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4,1

sur 1245 notes
Oui, c'est une grande saga familiale ; oui, c'est une vaste fresque historique ; c'est ce que tout le monde dit et c'est exact !... Mais pourquoi ce livre a-t-il pour titre le fils ?

Le fils, c'est Peter McCullough. Il est le fils d'Eli, le Colonel, patriarche d'une richissime famille texane. Un fils considéré comme indigne. Nous y reviendrons.

Les événements du roman de Philipp Meyer se déroulent au Texas, entre le milieu du dix-neuvième siècle et aujourd'hui. Un territoire autrefois peuplé de tribus indiennes, chassées de leurs terres par les Mexicains, ceux-ci en ayant à leur tour abandonné la possession aux Américains d'ascendance européenne. Entre les trois peuples, les haines et les conflits d'intérêts sont source de violences inouïes : autour des McCullough, on a torturé, mutilé, violé, tué sans hésitation, sans état d'âme... Et pendant la Guerre de Sécession, Texans et Yankees se sont juste inspirés de l'air du temps...

Pour suivre l'aventure des McCullough, il faut comprendre l'histoire économique du Texas moderne. Au début, l'activité reine est l'élevage : chevaux, bisons et autre bétail. Les grandes familles possèdent des dizaines de milliers d'hectares sur lesquels déambulent des troupeaux de milliers de têtes. L'avantage du métier pour les plus audacieux ? La possibilité de développer facilement son cheptel ; en s'entourant d'une équipe de cowboys dégainant plus vite que leur ombre, rien de plus simple que de s'approprier des bêtes sur les terres d'éleveurs moins armés.

Au début du vingtième siècle, fin de la prospérité des éleveurs. Propriétaires et spéculateurs se tournent vers la prospection pétrolière. Les derricks prolifèrent, sans aucune considération pour les paysages et la qualité de vie. Des fortunes considérables vont ainsi se constituer dans l'entre-deux-guerres. Puis les investisseurs découvriront que les réserves pétrolières du Moyen-Orient présentent des opportunités bien plus considérables. Leur activité deviendra multinationale. Devenus richissimes, les McCullough sauront s'adapter à ces évolutions économiques.

Le livre est structuré en une série de courts chapitres, donnant successivement la parole à trois membres de la famille. Comme si ces trois personnes, qui ne s'expriment pas à la même époque, dialoguaient indirectement au travers du temps.

Quand Eli – le futur patriarche – prend la parole, il a treize ans. Après avoir massacré sa famille, des Comanches l'emmènent en captivité, l'adoptent et l'élèvent comme un des leurs. Apprentissage de la vie rude, sauvage et précaire des Indiens. Revenu quelques années plus tard à « la civilisation », Eli fonde une famille. Son opportunisme et son absence de scrupules lui valent de faire vite fortune... C'est parti pour le Colonel ! Il mourra centenaire et sa personnalité s'imposera à tous ses descendants.

En 2012, Jeannie-Anne, arrière-petite-fille du Colonel, est une très vieille dame qui voit sa vie défiler, tout en en percevant la fin imminente. Un personnage à deux facettes. D'un côté, Jeannie, une jeune fille plutôt jolie, devenue une belle femme, puis une mère de famille sensible. de l'autre côté, celle que l'on appelle J.A. (clin d'oeil pour un univers impitoya-a-ble !), une businesswoman déterminée à la tête de la gigantesque entreprise familiale… Quel est le bilan de sa vie ?

De Peter, le fils du Colonel, l'auteur dévoile un journal tenu de 1915 à 1917. Peter y marque son opposition de toujours à son père, cet homme endurci par les souffrances de sa jeunesse. Il ne supporte pas son manque d'humanité, son racisme implacable, sa cupidité frénétique, l'amenant à abattre ou à faire abattre concurrents et autres gêneurs. Il ne supporte pas non plus le joug que le Colonel impose à toute la famille. Peter est un homme intelligent, cultivé, mais son naturel non-violent accompagne un réel manque d'énergie et de détermination. Tous le méprisent. A quarante-cinq ans, trouvera-t-il le courage de choisir le destin qui s'offre à lui et qui le contraindrait à rompre irrémédiablement avec les McCullough ?

