ombre qui planait sur l'enfance
l'ombre qui suivait papa
Il n'est plus là depuis mai
Je range ses photos dans un album
je les paratage sur un groupe privé
avec les mots inscrits au dos
comme des murmures
des murmures d'une jeunesse
armée de sourires aussi
soudée de camaraderie
soudée dans l'épreuve
et les images indicibles

Ces anciens combattants, tous émouvants
le font un peu revivre
honorent sa mémoire, le rendent beau
aux yeux de l'enfant que j'étais
que je suis encore dans un creux sombre
Ils me donnent des pistes
une lampe torche
Merci
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Magnifique album que cette nouvelle BD signée Deloupy, pour le dessin et la couleur, et Swann Meralli pour le scénario. Tous les deux, ils se sont attaqués courageusement à un sujet difficile et délicat à aborder : les Algériennes. S'ils n'oublient personne, ils réussissent à captiver et à toucher le lecteur comme je l'ai été grâce à Vincent que je remercie pour ce beau cadeau, magnifiquement dédicacé par Deloupy.

J'avais déjà beaucoup apprécié ce dessinateur dans Love Story à l'iranienne, publié en collaboration avec Jane Deuxard et, pour ce nouvel album paru chez Marabout, je n'ai pas été déçu. Les personnages sont fictifs mais les faits sont réels.
Face à « des mots de douleur, de solitude, d'amour », il faut suivre Béatrice dont le père a été soldat en Algérie mais n'a jamais voulu en parler. La lutte contre l'oubli est lancée. Vaincre les tabous n'est pas facile. La mère de Béatrice se souvient de 1956, d'Alger, d'une déflagration en pleine ville, l'horreur sous les yeux de cette femme en robe rouge. le dessin devient bistre et comme dans tout l'album, les visages sont formidablement expressifs, attachants, émouvants.
Béatrice rencontre Saïda dont le père était devenu harki parce que son frère avait été tué par d'autres Algériens : « Il y a eu beaucoup de meurtres entre Algériens… En plus grand nombre, peut-être, que ceux causés par les Français. » Ce passage me rappelle Alice Zeniter dans L'art de perdre car Saïda raconte le départ en pleine nuit, la France, les camps, le froid, la tente, la douche collective, la surveillante qui appelle toutes les femmes Fatma et souligne l'aide précieuse de la Cimade.
Comme l'héroïne d'Alice Zeniter, Béatrice part en Algérie pour en savoir plus. Deloupy offre alors une magnifique double page avec cinq vignettes : Alger, des tombes et, au fond, le mémorial des martyrs. C'est là qu'elle rencontre Djamila qui fut résistante et regrette que ce mémorial soit uniquement à la gloire du FLN.
Ainsi va le parcours de Béatrice fait de rencontres et de retours en arrière. Djamila est claire : « Je regrette de ne pas avoir eu le choix… mais je ne regrette pas d'avoir participé à l'indépendance. L'indépendance, c'est la liberté, et c'est important de se battre pour la liberté. » Alger 1961 : c'est la guerre dans toute son horreur, des attentats, des viols collectifs, l'humiliation, des rôles subalternes pour les femmes dans la résistance et des tortures effroyables.
Les auteurs n'oublient pas de parler des pieds noirs qui sont restés (200 000 en 1962, une centaine aujourd'hui) avec Bernadette qui affirme : « mon pays, c'est l'Algérie ! » mais regrette : « J'aurais aimé que les Algériens fassent la guerre contre les différences sociales et pas contre les différences culturelles. »
Ainsi la pluralité des points de vue est respectée pour finir avec la rencontre de Malika Yelless. Elle raconte les massacres dans les villages, les insultes subies à l'hôpital, l'OAS qui tente par tous les moyens d'empêcher l'indépendance.

