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EAN : 9782020063845
461 pages
Seuil (01/02/1983)
4.2/5   15 notes
Résumé :
" Si le mot "politique" est utilisé ici, dans la discussion concernant les sexes, c'est avant tout parce qu'il a l'immense avantage de souligner la véritable nature de leur situation relative, historiquement et à l'époque actuelle. Il est opportun, peut-être même obligatoire aujourd'hui, de développer une psychologie, une philosophie des relations de puissance mieux adaptées à leur objet, et qui dépassent le cadre conceptuel trop simple qu'offre notre politique trad... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« La politique du mâle » propose un regard sur les relations hommes/femmes à travers la lunette politique, celle des jeux de pouvoir. L'édition originale date de 1971, époque intense pour les débats sur la « libération des femmes », et le ton du livre est celui des revendications.
Dans la foulée des Simone de Beauvoir, Betty Friedan et Germaine Greer, le texte de Kate Millet est un incontournable de l'histoire du féminisme.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Je lui demandais de me faire couler un bain. Elle faisait semblant de renâcler, mais elle obéissait tout de même. Un jour où j'étais assis dans la baignoire, en train de me savonner, je remarquai qu'elle avait oublié les serviettes.
«Ida ! criai-je, apporte-moi des serviettes !»
Elle pénétra dans la salle de bains et me les tendit. Elle avait sur elle un peignoir et une paire de bas, le tout en soie. Comme elle se penchait par-dessus la baignoire pour poser les serviettes sur la barre, son peignoir s'entrouvrit. Je m'agenouillai vivement et j'enfouis ma tête dans son manchon. Cela se passa si rapidement qu'elle n'eut pas le temps de se rebeller, ni même de faire mine de se rebeller. L'instant d'après, je l'avais dans la baignoire avec ses bas et le reste. Je fis glisser le peignoir et le jetai sur le sol. Je lui laissai ses bas... cela faisait plus lascif, plus Cranach. Je me laissai aller à la renverse et l'attirai sur moi. On eût dit une vraie chienne en chaleur - me mordant de tous côtés, pantelant, ahanant, se tortillant comme un asticot au bout de l'hameçon. Pendant que nous étions en train de nous sécher, elle se courba et se mit à me mordiller la pine. Je m'assis sur le bord de la baignoire et elle s'agenouilla devant moi, tétant gloutonnement. Au bout d'un moment, je la fis se lever, se pencher, et je l'enfilai par-derrière. Elle avait un petit con juteux qui m'allait comme un gant. Je lui mordis la nuque, le lobe des oreilles, le tendre de l'épaule ; et, m'étant retiré, je marquai l'empreinte de mes dents sur son beau cul blanc. Pas un mot, de tout ce temps.
Cette prose haute en couleur est extraite du célèbre livre de Henry Miller, Sexus, publié pour la première fois à Paris pendant les années 40, mais banni des rives aseptisées de son Amérique natale jusqu'à l'édition Grove Press de 1965- Miller, alias Val, raconte comment il s'y prend pour séduire Ida Verlaine, la femme de son ami Bill Woodruff. En tant que description d'une liaison sexuelle, ce passage offre bien des sujets d'intérêt autres que cette activité purement biologique à laquelle le narrateur accolerait le verbe «foutre». C'est même cet autre contenu qui donne au récit sa valeur et son caractère.
D'abord, il faut considérer les circonstances et le contexte de la scène. Val vient de rencontrer Bill Woodruff devant un théâtre où Ida Verlaine est actrice. Comme d'habitude dans les récits de Miller, où la construction vagabonde, cette rencontre rappelle au héros les orgies sexuelles qu'il a vécues avec Ida dix ans auparavant. Sur quoi suivent onze pages de reconstitution animée. D'abord Ida elle-même :

Faite sur commande pour ce nom. Avait exactement l'air de son nom - jolie, vaniteuse, théâtrale, perfide, gâtée, gavée, choyée. Belle comme une poupée de Dresde, à cela près qu'elle avait des tresses d'un noir de corbeau et l'âme oblique comme une paupière javanaise... à supposer qu'elle eût une âme ! Ne vivait que par le corps, le sens, les désirs - et menait la parade (la parade du corps) de toute sa petite volonté tyrannique, que le pauvre Woodruff prenait pour je ne sais quelle colossale force de caractère [...] Ida avalait tout, tel un boa. Elle était sans coeur et insatiable.