Les courts chapitres facilitent la lecture de ce roman de sept cents pages. J'avoue toutefois m'être un peu ennuyé dans les longs passages consacrés à la vie d'Eli chez les Indiens, peu intéressé personnellement par les détails de leur vie quotidienne, de leur alimentation, de leur artisanat et de leurs pratiques sexuelles. J'ai juste été un instant interloqué par leurs dialogues ; des jeunes Indiens qui s'envoient des vannes de collégiens, des adultes qui tiennent des propos de Café du Commerce... Rien à voir avec les habituelles paroles du type : « Ugh ! Moi vouloir échanger scalp Visage-Pâle contre tomahawk !... »

Plus sérieusement, je me suis demandé par moment où l'auteur m'emmenait… Juste un minimum de patience !... C'est le propre des grands romans de nous astreindre à les lire jusqu'au bout pour en saisir la cohérence et le sens profond. Finalement, le rêve américain est-il d'amasser toujours plus d'argent sans en avoir besoin ou est-ce de permettre à chacun de faire ses choix en toute liberté ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le monde des lecteurs et la presse semblaient unanimes quant à la qualité du roman « le fils ». Faute de temps, j'avais loupé sa sortie. Je n'ai pas réitérer l'erreur et je me suis jeté sur le format poche.

800 pages…ça peut faire peur, c'est même intimidant ! 800 pages retraçant le destin d'une famille texane sur un siècle et demie…je redoutais quand même de longs passages ennuyeux de descriptions de grands espaces comme savent si bien le faire les auteurs de ce type de fresque. Mais passé les premiers chapitres confus, qui m'ont un peu perturbé, je me suis vite rendu compte que j'avais affaire à toute autre chose. La mayonnaise a tout de suite pris et j'ai été emballé par ce récit, qui alterne entre trois membres de la famille répartis sur cinq générations.

Chaque personnage fait face aux problématiques et aux coutumes de son époque avec son caractère propre. Malgré leur lien de parenté, ils ne sont pas tous faits du même bois et n'ont pas tous les mêmes idéologies. Cependant la destinée de toute la famille va être dictée par leurs différents choix, les décisions de l'un entraînant le destin de la génération suivante. Philipp Meyer nous démontre alors que l'histoire se répète sans cesse et que les forts d'aujourd'hui créent les faibles de demain et réciproquement.
Parallèlement le récit permet d'assister à l'évolution d'un pays et des mentalités à travers les siècles. On découvre alors les dérives raciales d'un peuple américain pourtant multiculturel. Ces dérives qui font aussi son Histoire ! Sans abuser de descriptions, l'auteur a su recréer l'atmosphère de l'époque, me transporter dans ces contrées sauvages, afin d'y revivre ces moments historiques.

Mais ce qui fait de ce livre un grand roman, c'est la grande humanité qu'il dégage avec ses personnages travaillés et approfondis. On est en empathie avec eux tous, dans les moments tendres et romantiques comme dans les moments difficiles et violents. Avec des ambitions pourtant antinomiques, ils ont su chacun m'émouvoir de leur sort. L'écriture de Philipp Meyer est agréable et les aventures sont racontées avec une force romanesque impressionnante. Il a dû déployer un travail titanesque pour donner naissance à ce petit bijou, historiquement et humainement magnifique !
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Une incroyable compilation d'émotions, de situations, d'époque, de personnages, de style...une longue traversée de trois univers, de trois époques qui mettent en lumière trois générations d'une même famille allant de 1936 à 2010 avec une recherche stylistique traitée avec minutie qui en fait une véritable saga familiale
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Attention chef d'oeuvre!!!
Difficile de passer après les très nombreuses précédentes critiques sans dire ou redire encore et encore la même chose.
Comment être original?

