Somptueuse biographie d'un personnage trop méconnu, qui au tournant de l'an Mil tenta de faire consonner religion musulmane et philosophie grecque dans l'harmonie d'un système solidement charpenté.
A l'instar de
Platon et
Aristote, les grands philosophes dont Avicenne fait partie, ont tous été persécutés ou ont essuyés tant de déboires.
Il exalte une philosophie savante, il cultive son indépendance, refuse de s'assujettir à aucun maître, se déplace auprès d'émirs protecteurs des arts et des lettres.
Et tout cela en affrontant l'adversité. le service de la vérité a toujours exigé certains sacrifices, auxquels Avicenne se confronte, il suscite adversaires, voire ennemis, acharnés à étouffer la voix et donc la pensée qui dérange les conformismes, à réprouver l'esprit qui défait les certitudes établies, embarrasse les conforts idéologiques et ruine les fanatismes.
Mais en architecte du temple de la philosophie islamique, il en a orchestré le parachèvement. Et malgré les efforts de certains théologiens ou docteur de la foi pour jeter l'opprobre de l'impiété et l'expulser, la philosophie ne quittera plus la scène des savoirs.
Le poète Térence ne disait-il pas "veritas odium parit" (la vérité suscite la haine).
Sa mémoire exceptionnelle en fait un "touche à tout" mais on retiendra de lui sa connaissance de la médecine et de la philosophie. D'ailleurs, il choisira d'intituler son ouvrage contenant les disciplines philosophiques "le livre de la guérison" et son livre de médecine "canon", et non l'inverse !
Car il considérait que la philosophie est une médecine qui assainit l'âme, en prévient les erreurs, en nettoie les souillures, tout comme le traitement médical a pour objectif d'éradiquer le mal, d'en extirper les germes.
La méditation philosophique purifie les âmes comme le traitement médical purge les corps....
Une biographie enrichissante à tous points de vue