Comme pour
Sade lorsqu'il écrit : « J'avais besoin d'argent, mon éditeur me le demandait bien poivré, et je lui ai fait capable d'empester le diable. On l'appelle
Justine ou les Malheurs de la vertu »,
Opus Pistorum fut une oeuvre de commande du libraire Milton Luboviski à Los Angeles.
Il n'y avait pas de photocopieuse en 1941. le manuscrit fut retapé au carbone et vendu sous le manteau. Des copies furent achetées par l'une ou l'autre célébrité de Hollywood au rang desquels le scénariste Julian Johnson. Daniele Amfitheatrof et Frederick Hollander, musiciens de films. Des réalisateurs, Henry Blanke.
Billy Wilder et Joseph Mankiewicz figuraient également parmi les clients réguliers.
Hier (10/1985) il fut publié en livre de poche. Quelques années après le Salò (d'après
Sade), un film de
Pier Paolo Pasolini en 1975.
Un texte aussi ravageur, aussi provocateur, aussi énergiquement pornographique serait-il encore accepté par un éditeur aujourd'hui ? Et
les onze mille verges ? La liberté des moeurs a bien évolué depuis
Apollinaire.
En fait de pornographie, on en privilégie une beaucoup plus conventionnelle, par exemple dans les navets du ciné. À part sans doute le dark web, peut-être l'underground ? Je l'ignore.
Ce qui semble sûr, c'est que le public en est aussi ostracisé que dans les sociétés religieuses, des USA aux talibans.
À propos,
Salman Rushdie vient d'être poignardé
il y a quelques jours.
Il y a de tout pour choquer dans ce roman.
On trouve ici toutes les perversions, de l'inceste à la pédophilie adolescente, du viol, des messes noires. Des putains, de fausses Sainte Nitouche, des danseuses nues.
Si, si, de tout, je vous dis…
Des amitiés indéfectibles aussi, avec les personnages des Tropiques : Alf, Tania, Sid…
À un certain degré, le texte n'est pas sans un immense humour corrosif.
Mais ce qui choque le plus c'est certainement qu'il s'autorise une telle liberté de parole, inaudible par la plupart.
Ah ! Quel confort que notre politiquement correct !
Et brûlons ce Miller qu'on ne saurait lire !