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3,81

sur 63 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À la lecture du CV d'Eric Miles Williamson, j'vous le cache pas, j'ai frémi.
Pensez donc. Titulaire de trois masters et d'un doctorat, je sentais venir le truc chiadé qui, très rapidement, allait me dépasser (pour peu que je fusse devant un seul instant).
Lecture d'une puis de deux puis de trois lignes, retour au pédigree de l'auteur dans un louable souci de contrôle oculaire.
No problem, Houston.
C'est juste que le gars Williamson m'a séché, direct, sans préavis.

Bienvenue à Oakland, vaste fumisterie.
Écoutez T-Bird Murphy vous en dresser le portrait, m'étonnerait que cette ville ne devienne votre prochaine destination petit coeur avec les doigts.

T-Bird ne parle pas, il crache, il vomit, sur tout et presque tous.
Les filtres, la pensée unique, connait pas.
Non, ce mec, c'est une énorme mandale dans la gueule de la société et vous, en témoin privilégié, d'assister à un démontage en règle d'un monde qui est vôtre.
Peut-être même idéalisé pour certains d'où un léger sentiment de gêne à prévoir à la lecture de ce cyclopéen cri primal.
Alors oui, ça éructe, ça jure, c'est cash, sans concession, mais putain que ça fait du bien.

Merci, m'sieur Williamson, pour cette généreuse bouffée d'air vicié.
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"Ce dont on a besoin, c'est d'une littérature IMPARFAITE (...), une littérature qui HURLE A L'ANARCHIE, apporte de L'ANARCHIE, qui ENCOURAGE, NOURRIT et REVELE la folie qu'est véritablement l'existence (...), une littérature qui dévoile la vie de ceux qui se font ECRABOUILLER et DETRUIRE (...)", écrit T-Bird Murphy, le narrateur de ce roman. Objectif brillamment atteint, avec ce récit hallucinant.

T-Bird Murphy se terre dans un garage du Missouri, mais il ne nous dira pas pourquoi. Toutefois, il nous raconte ses années de jeune adulte passées à Oakland -son enfance destroy, il l'a déjà racontée dans "Gris Oakland", dont j'ignorais l'existence et que je n'ai pas lu (flûte !). La jeunesse de T-Bird Murphy est celle d'un laissé-pour-compte du rêve américain, qui enchaine les boulots harassants, les virées au bar et les délires entre potes. Avec lui, on sombre dans le ghetto "white trash", pollué, miséreux et raciste d'Oakland.
Ce pourrait être plombant, mais T-Bird est un poète et un enragé. Un passionné de jazz, féru de littérature, qui rêve d'amour dans le brouillard jaune qui tombe sur la baie, qui célèbre la classe ouvrière ("Ce livre parle des gens qui TRAVAILLENT pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres, les gens qui se lavent les mains à la térébenthine, au solvant ou à l'eau de javel (...)"), qui tutoie son lecteur ("Pour toi, ce sont des PERSONNAGES, pour moi, c'est la FAMILLE, ceux avec qui j'ai grandi."), et règle ses comptes avec la littérature ("Et Theodore Dreiser, il a écrit les phrases les plus pourries jamais écrites à ce jour, mais "Sister Carrie" en dit plus et tape bien plus fort que tous les romans de Pynchon, cette branlette superbe, érudite et experte. Que la PERFEXTION aille se faire mettre."). Devant une telle furie, je suis saisie d'admiration.

L'écriture d'Eric Miles Williamson me fait penser à un mélange de Bukowski-Selby Jr- Kerouac ; wow, quel cocktail ! Et comme ça fait du bien d'être bousculé de la sorte ! J'adore cette forme de férocité qui ne tombe jamais dans le cynisme. Car il y a quelque chose de doux et de douloureux dans ce roman, une humanité et une dignité qui réchauffent l'âme. Et puis, c'est parfois très drôle.
J'ai donc beaucoup aimé ce roman rugueux et poisseux comme du goudron, et totalement incorrect ; punk's not dead, et c'est une bonne nouvelle ! Et encore un auteur que je ne vais pas lâcher.
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" Ce livre parle des gens qui travaillent pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres. […] Pour toi, ce sont des personnages, pour moi c'est la famille, ceux avec qui j'ai grandi". Ainsi, en s'adressant directement à nous, lecteurs, le narrateur, T-Bird, va nous raconter sa vie. Et, il ne nous ménage pas ! Ses paroles sont remplies de haine et de rage. Autant vous dire que c'est un texte noir, très noir. Voilà un livre coup de poing, un livre dont on ne sort pas indemne.