Déjà première surprise pour moi: je n'ai pas vu le temps passer en lisant les presque 700 pages de ce monstrueux roman.
Monstrueux par la longueur mais surtout par l'histoire.
Quelle épopée, quelle histoire familiale délicieusement contée par Philipp Meyer.

Quelques petits moments difficiles au début du livre pour ne pas me perdre mais par la suite, les pages se tournent sans que l'on s'en aperçoive.
On jongle entre l'histoire du colonel Eli, le patriarche, celui par qui tt a commencé, son fils Peter au travers de son journal et enfin la petite dernière Jeannie.

Une seule et même famille mais 3 caractères bien différents. Si Eli est fort dans tous les sens du terme, Pete est plus tourmenté et Jeannie est un peu un mélange des deux précédents personnages.

Comment ne pas être admiratif devant l'écriture de Philipp Meyer. Elle est envoutante! le style est aussi accessible qu'imager. On se croirait dans un film lorsqu'on lit Eli.
Et pourtant l'auteur parle de tout: de sexe, de violence, parfois extrème avec les scalps... sans jamais choquer ou faire dans le cliché.

De même, la "cohabitation" pour ne pas dire guerre entre les différents peuples (blancs, indiens, comanches, mexicains, ...) est parfaitement décrite. de l'esclavage aux servantes, de la guerre à la paix... la dynastie des Mc Cullough ne peut laisser indifférent.

Et la petite histoire entre les deux familles Mc Cullough et Garcia sert de trame à tout le livre. L'amour n'est pas oublié.

Je suis peut être dithyrambique en refermant la dernière page de ce roman, mais croyez moi cela le vaut bien.
A lire, à relire et à ne surtout pas rater.

En espérant que le film qui sera certainement tiré du roman sera à la hauteur...

5/5
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C'est l'histoire de la famille McCullough de 1850 à nos jours, à travers 3 voix. Eli, en 1850, est enlevé par des Comanches et va vire avec eux et surtout, apprendre à vivre comme eux. Ensuite, il y a son fils, Peter, qui se débat dans une guerre avec les Mexicains au début du XXème siècle. Et enfin, Jeanne-Anne, son arrière-petite-fille, 82 ans en 2012, et qui raconte sa vie à la tête d'un empire du pétrole.
Les 3 vois s'alternent. A chaque chapitre, on change d'époque et de contexte. Il y a bien un petit temps d'adaptation, mais ça se surmonte vite. Ceci-dit, j'ai eu un peu plus de difficultés à prendre mes repères dans le récit de Peter. Ce contexte historique m'est très peu connu.
J'ai adoré le style d'écriture et de narration. Les chapitres sont assez longs au début, et de plus en plus courts au fur et à mesure vers la fin. Les personnages sont loin d'être des tendres et en ont vu de toutes les couleurs. Ils se battent pour vivre et survivre dans ce monde sauvage, quelle que soit l'époque.
Une grande saga familiale américaine qui vaut le détour.
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De la conquête héroïque aux puits de pétrole, voici l'Histoire du Texas !
Si vous vous souvenez avec bonheur des westerns en noir et blanc du dimanche après-midi sur la première chaine de l'ORTF, ce gros pavé est pour vous : voici l'authentique histoire des pionniers, des rangers et du peuple comanche qui domina pendant un temps les grandes plaines de l'Ouest, voici l'histoire d'un état que se sont arrachés les apaches, les comanches, les mexicains, les pionniers puis les éleveurs et enfin les producteurs de pétrole américains, tous sûrs de leur bon droit et déterminés aux pires exactions pour conserver leur domaine et écraser leurs voisins.
A travers l'histoire conjuguée d'Eli McCullough, le père, enlevé à 11 ans par une tribu comanche après avoir vu sa mère et sa soeur violées et tuées, son frère massacré et sa maison brûlée en l'absence de son père, Peter, son fils, à l'âme de poète qui refuse les codes de l'Ouest sauvage , et Jeannie, son arrière-petite-fille qui dirigera d'une main implacable un empire pétrolier dans un contexte à peine moins violent que celui de la conquête de l'Ouest, c'est tout un pan de l'histoire contemporaine du Texas qui se déroule sans états d'âme ni tabou sous nos yeux arrondis. On croyait que la férocité des indiens était très surfaite… bof, pas tant que ça ! On se disait que les colons n'avaient que leur courage pour se défendre contre les méchants indiens, ouais, et quelques armes aussi. Peter, le fils maudit, est là en contrepoint, qui refuse la légende d'une nation héroïque et sans tache, lui qui n'oubliera jamais le massacre des Indiens et la spoliation des Mexicains, lui qui vivra une magnifique histoire d'amour avec une mexicaine.

