Le dernier soir

Un ami journaliste de soit convié au suicide programmé d'une femme. Il est témoin, comme on peut l'être pour un mariage ou un baptême. Il ne participe pas mais donne sa présence et son écoute. A aucun moment, il n'empêche ce qu'il vit de se produire. Ce récit lève le voile sur les deux protagonistes : l'un sort de la loi, l'autre de la vie.

Le livre est militant. Il défend la liberté de mettre fin à ses jours sans autre raison que sa propre volonté. Point ici de maladie incurable ou de souffrance inapaisée, la femme de 77 ans désire uniquement mettre fin à ses jours, un projet qu'elle mâtine depuis 10 ans. Elle le fait sous témoin.

Un ouvrage rapide, écrit en vacances, sur un téléphone portable* peut-il s'emparer d'un récit de suicide assisté ? J'y ai cru mais je ne le prétendrais plus. La lecture est rapide et l'espoir de saisir quelque peu cette situation unique d'une femme qui décide de se donner la mort devant témoin, se voit déçu.

Le sujet est complexe et me semble mal posé d'emblée. S'agit-il d'obtenir par voie légale la liberté de mettre fin à ses jours comme l'indique l'auteur ? Cette liberté existe. Nul n'a jamais été condamné pour son suicide. En réalité, la revendication concerne des "conditions favorables" à l'acte : implication de l'entourage, produit évitant la souffrance et libération de toute condition médicale. La collectivité est sollicitée pour le confort pas pour l'acte. Quel que soit l'opinion de chacun.e sur cette question délicate, l'important est de la poser dans les bons termes. Or la confusion traverse l'ouvrage en permanence, voire ne la perçois même pas.

Le lecteur se trouve donc entrainé dans une question qui ne le concerne pas celle des raisons, justifications, de l'acte de cette femme : le manque d'argent et la sombre perspective d'une vieillesse en établissement. C'est un piège qui se glisse dans la légitimité de la revendication, si on la condsière comme telle.

L'autre question dérangeante est celle du témoin, ami et journaliste, convié presque en urgence, et qui surligne surtout la militance. le dernier acte conscient de cette femme sera de publier un article sur son blog https://blogs.letemps.ch/jacqueline-jencquel/ de l'ami ou du journaliste, il est difficile de sentir clairement qui est présent ce dernier soir...

"Quelque 135 pages pianotées sur son téléphone portable lors d'un été au Maroc"

*Le Monde du 20 Jan 2024.