Nous sommes en été, il fait 40°. T-Bird Murphy vit reclus dans un garage miteux au milieu de nulle part dans le Missouri mais il vient d'Oakland, en Californie. Comment a-t-il fini là ? Il ne le révélera pas. "Je ne peux pas le dire" dit-il. de là, il écrit un bouquin dans lequel il nous livre quelques épisodes de son existence révoltée contre une société qui l'exclut. Il parle de lui, de sa famille et de l'environnement totalement " White trash" (déchet blanc) dans lequel il a vécu. Il décrit des soirées abondamment arrosées, commente la vie de quelques-uns de ses amis, évoque ses petits boulots, la pauvreté, les contrastes sociaux, l'alcoolisme, les déviances sexuelles et aussi la forte solidarité qui existe entre les gars de son quartier. Sur un fond de musique des bas-fonds (passionné par la trompette, le jazz, il a été musicien…), T-Bird déverse ses souvenirs et noie dans le whisky l'amertume que lui inspire une société consumériste, rongée par l'image, par le désir de pouvoir et la soif inépuisable de l'argent.

Eric Miles Williamson ne livre pas seulement des flash-back, il livre un roman passionnant. La forme est un bel exercice de style, mais c'est aussi une manière pour l'auteur de mettre en relief l'humanité du narrateur. le lecteur a le sentiment d'être le dépositaire d'un message, de même qu'il participe activement à l'humanisation du personnage qui prend véritablement corps sous ses yeux. Personnage atypique à l'intérieur duquel se côtoient et s'affrontent faiblesses et forces, T-Bird percute son lecteur avec son parler mordant. Eric Miles Williamson évite soigneusement tout pathos et tout manichéisme, son Amérique n'est jamais réduite à une dualité simpliste où ne régneraient que le noir et le blanc. Pour autant, son roman n'est pas non plus gris, au contraire. Sa vision du monde, tout du moins de son entourage, se compose d'une multitude de métissages. Ni complaisant ni provocateur, n'ayant en aucune manière le projet d'offenser, l'auteur ne semble rechercher que la sincérité. C'est sans doute la raison pour laquelle on éprouve tant de justesse en découvrant sous sa plume la ville d'Oakland. Et quelle plume ! Trempée dans le vitriol mais poétique et musicale, elle nous emporte dès les premières pages et ne nous lâche plus. Un roman d'une incroyable puissance. Un roman que je conseille à tous ceux qui apprécient de voir la vérité en face et qui refusent d'être dorlotés par un livre.
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A travers ce roman d' inspiration largement autobiographique, Eric Miles Williamson se lance avec fureur dans la lutte des classes tout comme dans la lutte des sexes. le narrateur, T-Bird , revendique pleinement sa condition de prolétaire . Lui et ses copains, piliers du bistrot " chez Dick", s' entendent pour fustiger aussi bien leurs patrons exploiteurs , les nantis vivants du bon côté de la baie de San Franscisco, leurs compagnons de ghetto noirs et mexicains, que leurs ex-épouses vénales et leurs c. . . . . . . d' avocats , qui, non contents de les priver de leurs enfants, leur font cracher d' exhorbitantes pensions alimentaires, les condamnant par cela à loger dans des caravanes ou dans leurs véhicules.Dès le début, le lecteur est surpris par la véhémence du propos , le flot de récriminations et d' invectives qui lui semblent adressées directement, comme si l' auteur cherchait à éviter que son témoignage suscite trop de compassion. Par la suite, le ton se radoucit , avec de l' humour, des passages touchants sur la musique venant abolir quelque peu les barrières raciales..Pour l' auteur, en littérature, ce que l' on a à dire est plus important que le style.En bref, un ouvrage revigorant, bourré d' énergie et anticonformiste dans la lignée des Bukowski, John Fante, Donald Ray Pollock et autres.
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Bienvenue à Oakland ? Mon cul, oui ! Pas vraiment la destination rêvée pour les vacances et une fois la lecture entamée, on est vachement heureuse de ne pas être originaire de là.

Qu'est-ce qui à Oakland ? Des gens qui travaillent pour gagner leur vie, des bosseurs manuels, des trimeurs, des esclaves, genre damnés de la terre, des gens qui se salissent dans leur boulot et qui ne seront jamais propres, même après s'être lavé les mains à la javel ou à l'essence de térébenthine.

