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sur 628 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ah Henry Miller ! Il y a 6 mois je ne connaissais pas cet auteur et je viens maintenant de terminer le deuxième ouvrage issu de sa plume. Comment j'en suis arrivé là ? Une collègue (prof de français, elle a quand même un moment dans sa vie posé ses fesses dans une fac de lettre) me l'a conseillé. Elle m'a dit, textuellement « tu aimes Zola ? Alors, tu aimeras Miller »

Ce postulat posé, je dois vous avouer que je n'ai vu aucun rapport entre ces deux auteurs. Si je devais classer Miller, je le ferais parmi les inclassables justement ! "Tropique du Cancer" n'est pas vraiment un roman… encore que. Ce n'est pas non plus à proprement parler un essai philosophique… encore que. Ce n'est pas 100 % autobiographique… encore que.

Dans cet ouvrage, Miller nous parle de ses années en France principalement à Paris. Ses errances, ses galères, son rapport à la femme (qui en dehors de son véritable amour dont il parle peu consiste à « lever des poules » et fréquenter des prostituées… souvent payées par ses potes, car il n'a pas les moyens), sa vision du monde, ses beuveries, ses petits boulots… Il s'avère être un personnage adorable (et il aurait sûrement haï qu'on dise cela de lui) et détestable à la fois. Il peut être un odieux con misogyne, et une personne empreinte d'une profonde humanité.

Il donne l'impression de s'en foutre de tout, rien ne compte, rien n'est grave. du moment qu'il trouve à manger tout va bien, et il sait y faire ! Il sait être copain avec les bonnes personnes qui vont le régaler, il nous livre ses petits trucs pour « taper » les copains. Quand c'est son tour d'avoir de l'argent en poche, il régale. le lendemain ? Connaît pas !

Soyons honnêtes, le lire est parfois ardu. de premier abord cela peut même être rebutant. J'ai d'ailleurs préféré "Tropique du Cancer" à "Tropique du Capricorne". Réponse de ma collègue (encore elle !) : « c'est parce qu'entre-temps tu t'es habitué au style ».

Parlons-en de son style ! Quelle plume ! Quelle écriture ! On dirait qu'il écrit sans effort (et c'est ce qu'il veut nous faire croire), que les mots arrivent comme ça, directement de ses pensées au papier. C'est parfois fouillis, parfois dense, mais c'est chaque fois magnifique !
Quand vous fermez du Miller, vous ressentirez diverses sensations : de la fierté d'être arrivé au bout, de la frustration de n'être pas sûr d'avoir tout compris, du soulagement et l'envie de lire quelque chose de plus simple doublé d'une furieuse envie de relire du Miller parce qu'à mon sens, une fois que l'on a découvert ce style, on a envie d'en reprendre une bonne tranche.

Henry Miller c'est un peu comme de la picole : on sait qu'on risque d'avoir mal au crâne, mais bon Dieu quelle euphorie quand on est plongé dedans !
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Il faut le suivre Henry Miller, dans ses pérégrinations, ses errances, dans ses réflexions personnelles, dans ces délires et ses hallucinations. Il a un regard acerbe ce correcteur orthographique, cet écrivain en recherche d'un sens à tout ce chaos de la vie Parisienne de la fin des années vingt. Entre des rues de la capitale, il oscille entre rêve et réalité, entre la faim tenace qui ne le quitte jamais et la quête de conquêtes monnayables.
La nécessite de la survie le traine de toute part, les rencontres sont inévitables, les personnages improbables; sont ils des artistes où sont-ils tous juste fous (haha!)?

La lecture est déroutante, elle demande un lâché prise, mais quelle écriture! Il m'a fallut quelques dizaines de pages pour le comprendre, sans cela mon aventure avec Henry Miller se serait arrêtée là. Il faut juste se laisser porter et accepter de ne pas tout saisir dans le flux qui semble sortir de lui comme un intarissable ruissellement. Il est probable que de nombreux passages soient bruts, non retravaillés, ce qui donne en partie à l'ouvrage le charme de la pensée instantanée, de la parole sans la censure. L'effort en vaut la chandelle.
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Tropic of Cancer
Traduction : Jean-Claude Lefaure

