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Gérard Siary (Traducteur)Mieko Nakajima-Siary (Traducteur)
EAN : 9782809701869
605 pages
Editions Picquier (15/06/2010)
3.82/5   47 notes
Résumé :
Un roman policier d'une adresse diabolique, au suspense maitrisé de main de maître, qui à la fois dresse une sociologie du Japon contemporain et nous plonge au cœur du brasier qui déchire les êtres.

La jeune et jolie Aoki Junko possède un don extraordinaire, celui de déclencher le feu à volonté. Elle commence à utiliser son pouvoir pour rendre la justice et punir les criminels violents. Ses exécutions attirent l'attention des Anges gardiens, une organ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Crossfire croise divers types romanesques. Il est à la fois thriller fantastique, roman policier et roman social. le tout, majoritairement pris d'un point de vue féminin.

D'un côté, on a la jeune Aoki Junko, 25 ans, mignonne, engagée sur la justice. Et détentrice du pouvoir de pyrokinésie dont elle se sert pour réduire en barbecue de dangereux voyous. Ça vous fait penser à la petite Charlie, de Stephen King? C'est normal, et le clin d'oeil de l'auteure n'est pas fortuit.

De l'autre côté, il y a Ishizu Chikako, 47 ans, policière, inspectrice au service des incendies criminels. On s'en doute, la combustion des victimes de Junko ne peut que l'intriguer. Esprit rationnel et pragmatique avant tout, elle est loin d'imaginer ce qu'il en est réellement.

Plus que l'intrigue elle-même, c'est le cadre que lui donne Miyabe Miyuki qui m'a le plus plu. La touche fantastique avec la pyrokinésie est une originalité dans sa bibliographie. Mais comme dans Une carte pour l'enfer, elle dépeint la société nipponne, en particulier les dérives et points inquiétants. Crossfire se déroule en 1998; le Japon subit depuis l'éclatement de la bulle immobilière de 1990, une crise économique d'importance. Les conséquences se retrouvent dans le roman avec des usines et établissements désaffectés faute d'activités, des mises au chômage au dénouement parfois dramatiques, ... Elle montre aussi une augmentation d'un certain type de délinquance : celle d'adolescents ou de très jeunes adultes pour le plaisir de faire du mal, jusqu'à tuer dans une sorte de "sport killing" des plus terrifiants.

Autre point que l'auteure met en avant est la condition des femmes dans le monde professionnel. A fortiori dans un secteur majoritairement masculin et macho comme la police. Son personnage de Chikako est formidable d'équilibre, prenant avec humour des remarques limites et l'attitude de certains de ses collègues. J'ai vraiment beaucoup apprécié cette femme de caractère, intelligente et qui ne lâche pas facilement le morceau.
Différente par l'âge et par les actes, Junko est un protagoniste intéressant à suivre dans ses introspections quant à sa croisade vengeresse et à son rapport avec son propre pouvoir. Est-ce elle qui le contrôle ou l'inverse?

Pour le reste, l'intrigue se suit de façon agréable même si quelques points semblent un peu trop gros. Mais les figures féminines (la troisième étant la petite Kaori que je vous laisse découvrir) et le cadre contextuel rachètent allègrement ces petits bémols. Miyabe Mizuki assure sa place méritée dans le milieu du roman policier japonais, où les femmes auteures brillent sur l'archipel et à l'international.
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Un roman surprenant, bien différent des romans policiers japonais que j'ai lu jusqu'à maintenant, car il fait intervenir le fantastique. L'intrigue repose sur le présupposé que certaines femmes naissent avec des dons surnaturels, qu'elles sont tentées d'utiliser pour tuer et venger. Pourtant, on ne bascule jamais du côté de la science-fiction ou du fantastique : le ton reste très dépassionné (très japonais ?), la description des (nombreux) meurtres demeure très sobre, les jugements de valeurs sont autant absents que le sang ou l'horreur. J'ai beaucoup apprécié les portraits de femmes que dresse l'auteur, avec une grande économie de moyen. Comme dans la plupart des romans de Miyabe Miyuki, les personnages principaux sont des femmes : une inspectrice de police d'un certain âge, une jeune vengeresse, une pré adolescente dépassée par ses pouvoirs, et dans une moindre mesure des jeunes filles victimes de violence et une gouvernante fidèle... Les plus secondaires des personnages féminins m'ont convaincue, alors que les hommes restent plus falots. L'intrigue se tient bien, parfois même trop bien, les reprises de l'intrigue en début de chapitre, bien que très discrètes, alourdissent un peu le récit. Une faiblesse qui s'explique, dans la postface, par le fait que le roman est d'abord paru en feuilleton.
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Ishizu Chikako, inspecteur de la brigade des incendies criminels, enquête sur un cas très étrange. Trois corps ont été retrouvé carbonisés, dans une usine désaffectée, sans aucune trace d'incendie par ailleurs.
De son côté, Aoki Junko, après avoir tué trois membres d'un gang grâce à ses pouvoirs pyrokinétiques, se met en chasse du quatrième...

Crossfire est un roman étonnant qui mêle habilement deux genres littéraires : le récit fantastique, avec l'histoire de Junko, jeune pyrokinèse, en croisade contre le crime – l'influence de Stephen King se fait sentir, l'auteur glisse même un clin d'oeil à Firestarter (Charlie, en français) – et le roman policier, lorsqu'on suit Chikako, une femme avec les pieds sur terre, qui verra cependant ses certitudes bien ébranlées lors de son enquête.