Quant à Woodruff, il nous est présenté comme un imbécile, aux genoux de sa femme. «Plus il faisait pour elle, plus elle se moquait de lui. Cette fille était un monstre, de la tête aux pieds.» Le narrateur, lui, se déclare tout à fait immunisé contre les pouvoirs d'Ida, mais néanmoins en proie à une curiosité froidement spéculative :

Je me foutais éperdument d'elle, en tant que personne, bien qu'il m'arrivât souvent de me demander à quoi elle ressemblait, en tant que viande à foutre si je puis dire. J'y pensais sans y attacher d'autre importance ; mais, je ne sais comment, elle le sentait, ça lui parvenait et ça la démangeait.
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«Après avoir étudié les relations humaines (…), Genet a compris que la caste sexuelle remplaçait toutes les autres formes -raciale, politique ou économique- de l'inégalitarisme. […] Considérant la relation humaine fondamentale, celle de la sexualité, comme le modèle nucléaire de toutes les constructions sociales les plus élaborées qui se développent à partir d'elle, Genet perçoit qu'elle est, en soi, irrémédiablement souillée, mais aussi qu'elle est le prototype même de l'inégalité institutionnalisée. Il est convaincu qu'en divisant l'humanité en deux groupes et en donnant à l'un le pouvoir de dominer l'autre part droit de naissance, l'ordre social a déjà établi et ratifié un système d'oppression qui sous-tendra et corrompra toutes les relations humaines, ainsi que tous les domaines de la pensée et de l'expérience.»
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« A cause de notre situation sociale, l'homme et la femme représentent réellement deux cultures et leur expérience de la vie est radicalement différente, ce qui est extrêmement important. Le développement de l'identité générique qui s'effectue pendant l'enfance contient implicitement la somme de tout ce que les parents, les pairs, la culture considèrent comme convenable à chaque genre dans le domaine du tempérament, du caractère, des intérêts, du statut, de la valeur, du geste et de l'expression. Chaque instant de la vie de l'enfant est une indication relative à la façon dont il ou elle doit penser et se comporter pour satisfaire les exigences du genre auquel il ou elle appartient. »
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« Il associe automatiquement la sexualité à la puissance, à son plaisir solitaire, à la douleur et à l'humiliation de son partenaire, qui n'est pour lui qu'un objet au sens littéral du terme. Par l'acte sexuel il affirme sa domination, annonce la caste élevée à laquelle il appartient et le prouve à une victime qui est censée se rendre, servir et s'en déclarer satisfaite. »
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« Parmi les facteurs qui assurent la persistance des différences de tempérament entre les deux sexes, le plus décisif paraît être le conditionnement dès la petite enfance. Ce conditionnement tourne en rond : c'est une prophétie qui se perpétue elle-même et se réalise. Prenons un exemple simple. Ce que la culture se plaît à attendre de son identité générique encourage le jeune homme à développer ses impulsions agressives et la jeune fille à freiner les siennes ou à les refouler. Résultat : dans le comportement de l'homme, l'agression peut avoir tendance à se renforcer, ce qui peut avoir d'importantes conséquences antisociales. Sur quoi la culture consent à croire que le fait de posséder les symptômes extérieurs de la virilité, testicules, pénis et scrotum, caractérise en soi l'impulsion agressive, et va jusqu'à vulgariser cette notion par des éloges tels que : « Ce type a des couilles. » »
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