" ... J'habite Villa Borghèse. Il n'y a pas une miette de saleté nulle part, ni une chaise déplacée. Nous y sommes tout seuls, et nous sommes morts. ..."
C'est par ce paragraphe foudroyant que débute "Tropique du Cancer", l'un des livres qui, en son temps, choqua sans doute le plus les puritains de tout poil, notamment aux Etats-Unis où la censure l'interdit carrément pour ne lever son veto que bien tardivement après guerre - dans les années soixante, il me semble.
L'auteur était pourtant américain. Mais il est vrai que, dans ce "Tropique" qui fut, je crois, son premier ouvrage "achevé", Henry Miller n'hésite pas à traiter les New-Yorkais se promenant sur la 42ème rue d'"oies aveugles" avant d'assener, à la fin du chapitre X :
" ... Il vaut mieux garder l'Amérique ainsi, toujours à l'arrière-plan, une sorte de gravure carte postale, que l'on regarde dans ses moments de faiblesse. Comme ça, on imagine qu'elle est toujours là, à vous attendre, inchangée, intacte, vaste espace patriotique avec des vaches, des moutons et des hommes au coeur tendre, prêts à enc ... tout ce qui se présente, homme, femme ou bête ! Ca n'existe pas, l'Amérique ! C'est un nom qu'on donne à une idée abstraite ..."
Mais ne vous y trompez pas. Au-delà de certaines lignes d'une rare amertume, "Tropique du Cancer", c'est avant tout un livre généreux, enthousiaste, féroce et impitoyable certes mais que parcourt sans cesse le rire immense et chaleureux de son auteur. L'humour de Miller est noir - plus que noir souvent - mais il tient bon et s'entête à faire des pieds-de-nez à la Vie et à ses absurdités, qu'il s'agisse de la faim, de la misère, de l'angoisse du lendemain, de celle d'écrire, des humiliations, de la vie de pique-assiette que l'auteur mènera longtemps en pleine connaissance de cause "pour rester libre", de la maladie, de la Mort elle-même.
Avec cela, le style est superbe, un mélange de sauvagerie et de rigueur, de tendresse et de truculence, le tout saupoudré d'une incroyable poésie qui passe fort bien l'épreuve de la traduction. Miller est de ces écrivains qui, comme le Céline du "Voyage ...", écrivent en apparence "au coup de poing" mais pour qui l'écriture est à la fois un démon, une perfection et une longue mais voluptueuse souffrance. C'est un écrivain qui marque son lecteur, sans doute l'un des plus européens parmi les Américains - avec James mais sur un autre registre, évidemment.
En outre, il aura toujours pour les francophones cette saveur rabelaisienne à nulle autre pareille.
Henry Miller, un écrivain "pervers et pervertissant" ? Non, un écrivain qui aimait la Vie - malgré tout. ;o)

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Ma 1ère impression au début de ma lecture fut que ce roman n'avait ni queue ni tête.

De queue, pourtant, il en est beaucoup question... de multiples relations tarifiées aux joies de la gonorrhée et aux craintes de la syphilis, le tout dans un climat d'ivresse, le livre dépasse cependant bien évidemment ce simple bain de sexualité crue.

Il m'a cependant perdu dans ses élucubrations tous azimuts, surtout vers la moitié de la lecture, pour me rattraper vers une sortie plus conventionnelle.

Il s'agit d'une lecture exigeante , principalement par les longs passages descriptifs, et prises de position, qui émaillent tout le livre. Souvent d'une écriture inventive et quasi parlée, parfois un tantinet longuets.

Je l'ai terminé content. Content d'être au bout d'une lecture fatigante, mais content aussi d'avoir découvert cet auteur particulier. Tropique du Cancer m'a rappelé par certains aspects le 'Septentrion' de Louis Calaferte, avec peut être moins de force dans les dialogues.