Ce sont des réflexions très pertinentes sur L Histoire et le récit qu'on en fait pour terminer sur une nouvelle superbe page au dessin toujours précis : « Et nous, que raconterons-nous de notre histoire et de nos mémoires ? C'est la question que nous devrons, un jour, nous poser à notre tour… »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Un album qui traite d'un sujet toujours sensible, la guerre d'Algérie, sans aucun manichéisme ni angélisme.
Algériennes, car ce sont les femmes qui parlent ici. La narratrice, le double de l'auteure, sait que son père a fait la guerre d'Algérie, mais il refuse d'en parler. Elle part donc en quête d'informations. D'abord auprès d'une amie de sa mère, Algérienne vivant en France, puis en Algérie, au fil de ses rencontres.
Pieds-noirs, harkis, membres du FLN, simple civile... Elles racontent toutes leur histoire, parfois terrible et difficilement soutenable, mais sans haine. Il y a beaucoup d'apaisement en fait, de la compréhension, une envie de ne pas juger l'autre. Tout n'est ni rose, ni noir. Il n'y a pas de regret réellement non plus. Juste des histoires personnelles, le besoin de parler, de transmettre pour que ce genre de choses ne recommencent pas.
Une bande dessinée sensible, mais qui ne tombe pas dans le pathos. Et qui remet les choses à taille humaine.
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critiques presse (5)
BDZoom
14 mars 2022
Au cœur du récit, Béatrice qui découvre un jour qu’elle est une « enfant d’appelé » : un récit touchant, passionnant, nourri de personnages fictifs aux opinions diverses, mais inspirés de situations bien réelles.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Bedeo
20 août 2018
C’est période de l’histoire algérienne est un sujet grave, déstabilisant et perturbant. Le récit est brûlant et à vif de la réalité de son histoire tourmentée. Les femmes ont elles aussi du sang sur les mains, pourtant leur destin parle et libère la parole des hommes, notamment celui du père de Béatrice qui acceptera finalement de se confier à sa fille.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BoDoi
19 mars 2018
L’engagement est sincère et l’album est à même de séduire un lectorat jeune, avide de mieux comprendre qui étaient les fellagas et les harkis, au-delà des a priori sur les bons et les méchants.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
02 mars 2018
Des moments très durs, des images parfois très crues, mais aussi des moments beaucoup plus apaisés... Des témoignages, des explications, des points de vue, aussi.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
14 février 2018
La guerre des femmes dans la guerre des hommes. Elles y étaient, ont participé ou subi le conflit algérien. C'est ce que raconte ce roman graphique passionnant et édifiant.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Puis il y a eu le cessez-le-feu dans toute l'Algérie.
« La conclusion du cessez-le-feu en Algérie, les dispositions adoptées pour que les populations y disposent de leur destin ; la perspective qui s'ouvre sur l'avènement d'une Algérie indépendante, coopérant étroitement avec nous, satisfont la raison de la France. » (discours du général De Gaulle du 18 mars 1962).
A l'annonce du cessez-le-feu, la fête a vite laissé place aux massacres et à la folie. Chaque matin, je trouvais des corps décapités, laissés à la hâte à même le sol.
Le monde était devenu fou : on tuait pour un rien, pour un regard, pour une couleur de peau. Pour chaque meurtre d'un Algérien, on tuait dix Français et inversement.
C'était la spirale infernale de l'horreur. On entendait les coups de feu le jour partout en ville. Et il fallait faire semblant de ne rien voir si on ne voulait pas être le prochain sur la liste.
L'OAS, l'organisation clandestine des Français contre l'indépendance, sentait venir la fin et voulait tout saboter avant de s'en aller. Il y a eu l'attentat du port, celui de la bibliothèque, tout était plastiqué...
Et je ne parle pas des exécutions sommaires de jour comme de nuit. Combien de meurtres exécutés dans le dos des autorités ?
Quelle tristesse...
De leur côté, des villages algériens entiers ont massacré des centaines et des milliers de harkis et de pieds-noirs. Dans ces moments-là, l'humain devient une bête, il ne cherche plus à comprendre.
(p. 102-103)
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- Ce sont les agissements des militaires qui vous ont poussée à la résistance, ce n'était pas la volonté d'indépendance [de votre pays, l'Algérie] ?
- Pour moi, c'était mêlé. Mais l'enfermement de mon père [arrêté, torturé, emprisonné pendant 2 ans] a été le déclencheur. Il y avait aussi toutes ces personnes, comme mon institutrice, qui perpétraient des injustices tous les jours.
- Vous semblez regretter vos actes ?
- Je regrette de ne pas avoir eu le choix... Mais je ne regrette pas d'avoir participé à l'indépendance. L'indépendance, c'est la liberté. Et c'est important de se battre pour la liberté.
- Mon père a été soldat en Algérie, mais il n'en parle pas comme vous... Je crois qu'il n'a pas la sensation d'avoir participé à un combat honorable comme le combat des Algériens.
- Alors il doit en parler. La résistance, c'est s'exprimer sur des sujets qu'on veut taire.
(p. 56-57)
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Dans les livres, tu ne trouveras que les exploits des hommes. Tu ne trouveras pas les noms des femmes qui ont fait la guerre [d'Algérie]. On les a effacées. Alors aujourd'hui, je me bats pour réhabiliter une histoire : pas celle de l'Etat mais celle de la parole. Et celle des femmes, aussi. La guerre d'indépendance, ça a aussi été la guerre des femmes dans la guerre des hommes.
(p. 68)
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La révolution, elle est belle pour le courage mais elle n'est pas belle dans sa vérité.
C'est ça qui perd les gens : ils veulent toujours transformer la vérité, ils veulent toujours changer leurs souvenirs.
"Tant de femmes et tant d'hommes ont accepté de voir leur histoire personnelle écrasée par la grande histoire parce qu'ils pensaient pouvoir la changer... Faut-il jeter leur histoire aux chiens ? Avant de jeter mon histoire, j'essaierai de l'écrire..."
Voilà ce qu'a écrit Wassyla Tamzali.
Moi aussi, avant de jeter ma propre histoire, j'ai voulu tout raconter. En parler pour ne pas oublier. En parler pour ne pas tomber dans le mensonge.
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- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu pleures, papi ?
- Viens t'asseoir, Jérôme... Tu sais que j'ai été soldat ?
- Où ça ?
- En Algérie, pardi. Je devais avoir ton âge quand j'ai reçu mon ordre de mobilisation... L'Algérie... Je... je crois que je n'en ai jamais parlé à personne. Ici, on disait 'les événements' d'Algérie... J'ai jamais compris pourquoi. Mais pour nous, les appelés, c'était une vraie guerre, une sale guerre.
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