Il y a, dans ces pages, un monde souterrain, une faune d'humains qui vivent d'une autre manière que nous, des gens qui ont les mains abîmées à force de les avoir plongées dans le cambouis ou de les avoir récurées au solvant.

Bienvenue chez le peuple de l'abîme version américaine. T-Bird, le narrateur, n'a pas eu besoin de se déguiser pour découvrir la vie de ces miséreux alcoolos, drogués, paumés, cocus de première, non, il y est né, il y a grandi et même après s'en être sorti, il y est revenu, parce que c'est ici son Home Sweet Home, même si avait rêvé d'aller chez les Autres, ceux qui avaient du fric et qui l'étalaient.

Âmes sensibles ou puritaines, abstenez-vous d'ouvrir ce roman et de le lire car le narrateur ne fait pas dans la dentelle, c'est cru, violent, sans édulcorant, brut de décoffrage. Nous explorons le monde d'en bas…

Avis aux puritains : si vous voulez tout de même le lire, vous me ferez le compte de tout les gros mots tels que enculés, putains, bites, loches, baiser, merde, nègres, négros, et j'en passe !

Oui, le style est cru, violent, les paroles haineuses, la plume n'y va pas par quatre chemins, elle a la rage et le narrateur digresse souvent dans son récit, nous expliquant des tas de choses tout en nous causant d'autre chose et j'ai parfois perdu le fil du départ. Mais on s'habitue vite et le récit devient addictif.

Dans ces pages, on ne fréquente pas le beau monde, ni le haut du panier, on est dans une sorte de ghetto blanc, chez ce qu'on appelle des White trash, ou déchets blancs, on boit dans un bar miteux, on croise des gens peu fréquentables, mais uni par une profonde amitié et par le fait qu'ils vivent dans le même quartier.

L'Amérique décrite ici n'a rien à voir avec ce que l'on voit dans les séries clinquantes, nous ne sommes pas à Beverly Hills mais à Oakland avec les paumés de la vie, avec les gens qui, quoiqu'ils fassent, ne sortiront jamais de là et trimeront jusqu'à leur mort, qu'elle survienne dans leur lit, par un gang ou par un accident de travail.

Un roman noir qui malmène son lecteur, qui ne lui laisse que peu de fois respirer, qui insulte le lecteur bobo qui jouit de tout le confort.

Un roman dont l'auteur a trempé sa plume dans de la rage pure, dans le vitriol, mais sans jamais sombrer dans le manichéisme, le pathos ou dans la violence gratuite avec des descriptions insoutenables.

Bienvenue dans le monde des gens qui bossent pour ne pas crever de faim, pour essayer de payer leurs factures, d'avoir un toit sur leur tête ou au moins une caravane, bienvenue dans un monde où la femme n'en sort pas grandie (nos consoeurs qui frayent dans ces pages sont de vraies salopes), où l'on boit pour oublier que l'on trime du matin au soir et qu'on change de boulot plus souvent que de calebard !

Noir c'est noir, il ne reste même plus l'espoir, pourtant, je me suis immergée dans cette noirceur avec facilité et j'ai même ri avec le bon tour joué à Fat Daddy ou avec certains personnages totalement déjanté.

Une lecture à réserver aux amateurs du genre, ou à ceux qui veulent que leur lecture leur foute un coup de pied dans le cul !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Dès les première lignes de "Bienvenue à Oakland" Eric Miles Williamson donne le ton de son roman. Il sera noir, pessimiste, grave, sérieux, glauque, véhément, violent, âpre, cynique, obscène, sans concession pour rien ni pour personne, à commencer par celui qui parle. T-Bird Murphy. Sans-abri parce que trop pauvre pour se payer la caution d'un appartement, mais pas clochard parce que survivant, végétant, stagnant grâce à de petits boulots sur les chantiers, dans les décharges municipales ou dans des stations services. Fils supposé de prolétaire irlandais, élevé à la va comme je te pousse dans les ghettos noirs et mexicains d'Oakland face à San Francisco par une bande de Hell's Angels, entre un père se tuant à la tâche pour pas grand chose en poche et une mère plus chaude que les braises d'un volcan en éruption, T-Bird Murphy a cru pouvoir s'extraire de son milieu d'origine. Il a voulu passer de l'autre côté de la barrière. Vivre là où l'herbe est plus verte, où les maisons sont pimpantes, où les voisins sont cordiaux, où les femmes sont belles et pas vulgaires, qu'elles ne tapinent pas contre une dose de came ou pour un casse-croute, où les voitures sont propres et bien entretenues. Vivre normalement. Comme les nantis, les Happy Few, les Happy People de San Francisco. Se dire un instant qu'entre lui et eux, les barrières étaient tombées, les verrous avaient sauté. Désespoir. Désillusion.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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Dès le premier chapitre du livre, on se prend une grande claque en pleine figure, pardon, pour rendre le style de l'auteur, il faut que je commence ainsi :