Finalement, Goscinny n'avait pas tellement forcé le trait dans ses albums tels que le Juge ou bien Des barbelés sur la prairie, voire, il était même peut-être bien en deçà, car au Texas en ce temps là, les enfants de choeur pouvaient aller se rhabiller, et la fureur de posséder rivalisait avec l'absence totale de scrupules, de foi et de loi ! de la chasse au bison à la confection d'un arc, de flèches et de mocassins, on y apprendra également quelques tortures traditionnelles comanches et des trucs utiles pour survivre au grand air, un manuel scout, quoi !
Une histoire brutale et impitoyable donc, contée avec virtuosité et rythme : passionnant et plein de souffle !
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Saga familiale, un peu de l'histoire du Texas, avec les autochtones, la colonisation, la désertification provoquée par l'élevage intensif, la découverte et l'exploitation du pétrole.

Les chapitres alternent en trois fils de narration. Il y a celui d'Eli / Tiehteti, celui qu'on appellera le Colonel. Jeune adolescent, il a assisté au massacre de sa famille et a été enlevé par des Comanches qui sont devenus sa famille. On le suit à travers les guerres et les épidémies qui déciment les autochtones ainsi qu'à la spoliation de leurs terres. de retour chez les Blancs, il deviendra un homme riche et impitoyable.

Le second fil est le journal de son fils Peter, un homme sensible, plus avide de littérature que de richesse. Traumatisé par la tuerie des voisins mexicains, il est hanté par la violence et les fantômes du passé.

Finalement, celui de Jeanne Anne (J. A.), petite-fille de Peter, héritière du patrimoine familial, femme qui aura du mal à se faire une place dans le monde du pétrole.

Un grand roman à saveur historique, pour comprendre un peu la terrible violence du Texas tout en mettant en scène la nature sauvage, mais aussi les êtres humains, les amitiés, les amours et liens familiaux.

J'ai parfois été frustrée par l'alternance des narrateurs qui donne l'impression de lire trois romans à la fois. J'avoue alors avoir enchainé quelques chapitres du même narrateur pour revenir ensuite.
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Roman à trois voix, trois générations aussi distincte l'une de l'autre malgré leur lien de parenté…

On pourrait résumer cela avec "Le fort, le veule et l'ambitieuse".

Autant le récit d'Eli McCullough est passionnant, autant celui de Jeanne-Anne, son arrière-petite fille, est endormant. Des trois récit, c'est celui que j'ai le moins aimé, du moins, au début, vers les trois-quart, ça allait mieux.

Une fois devenue adulte, son ambition donnera du piment à son récit.

Quant à Peter, le fils d'Eli et grand-père de Jeanne-Anne, j'ai aimé son personnage de fils écrasé par l'ombre du père. Ce fils qui voudrait s'affirmer mais qui n'ose point. Cet homme empreint d'une grande humanité mais qui n'a pas su crier et s'imposer pour arrêter les autres lors d'un jour funeste.

On ressent bien la souffrance de Peter dans son récit qui, contrairement aux autres, semble tout droit sorti d'un agenda à cause de ses phrases parfois succincte genre "Ait sellé mon cheval".

Si le récit du patriarche, le fondateur de la dynastie McCullough, est aussi prenant, c'est dû au fait qu'il s'est fait enlever à l'âge de 11 ans par les Comanches, juste après avoir assisté aux viols de sa mère et de sa soeur, avant leur mise à mort.