J'ignore si je vais poursuivre ma découverte d'Henry Miller. Je vais d'abord me tourner vers des livres 'détente'. le prochain est le dernier de M. Houellebecq, qui généralement n'est pas un grand rigolo, mais a le mérite d'avoir une lecture aisée!
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Une oeuvre sulfureuse s'il en est. L'oeuvre qui a fait connaître l'auteur dans le monde entier. Si aujourd'hui plus grand chose ne nous choque, il reste cette très belle langue et les maximes somptueuses sur la vie, l'art, le sexe. Une oeuvre qu'il faut lire par petits bouts. Une oeuvre courageuse d'un homme qui a tout abandonné pour la littérature et qui a trouvé son ange gardien, ange sexué et frivole, qui a su lui donner des ailes. Les ailes du désir.
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Voilà certainement un livre qui ne laissera pas ses lecteurs insensibles. Au début j'ai été assez perplexe par la crudité assumé de ce récit autobiographique d'un américain fauché dans le milieux interlope et bohême du Paris du début des années 30, mais ensuite il semble que le livre ai trouvé son lecteur et j'ai contemplé dans ce crachat à la face de l'art de belles bulles iridescentes. Un livre qui a forcement fait date dans une américaine très fortement puritaine de cette époque et qui annonce la Beat Génération des Kerouac, Ginsberg et Burroughs. J'ai très particulièrement gouté l'évocation de la lumière et du son dans l'art de Matisse. Voici une citation de l'auteur qui pourrai être une petite boussole pour le lecteur dérouté de ce Tropique du Cancer: "L'homme qui porte la dive bouteille à ses lèvres, le criminel qui s'agenouille sur la place du marché, l'innocent qui découvre que tous les cadavres sans exception puent, le fou qui danse le tonnerre entre les mains, le moine qui soulève les pans de son froc pour pissoter sur le monde, le fanatique qui met les bibliothèques à sac afin de trouver le Verbe -- tous sont fondus en moi, tous produisent ma confusion, mon extase. Si je suis inhumain, c'est parce que mon univers à débordé par dessus ses frontières humaines, parce que n'être qu'humain me parait une si pauvre, une si piètre, une si misérable affaire, limitée par les sens, restreinte par les systèmes moraux et les codes, définie par les platitudes et les "ismes". Je verse le jus de la grappe au fond de mon gosier et j'y trouve la sagesse, mais ma sagesse n'est pas née de la grappe, mon ivresse ne doit rien au vin..."
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"Livre royal, livre atroce, exactement le genre de livre que j'aime le plus..." (Blaise Cendrars)
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Je l'avais commencé durant mon voyage à New York, lisant au moins un chapitre par jour ; la situation était assez drôle quand j'y pense : un Français en vacances à New York qui lisait un Américain émigré à Paris – un New-Yorkais qui plus est !… La lecture du livre a été très rapide, j'en ressors surpris, agréablement, et satisfait. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais il excellent : le style est léger comme il faut, simple – pas simpliste –, avec une même variété de vocabulaire qu'on pouvait trouver chez Burroughs – mais en beaucoup moins élaborée, plus retenue. Sur le fond, le récit est décousu, c'est une suite de scènes – d'aventures et de mésaventures – où les personnages changent, reviennent de temps à autres – Carl et Fillmore principalement, avec le fantôme de Mona en filigrane –, un théâtre parisien où se succèdent des étrangers voués à la débauche – à l'alcool, au sexe – et des grues, c'est-à-dire les Françaises, dissolues, réduites à leur con. Il y a un caractère misogyne qui gêne au début, mais dès lors qu'on comprend au fil des pages que le personnage est d'une époque passée, que d'ailleurs ni les hommes ni les femmes ne valent vraiment quelque chose dans cette histoire (« Je suis inhumain ! » crie Miller), que ce sont tous de francs lubriques, dont la baise est un acte aussi banal qu'un café ou une cigarette, cela rentre et ne dérange plus foncièrement. Tropique du Cancer, c'est le monde des dépravés sublimes vraiment pathétiques. le narrateur est le seul à rester immuable, constant : il commente, il raconte et il vit. Quoique l'acte charnel soit au coeur des scénettes, l'érotisme est assez chaste – peut-être est-ce aussi l'effet de l'avoir lu après Le Festin nu – : nul détail graveleux, un tant soit peu voyeuriste – pas de quoi choquer franchement, à mon avis. Il y a de ces passages magnifiques, d'une poésie inouïe – je pense principalement au chapitre XIII qui est un régal en la matière –, où nous coulons dans la pensée du narrateur qui cogite, cogite, s'en va loin parfois, mais ses expressions et ses images foisonnent, et tout est beau ; une forme de stream of consciousness – et l'on sait tout le poétique que cette écriture de la conscience peut revêtir. de la prose poétique, mais propre au roman, qu'on ne peut trouver que dans cette forme d'art littéraire, qui perdrait son essence à l'état de poème en prose – qui est un poème à la forme prosaïque – : il s'agit là de prose et simplement de prose, d'une prose mélodieuse, riche en figures de style, en images jaillissant comme des geysers, qui régalent le lecteur d'une eau chaude, parfois brûlante, mais à la couleur et à la saveur insondables. de la pure poésie !… Difficile de dire si Tropique du Cancer est un roman : il n'a pas d'intrigue. Ce qui est sûr, c'est que c'est une prose – et quelle prose !
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Tropic of cancer, Tropique du capricorne, Quiet days in Clichy… tout cela est loin d'un roman, loin d'un journal, un peu des deux, une conception de la vie, du monde, loin des contingences, un grand souffle de liberté et de sensations, d'amour de la vie et de ses plaisirs, assumé. Et de Paris !
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les 100 premières pages sont un pur délire millerien, assez difficile à lire, il faut s'accrocher pour ensuite retrouver une narration. Un américain à Paris, une errance, un idéal de vie et bien sûr l'alcool, les femmes, la liberté comme toile de fond
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