Silentium, le silence. L'auteur imagine l'impact sur la vie quotidienne d'une ville, d'une loi ayant interdit toute parole, tout son humain même. Du jour au lendemain, plus personne n'a le droit de parler, murmurer, chuchoter. L'auteur se pose en narrateur de l'intérieur, un personnage qui vit et applique la loi comme les autres et regarde les Hommes se décomposer petit à petit, à mesure que s'installe le silence en ville.
Lorsque j'ai lu le résumé de ce livre, j'ai tout de suite pensé à « Matin Brun » de Franck Pavloff, une autre histoire courte portant sur l'idée d'une loi saugrenue et son impact sur la population. J'étais donc curieuse de voir si Silentium serait dans la même veine.
Cette oeuvre (Silentium) très courte (environ une demi-heure pour la lire) se présente comme un monologue intérieur du début à la fin et se décompose en une trentaine de chapitres, d'une à trois pages chacun. Le récit est donc haché, comme un halètement. Si le livre est lu dans un certain calme ambiant, le moindre bruit peut donner l'impression au lecteur que la loi a été enfreinte, mais cette impression est de courte durée. En tant que professeur en collège, j'avoue avoir ressenti une légère sensation de gêne par la suite en demandant « le silence » à mes élèves. Mais finalement, c'est tout ce qu'il me reste de cet ouvrage. Ce que je trouve dommage, c'est la superficialité de l'histoire par rapport à une idée prometteuse.
-Attention, divulgâchis/spoiler-
En effet, l'idée n'est finalement que survolée, comme vue de l'extérieur, par un personnage qui pourtant, la vit de l'intérieur. Et même s'il aimerait résister, se rebeller, il ne fait finalement que suivre les consignes et s'éteindre lui aussi peu à peu. Certainement comme la majorité du commun des mortels ferait, je suppose. Le texte donne beaucoup dans la symbolique, les humains dehors n'ont plus de visage, plus de sens, deviennent flous. Le narrateur voit son corps se remplir de ganglions qui gonflent, autour de son cou, dans son ventre, comme pour nous laisser entendre que cette parole qu'il retient fait gonfler des parties de son corps, telle une maladie. L'histoire va très vite, trop pour que l'on puisse imaginer cela arriver réellement, trop pour que l'on puisse y croire. Elle s'étend à peine sur une dizaine de jours. Finalement, il est même dommageable de préciser la mesure du temps qui passe. Rester flou là-dessus aussi aurait peut-être pu atténuer l'impression de « trop vite, trop facile ». Il y a bien quelques ébauches de personnes qui résistent, quelques actes perdus ici et là. Mais sans succès apparemment. Et puis une brève tentative d'expliquer pourquoi cette loi, mais cachée derrière un flou politique bien pratique en l’occurrence. Pourtant l'auteur a même développé une police, une milice, un ministère dédiés à cette loi … Mais pour finalement aboutir à une conclusion … inexistante. Il n'y a pas de fin à proprement parler. L'auteur s'arrête juste de raconter quand les conséquences semblent trop inéluctables. Mais sans laisser non plus de fin ouverte pour le lecteur. On peut tenter d'imaginer une critique de la société, ou un message de l'auteur … Mais j'avoue ne pas l'avoir vraiment trouvé ou compris. J'ai juste eu envie de demander : "Et donc quoi ? Quoi après tout ça ? Que se passe-t-il, où veut-on en venir ?" Mais seul le silence me répond.
Et je vais m'arrêter là, car sinon, ma critique finira par être plus longue que le texte lui-même … ;)
(Livre reçu dans le cadre d'une opération "Masse Critique")
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Livre reçu dans le cadre d'une masse critique, j'ai tout d'abord été surprise par son format. En lisant la description, je m'attendais à un roman d'une certaine longueur et ai été surprise de trouver un ouvrage si court.
Mais, une fois la première surprise passée, j'ai réalisé que c'était cohérent avec l'esprit du livre.
Ce n'est pas un roman, ce sont 29 pensées, 29 réactions intellectuelles du "je" face à la mise en place d'une loi aberrante - celle d'un silence imposé. Comment réagit-on face à une loi absurde, contre nature?
Entre le besoin d'être libre et la peur d'être pris, "je" réalise vite que la peur, dès le début, sans qu'il le sache, a déjà gagné.
Ce livre pose beaucoup de questions très pertinentes, telles que: qu'est-ce qu'il reste de l'humain une fois la capacité à communiquer enlevée?
Donc voilà, une belle expérience même si ce n'est pas du tout mon genre de livre. Beaucoup de belles idées.
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Un édit est passé: le silence est désormais la règle. Toute parole est interdite. Peu à peu, la résignation s'installe.
Très court, ce petit livre m'a pourtant paru bien long. le début était pourtant prometteur. On y décrit la stupéfaction, l'absurdité de devoir ne prononcer aucune parole, la difficulté de s'y résoudre.
Mais très vite, on bascule dans une succession d'impression, de réflexions qui tournent un peu en rond. Au lieu d'une tension qui monte et qui menace, ou même d'une description d'un état accepté, on se retrouve à lire les états d'âme du narrateur sans percevoir vraiment ce qui change autour de lui. Très peu de scènes illustrent concrètement le silence: on notera certaines étincelles de résistance, ou un moment délicieusement absurde devant le mur des notices qui remplacent les bureaux de renseignements administratifs. Mais finalement, de la dystopie qui nous était promise, on ne se mettra pas grand-chose sous la dent. Bien dommage, on en ressort pas franchement transformé et le livre manque vraiment sa cible.
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Un court récit introspectif dans une situation hypothétique intéressante où la parole serait désormais interdite. Mais l’auteur ne fait que survoler son concept : que deviennent la radio, la télévision, la chanson ? N’y a-t-il pas de terroriste vocal pour s’opposer à ce décret absurde ? Chacun semble étrangement accepter ce triste sort. L’histoire semble ainsi plus traiter de la résignation que du silence lui-même. En abandonnant la parole, l’auteur suggère que l’on abandonne son envie de communiquer, mettant à mal les rapports sociaux. Mais qu’en est-il des sourds-muets, du langage des signes ?
Le 18ème chapitre, consacré au nouveau service attaché au ministère de l’intérieur en charge du respect de ce décret, est à mon sens le plus inspiré et a particulièrement su retenir mon attention.
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De balivernes en billevesées nous parlons sans verve, notre impertinence nous quitte définitivement quand d'un signe de main le serveur requiert le silence.
L'ombre avait la forme d'un gendarme.
A la disposition de chaque citoyen, un numéro vert pour, à tout moment, avoir quelqu’un à qui parler quand on souhaite en accuser un de l’avoir trop fait.
Il est dorénavant interdit de parler, de chuchoter, de murmurer. Seules les pensées ne nécessitant pas la formulation à voix haute sont permises [...]
Je lève mon verre à la santé d'un inconnu, un homme est venu à moi ce matin avec une idée étrange, converser.