S'ensuivront 3 années de captivité où le petit Eli, à force de courage et de force, va se hisser petit à petit dans la tribu, devenant un indien à part entière.

Ce récit est une véritable fresque américaine qui va de 1850 à nos jours, retraçant en quelques 700 pages une partie de la colonisation des terres indiennes par les Blancs, la guerre de Sécession, la fin des guerres indiennes et des indiens, la Grande Guerre, la Seconde, sans oublier la fièvre de l'Or Noir.

La manière d'écrire les trois récits (avec une quatrième voix à la fin) est différente, donnant l'impression qu'il y a bien trois auteurs.

Les chapitres se terminent souvent en cliffhanger, frustrant le lecteur et lui donnant un suspense qui fera tourner les pages plus vite.

Hélas, comme je le disait, le récit de Jeanne-Anne m'a gâché une partie du roman car je n'ai pas su accrocher avec elle, prenant plus de plaisir avec les histoires d'Eli au siècle passé et avec celles de Peter, face à la Grande Guerre en Europe.

Malgré ce petit bémol, je ne regrette pas ma lecture, tant j'ai voyagé dans le temps et dans l'espace, découvrant les blessures secrètes des uns, la force de caractère des autres, serrant les dents devant certains passages et souffrant avec les personnages, que ce soit dû à une douleur physique ou morale.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Albin Michel vient de publier un de mes gros coups de coeur de cette rentrée littéraire étrangère mais plus encore un coup de coeur d'une vie, un livre qui m'a marqué, que je n'oublierai jamais. Si je dois vous donner envie de lire une dizaine de livres cette année, celui-ci fait assurément parti du lot. Cette fresque, cette épopée est à un niveau tel que je ne sais même pas comment redescendre sur terre.

Philipp Meyer signe ici un roman d'une prouesse romanesque remarquable tant dans le style que dans l'histoire. Tout d'abord, les protagonistes. J'ai trouvé l'idée de mélanger la vie de trois personnes d'une même famille mais de générations différentes juste parfaite : l'auteur a réussi à éviter les coupures brutales tout est lié de façon sublime et je suis encore estomaquée par ce don à rendre complémentaire chacun de ces récits pourtant très différents. Aucune histoire est en-deçà d'une autre : j'ai adoré suivre Eli afin de découvrir les Comanches (vraiment merveilleux ce voyage!), j'ai été happée par l'histoire de Peter - le fils d'Eli - qui va aller à l'encontre de son père et de ses attentes pour l'amour de sa vie et enfin Jeannie -la petite fille de Peter- qui amène la touche féminine et le point final à toute cette famille... ou pas ?

Au-delà de ces personnages touchants, fascinants qui sauront devenir vos amis le temps de cette lecture - un gros pavé mais c'est si court ! - et qui vous marqueront encore longtemps, c'est l'histoire qui est magistrale. Les derniers romans américains à succès de ces dernières années étaient plus "intimistes", ici vous retrouverez enfin la puissance littéraire des grands classiques comme Les Raisins de la colère de Steinbeck. Vous allez vivre plusieurs siècles au Texas et découvrir ainsi un pan de l'Histoire des Etats-Unis : passionnant !

L'écriture... Que dire sinon qu'elle est en adéquation, en osmose avec le récit : à la fois si fluide et poétique. Je me permets de saluer l'excellente traduction de Sarah Gurcel qui a su retranscrire à la perfection le texte original. Ce style nous envoûte et nous lisons ce livre si vite que l'on croirait à la fin qu'il ne contenait qu'une cinquantaine de pages.