Dès le premier chapitre de ce bouquin on se prend une grande claque dans la gueule, on n'est pas là pour regarder timidement du bout de la lorgnette, pour tenter d'apercevoir un bout de la vie du héros tout en détournant les yeux si ce qu'on lit devient trop dérangeant. Oh que non ! T-Bird vous file d'emblée un tel coup de poing que vous comprenez de suite que puisque vous l'avez voulu, il ne vous fera pas de cadeau, n'enjolivera pas ce qu'il pense et ce qu'il a à raconter.

Autant que ce soit clair d'emblée…

Là, si vous avez supporté de vous faire insulter tout au long du premier chapitre, vous entrez dans un univers glauque, alcoolisé, laborieux et noir : Bienvenue à Oakland !
On est certes en Californie, mais pas du côté des villas hollywoodiennes et des stars siliconées. On est dans la vraie vie :

« Ce livre parle de gens qui travaillent pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres, les gens qui se lavent les mains à la térébenthine, au solvant ou à l'eau de javel …quand ils pèlent comme un serpent qui mue, dessous il reste encore de la graisse, de l'huile et de la crasse, imprégnées jusqu'à l'os. Pour toi, ce sont des personnages, pour moi c'est la famille, ceux avec qui j'ai grandi. »

T-Bird vit et travaille dans cette ville où l'insouciance n'est pas de mise ; où règnent la loi des gangs : les mexicains, les Hell's Angels ; où les accidents de chantier – et les autres - sont légions ; où la violence et les morts n'impressionnent même plus les gamins. Une ville où les gens comme lui vivent dans des caravanes, quand ils ont la chance d'en posséder une.

C'est une vie sinistre, une vie de galère, mais c'est une existence où le mot solidarité est bien réel, cette solidarité entre potes, entre losers. Ensemble contre la vie, contre l'injustice, contre la connerie quand l'un d'entre aux va trop loin et surtout contre ceux qui se permettraient bien de donner des leçons à ces hommes à qui la vie n'a plus grand-chose à prendre, s'ils en avaient le courage.

Une entraide qui aide à rester debout, qui donne la force d'être un homme et de relever la tête avec fierté.

Entre les boulots, pire les uns que les autres ; les nanas qui se tirent quand passe quelqu'un de mieux et qui extorquent des pensions alimentaires à vie ; la violence quotidienne ; la famille qui n'est pas la vraie famille ; T-Bird arrive malgré tout à voir de la beauté là où tout un chacun ne verrait que du désespoir. C'est un homme épris de musique, notamment de jazz. Lui-même joueur de trompette, comme son père – qui n'est pas son vrai père - et son grand-père, c'est une façon pour lui d'exprimer la beauté, la poésie, la douleur aussi.

« …il a pressé ses lèvres sur l'embouchure et soufflé, soufflé sa force et ses angoisses, son amour, son désir et sa volonté de faire face, cette force qui faisait de lui ce qu'il était, ce qu'il avait été et ce qu'il serait à l'avenir, la force d'un homme qui ne s'enracine nulle part, mais au contraire se dissémine dans le bitume du monde… »

Si ce jeune homme, ce « guerrier de l'endurance », comme il se définit lui-même, semble subir jour après jour les aléas d'une vie sordide faite de violence, de misère et de puanteur, il n'aspire qu'aux rêves de tout un chacun : un travail qui ne serait pas un travail de force ou une abomination pour l'odorat ou pour la peau, une femme gentille qui l'aimerait vraiment, un enfant bien à lui, une vraie maison…

Pour ma part cette lecture n'était pas gagnée au départ, mais T-Bird a su se faire admettre au fil des pages, petit à petit, et je me suis même surprise à l'apprécier pour ce qu'il est : sous ses allures de gros dur lucide et indifférent, sa sensibilité est là, pas si profondément enfouie…

Un roman qui ne change rien au monde qui nous entoure mais qui le raconte sans ambages, sans filtres.

A lire pour l'ambiance, extrêmement bien rendue.
Lien : http://isabelle-passions.ove..
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