Certains et certaines s'interrogent souvent sur ce qu'est la littérature et à quoi sert-elle... C'est vrai après tout, quel intérêt peut bien avoir un roman ? Nous distraire ? Nous permettre de réfléchir ? Nous faire voyager ? Nous délecter d'une belle écriture ? Nous faire rêver ? le genre de questionnement qu'en général, j'évite ! Les questions philosophiques... j'ai passé l'âge ! Depuis mon épreuve philo au bac en fait !
Et pourtant, à la lecture de ce roman, je me suis surprise à me poser plusieurs fois la question... Parce qu'au fond, je me disais... "mais c'est quoi ce roman ??" Et puis, ensuite, j'en suis venue à me dire (et à plusieurs reprises !) "
David Mitchell est un extra-terrestre !!!" (et son traducteur a un petit grain lui aussi !!) Comprenez moi bien : ce roman est une tuerie !!! Il réunit l'exploit de vous faire voyager, de vous faire réfléchir, d'être très bien écrit (et bien traduit !) et construit, d'être haletant, d'être drôle, d'être surprenant, d'être... unique ! Oui, j'ai envie de dire ça, parce qu'honnêtement, je ne vois pas beaucoup de roman qui lui ressemble. J'ai en ai savouré les 714 pages avec un immense plaisir !
L'histoire maintenant, allez-vous me dire ! Et... c'est là que ça coince ! Comment vous résumer un roman qui n'a pas d'histoire ? Enfin, dans le sens où on l'entend classiquement. Et parce que je préfère vous laisser découvrir le plus beau ! Sachez seulement que vous allez découvrir plusieurs récits, de personnages différents, dans des lieux et des époques différentes. Ces personnages ont tous un lien qui les relie, sans que celui-ci soit clairement expliqué. Mais un fil conducteur vous fait passer d'un récit à un autre, et vous vous surprendrez à attendre parfois impatiemment, la mention de ce fil.
Parmi ces différents récits, j'avoue un très net penchant pour Timothy Cavendish ! Frais petit vieux, ces aventures m'ont faites hurler de rire ! (même si parfois, il n'y avait pas trop de quoi !) Mais son esprit cabotin est à mourir de rire ! Et sa façon de s'exprimer n'est pas en reste !
"Cette fieffée femelle a emporté les clés ! Sainte Marie mère des morues !"
Certains sont plus poétiques :
"Atmosphère dans le château humide comme une lessive qui refuse de sécher. Les courants d'air claquent les portes du couoir. L'automne abandonne sa douceur et entame sa période hirsute et pourrissante. Ne me souviens pas d'avoir entendu l'été dire au revoir."
Le récit de Zachry est surprenant dans sa syntaxe. Il faut un peu de temps pour s'habituer, mais finalement, je dois reconnaître qu'il y a même une certaine poésie dans cette façon de s'exprimer (et c'est surtout là que le traducteur prend toute sa valeur !)
"Les gens des Vallées voudront pas entendre qu'la faim des hommes a donné vie à la Civilis'rie, pis qu'c'est la même faim qui l'a tuée. C'est c'que j'ai appris chez d'autres tribus où qu'j'suis restée. Des fois, quand qu'tu dis à quelqu'un qu'ses croyances sont pas vraies, il croit qu'tu dis qu'sa vie et leurs vérités sont pas vraies."
Parmi les différents récits, l'auteur réussit l'exploit de maîtriser le style épistolaire, le polar, le journal de voyage, la science fiction...
Finalement, ce roman... c'est un peu le roman de l'humanité.
Lien :
http://casentlebrule-sandy.b..