En définitive, Philipp Meyer sera très attendue pour son prochain roman, celui-ci aurait déjà dû mériter tous les prix littéraires 2014 (finaliste du prix Pulitzer tout de même !) The Washington Post a dit de ce livre qu'il était un grand roman américain, j'irai plus loin c'est LE grand roman américain de cette année et peut-être même du XXIème dans le respect de ses ancêtres et dans l'ambition, l'innovation de son époque.
Merci à Albin Michel de nous permettre de lire ce livre... Un seul conseil : lisez-le de toute urgence !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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A l'exception de celui de l'Allemand travailleur et compétent, c'est une quantité de mythes qui sont dépoussiérés, « dysonnés » pour ne pas dire dynamités par ce roman formidable.
Commençons par celui des gentils Indiens, poursuivons avec celui des valeureux Texas Rangers ou bien celui des convois de bétail partis d'Abilene pour traverser le continent sous la garde de ces si romantiques cow-boys sifflant dans leur harmonica de belles mélodies le soir au bivouac. Oublions aussi le mythe glorieux de la « Frontière », des révolutions mexicaines de Villa et Zapata, de la solidarité entre voisins, renonçons à ceux de l'amour maternel, du respect filial, des gentilles vieilles dames, des fils aimants leur père et des pères fiers de leurs fils. Jusqu'à Dolores, la fidèle gouvernante mexicaine de la famille, qui n'a que peu à voir avec l'affectueuse Mamma Ruth d'Autant en Emporte le Vent. Tous ces archétypes ne peuvent résister à la peur, à la dureté des sentiments, à la violence des événements, à l'implacable cruauté de ce récit.
Autour d'Eli, un personnage de légende, enlevé et élevé par une bande de Comanches à douze ans, après avoir vu sa soeur et sa mère violées, mutilées puis assassinées comme son jeune frère, ce sont plus de cent-cinquante ans d'histoire texane qui défilent, de l'Indépendance texane aux deux Guerres mondiales en passant par la Guerre de Sécession. le Colonel, comme il se fait appeler, qui vivra centenaire est devenu un redoutable chef de clan aussi impitoyable que ses débuts dans la vie. Admiré et respecté de ses amis comme de ses ennemis, il emprunte un peu des héros de l'Ouest que furent Davy Crockett ou Kit Carson. Chevaux sauvages, bétail, coton, pétrole, rapines et vols, pendaisons expéditives, moeurs indiennes, guerres tribales, expansion américaine, recul mexicain, génocide indien, tout est magistralement décrit et dépeint dans de magnifiques panoramas dont la majesté est sporadiquement éclaboussée de brutales explosions de violence qui aident à comprendre que cet état soit, aujourd'hui encore, un peu à part.
« Pour revenir à l'assassinat de JFK, ça ne l'avait pas surprise. Il y avait alors des Texans encore vivants qui avaient vu leurs parents se faire scalper par les Indiens. »
Au bout de la chaîne familiale, il y a Jeanne Anne, l'arrière-petite-fille du fondateur de la tribu, un personnage attachant, qui connaît l'amour, fonde une famille, perd presque tout et finit par se révéler la forte femme à laquelle échoit au final la responsabilité du domaine et le redoutable rendez-vous avec l'histoire tragique de sa famille. Face au patriarche, comme l'indique le titre du roman, il y a son fils. le Fils, seul personnage capable, en s'opposant au Colonel, de tenter de substituer à la violence la raison, à la cruauté l'empathie, à la haine l'amour. de quoi se sentir bien seul.
Au-delà de la passionnante opposition de caractères et de l'histoire qui défile dans la fureur, il est impossible de ne pas penser à la leçon contenue en filigrane. La violence reste constitutive de l'espèce humaine, ceux qui refusent de se battre périssent, tout comme ceux qui ne se battent pas assez bien ; les dominants d'aujourd'hui seront les dominés de demain, les civilisations aussi brillantes soient-elles auraient tort de se penser immortelles car il y a toujours de nouveaux barbares pour les détruire, comme l'auteur le précise dans la préface en citant Edward Gibbon.
« Les vicissitudes de la Fortune, qui n'épargnent ni l'homme ni son plus bel ouvrage (…), ensevelissent villes et empires dans une même tombe. »
Il paraît qu'on fait rarement un bon roman avec des personnages lisses et des histoires édifiantes. Celui-ci est assurément un excellent roman !
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