Lié par contrat en 1896 à l'imprimeur-éditeur Ferdinand Champenois qui multiplie les commandes et impose un rythme de production soutenu, Mucha adapte à tour de bras sa formule décorative aux marques les plus diverses : voici son armée de jeunes filles, le plus souvent à mi-corps, chevelures débridées et de toutes les couleurs, qui se pâment face à un bouillon cube ou fixent le passant, lascivement penchées sur un guidon.
Chapitre "Faire de la réclame"
En créant son style reconnaissable entre tous, Mucha décide finalement aussi de choisir son camp artistique et politique, celui de s'oppose à la domination allemande en Europe centrale. La même désir l'anime quand il arbore dans ses autoportrait peints ou photographiques la chemise ou la tunique traditionnelle, brodée sur le col et le devant. Dès la fin du siècle, lors d'un voyages dans les Balkans, il commence à échafauder le projet d'une immense cycle pictural - qui, une à deux décennies plus tard, deviendra L'Épopée slave.
Pour répondre aux désirs de ses clients Mucha se fait tantôt dessinateur tantôt peintre.
En commandant une image qui vante son papier à cigarette, la marque JOB ne se doute peut-être pas qu'elle va susciter l'une des affiches les plus accomplies de l'artiste, qui connaîtra un succès inouï, cinq variantes de 1896 à 1899, un tirage de luxe sur satin, des produits dérivés allant du calendrier aux boîtes en tout genre, une version en français, grec et arabe... Sans oublier la fortune considérable que cette oeuvre culte aura dans les années 1960 avec l'épanouissement de la culture psychédélique - l'attitude extatique de la jeune femme n'y est pas étrangère.
L'Art nouveau luttera pour éliminer le laid et le luxe prétentieux de toutes les choses de la vie, pour faire pénétrer l'affinement du goût et un charme de beauté simple jusque dans les moindres objets d'utilité.
Comme dirait Mucha, un art destiné au peuple et non aux salon fermés.
LA CHRONIQUE DE GÉRARD COLLARD - TURNER - VAN GOGH - BOCH