De quoi s'agit-il ?
De la contemplation d'une oeuvre «
Les Onze », peinture magistrale de François-Elie Corentin, le « Tiepolo de la Terreur » qui a détourné l'attention de la Joconde depuis qu'il est exposé dans le pavillon de Flore au Louvre. «
Les Onze », ou les membres du Comité de Salut public en 1794, une commande étonnante aux intentions restées troubles : le commanditaire souhaitait-il prendre une assurance pour des temps incertains ou rendre hommage à
Robespierre ?
Le commentateur qui guide le regard du lecteur (j'ai un de mal à l'appeler narrateur) rend tellement vivant ce tableau que, réellement, j'ai cherché quel pouvait être le modèle de cette oeuvre imaginaire. Il connait tout du peintre, de ses origines, des origines de l'oeuvre…
J'y ai vu ce meurtre du père qu'évoque à plusieurs reprises notre guide en parlant de l'exécution du roi : est-ce un hasard si tous les protagonistes du tableau ont le visage du père du peintre, un écrivain d'origine limousine dont l'histoire littéraire n'a pas retenu le nom ?
Onze fois Corentin de la Marche. Onze fois le père et sa vocation, son alibi. Onze fois la main à plume, l'auteur – mais l'auteur incertain, égaré, limousin. Des rejetons égarés de la littérature une et indivisible, tous : car ils aimaient la gloire, l'idée de la gloire, plus que tout, leur présence derrière la vitre en fait foi ; et la pure gloire, en ce temps comme dans les autres, vous venait par la littérature, qui était le métier d'homme. (p.51-52)
J'ai vu dans ce roman le processus de la création artistique quelle qu'elle soit : ce que l'artiste met de lui, de ses origines, de sa vie, de sa formation dans l'oeuvre… : on retrouve dans la toile la figure du père, le poids des ancêtres, paysans limousins, les traces de la peinture vénitienne du XVIIIe siècle, apprise dans l'atelier de Tiepolo mais aussi l'ombre honnie de David, auquel on aurait pu légitimement confié ce tableau. Mais ce qui fait une oeuvre, ce sont aussi les circonstances qui poussent l'artiste à s'exprimer, ici une étrange commande qui pousse l'artiste à s'exprimer pour son bonheur ou son malheur et on pense à Mozart recevant la visite du commanditaire du Requiem.
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