Ce tome fait suite à Hell on Earth 3 - Russia. Il contient les 3 épisodes de la minisérie "The devil's engine", et les 3 épisodes de la minisérie 'The long death", parus en 2012. Tous les scénarios sont de
Mike Mignola et
John Arcudi.
The devil's engine (illustrations de
Tyler Crook) - Andrew Devon (un agent ordinaire du BPRD) a retrouvé et rejoint Fenix et son chien Bruiser, quelque part dans une zone naturelle des États-Unis. Ils s'apprêtent à prendre le train pour rejoindre la base du BPRD dans le Colorado. Fenix a un mauvais pressentiment concernant ce train. le voyage va être mouvementé. Au siège social de l'entreprise Zinco, Herr Marster montre la jolie collection de souvenirs du précédent propriétaire, à son adjointe Evelyn. Puis il effectue un point d'avancement avec le responsable technique du projet visant à ramener l'ancien propriétaire.
Mignola et Arcudi reviennent au personnage de Fenix, déjà vu dans Gods and monsters. L'agent Andrew Devon est chargé de ramener cette jeune personne vivant en marge de la société et se défiant de l'autorité établie, car elle pourrait apporter une aide significative dans la lutte contre les monstres. L'histoire suit principalement Devon et Fenix pour un voyage mouvementé pendant lequel les épreuves obligent chacun des 2 à mettre en avant leur personnalité profonde, et à apprendre à cohabiter et à coopérer. Les histoires de Mignola et Arcudi reposent sur un savant dosage entre action, éléments surnaturels et monstrueux, et interactions entre personnages. En fonction des récits le dosage est plus ou moins bien équilibré. Ici par la différence d'attitude entre Devon et Fenix, ils arrivent bien à retranscrire la différence d'âge (les bouderies de Fenix, le professionnalisme de Devon), et leur différence d'expérience face aux monstres.
Par contre, Mignola et Arcudi ont choisi de transformer leur périple en un huis clos où Fenix et Devon se retrouvent seuls tous les 2, face aux monstres. Assez vite, le cycle habituel s'installe : confrontation, fuite de justesse, confrontation, etc. Sans être fade, cette dynamique reste très classique. Ces séquences sont entrecoupées des avancées d'Herr Marster et ses sbires à Zinco pour ramener le Maître. Il s'agit pour les scénaristes de préparer une future histoire, en développant des intrigues laissées en plan depuis quelques tomes. Les expériences de Zinco sont assez savoureuses, et Herr marster présentant la collection de souvenirs nazis à Evelyn est irrésistible dans sa candeur.
Tyler Crook continue de développer son style petit à petit tout en restant dans la droite ligne visuelle définie par Guy Davis pendant toutes les années précédentes. Il utilise un encrage moins griffé que celui de Davis, plus agréable à l'oeil, tout en conservant cet aspect spontané et naturel, comme si le dessin avait été effectué rapidement, comme si la scène avait été croquée sur le vif. Il sait exprimer une vaste gamme de sentiments nuancés au travers des visages, et les séquences d'action se lisent toutes seules.
Si le fond de l'histoire manque un peu d'originalité et de piment, le mode narratif tant structurel que pictural rend cette histoire agréable à lire. 4 étoiles.
-
The long death (illustrations de
James Harren) - La surveillance des phénomènes surnaturels effectuée par le BPRD a mis en évidence une série de disparitions en Colombie Britannique. Ape Sapien étant toujours sur la touche, Johann Kraus se porte volontaire pour prendre la tête d'une équipe d'enquête, comprenant Carla Giarocco. Il a plusieurs raisons pour vouloir mener lui-même ces investigations, raisons qui remontent au commandement de Benjamin Daimio, à la tête du BPRD.
Cette deuxième histoire a pour objectif d'apporter une fin à plusieurs intrigues secondaires laissées en suspens (certaines depuis Killing ground) dont, enfin, l'utilisation du couteau sacrificiel récupéré il y a de cela de nombreux épisodes par Johann Kraus. C'est également la limite de cette histoire. Si le lecteur est pleinement immergé dans la continuité des histoires du BPRD, il appréciera pleinement de voir aboutir ces intrigues secondaires sur une résolution satisfaisante. Si le lecteur a papillonné parmi tous les tomes du BPRD, ou s'il s'est initié à cette série à partir du premier tome de "Hell on earth", il est à craindre que les motivations de Johann Kraus, et ses explications le plongent dans une profonde perplexité. En fait, même pour le lecteur assidu, la révélation relative à ce couteau semble arriver tardivement. Pour le reste, Arcudi et Mignola proposent une histoire avec des monstres bien monstrueux dans des bois froids et désolés, pour atmosphère bien glauque et angoissante. Malheureusement la résolution est un peu téléphonée.
C'est l'occasion de découvrir un nouveau venu sur la série :
James Harren (déjà croisé pour une histoire courte d'Abe Sapien dans The Devil does not jest & others, et dans une histoire de Conan Queen of the black coast). Il a une tâche assez intimidante : faire croire à la monstruosité sauvage de 2 créatures, tout en rappelant au lecteur qu'il y a une âme humaine enfouie dans chacun d'entre eux. J'ai été très impressionné par sa capacité à relever ce défi, et à le réussir haut la main. Il sait transcrire l'inhumanité dangereuse de ces 2 créatures, décrire des bois désolés et les rendre inquiétants, montrer la fragilité des êtres humains normaux dans cet environnement peu hospitalier, face à ces forces de la nature destructrices. L'ambiance est d'une densité totalement immersive, une grande réussite visuelle qui transforme avec une deuxième moitié convenue, en un spectacle saisissant. Il est bien aidé par Dave Stewart qui semble avoir plus soigné sa mise en couleurs dans cette partie que dans la première.
Les illustrations très réussies de
James Harren transforment un récit un peu convenu et un peu référentiel, en une aventure visuelle terrifiante et viscérale. 4 étoiles.