Le roman commence sur les chapeaux de roues, avec pas mal d'action et une intrigue prenante, mais le soufflé retombe et le rythme ralentit. C'est dommage car cela crée un gros ventre mou dans le récit. J'aurais préféré moins d'action au début, mais mieux distribué par la suite.

C'est le principal reproche que je ferais au livre, mais à côté de cela, il a pas mal de qualités. Miyuki Miyabe dresse un bon portrait de Tokyo et de la société japonaise, des basses classes aux couches supérieures. Et surtout, les personnages sont attachants car très humains. Junko est contrainte à la solitude car son don l'éloigne de l'humanité, et Chikako est femme pleine de bon sens qui a des réactions très naturelles face à des situations que ne le sont pas. C'est le personnage auquel le lecteur peut le plus simplement s'identifier.

J'ai donc apprécié cette histoire grâce aux personnages, car je m'y suis attaché et j'avais envie de savoir ce qui allait leur arriver. Certes, j'ai trouvé les 600 pages un peu longues, mais j'ai été récompensé par une belle fin, très émouvante.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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J'ai beaucoup aimé ce roman de Miyuki Miyabe, et sa longueur (près de six cents pages) ne doit surtout pas effrayer, il se lit très facilement
Il pourra déconcerter les fans de romans policiers purs, car il mélange les genres : le policier se teinte très nettement de fantastique, puisque l'héroïne a le pouvoir d'enflammer ses adversaires. Ce pouvoir, elle ne l'a pas toujours maîtrisé, et les conséquences furent lourdes, pas tant pour elle que pour ceux qui l'entouraient à ce moment-là. le maîtrise-t-elle réellement, d'ailleurs ? Elle a dû trouver par elle-même des moyens de le canaliser, mais ses émotions prennent souvent le dessus.
Il faut dire que la vision qui nous est donné de la société japonaise contemporaine est assez pessimiste, et j'ai pensé aux romans de Ryu Murakami. Les jeunes, désoeuvrés, trouvent dans la violence la plus extrême le moyen de passer le temps, tout simplement. La police, la justice, ne semblent pas avoir les moyens de les empêcher de nuire. Même, ils dégagent une certaine fascination, un peu comme des rocks stars et attirent quantités d'admiratrices – qui auraient pu être leurs victimes, pour peu qu'elles soient au mauvais endroit au mauvais moment. le sens du bien et du mal ? Disparu ! Quant aux parents, ils ferment les yeux ou s'accommodent de ce que font leurs enfants. Vous avez dit démission ?
L'enquêtrice Chikako est une policière sans aucune illusion, ni sur son métier, ni sur les raisons qui l'ont amené à ce poste. Elle a cependant une grande ouverture d'esprit, et il lui en faudra, vu tout ce à quoi elle sera confrontée. Et l'auteur nous confronte aussi au devenir des familles de victimes. Comment survivre, quand l'horreur vous a touchés ? Oublier, vivre avec, chercher la vengeance, passer à côté de sa propre vie ? L'empreinte laissée par les disparues est forte, quelle que soit la solution choisie. Et la vengeance n'est pas une solution. Il ne s'agit pas de donner des leçons de morale, il s'agit de montrer ce que le désir de vengeance peut faire d'un être humain qui se voulait juste. Effrayant.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Je suis toujours à la recherche de romans policiers japonais et Miyuki MIYABE fait partie de mes auteurs fétiches dans cette catégorie. Au fur et à mesure de leur parution aux éditions Picquier poche, je les dévore. J'avais déjà lu "La librairie Tanabe" et "Une carte pour l'enfer" qui m'avait beaucoup plus.

Dans Crossfire, Miyabe nous raconte l'histoire d'Aoki Junko, une jeune femme un peu particulière puisque celle-ci possède le pouvoir de pyrokinésie. Mais cela n'est pas sans inconvénients. Elle doit régulièrement décharger son pouvoir de préférence dans un lac ou un endroit avec une grande étendue d'eau invisible aux yeux des passants... Seulement en plein Tokyo, ce n'est pas très évident. Aussi alors qu'elle est justement en train de décharger son pouvoir dans une usine désaffecté, elle assiste au passage à tabac un jeune tokyoïte. Il n'en faut pas plus pour déclencher sa fureur. Elle n'aura de cesse ensuite de pourchasser les responsables et de les brûler. Seulement voilà, ses actions violentes attirent l'attention et plus particulièrement celle de Ishizu Chikako, une femme inspecteur à Tokyo...

L'intrigue est vraiment très bien faite, car l'auteur arrive à nous surprendre jusque dans les moindres détails de l'enquête. D'autre part, on suit les états d'âmes d'Aoki qui, au fur et à mesure de ses actes de vengeance au nom de la justice, se pose de plus en plus de questions sur les raisons qui la poussent à telles choses... Est ce son pouvoir ou elle ?

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman que je trouve plus mature encore que les deux autres. On suit au travers la paralysie de certains services de police et la difficulté qu'ont les femmes à se faire accepter en tant que policière. Des questions d'actualités dans le contexte semi-fantastique lié au pouvoir d'Aoki. En plus de cela, l'édition poche de chez Picquier est agrémentée d'une excellente postface sur l'oeuvre de Miyabe, femme écrivain, qui a participé à l'introduction, dans les années 90, de romans policiers avec des héroïnes féminines. Crossfire paru en 1998 au Japon s'inscrit particulièrement dans cette veine car tous les personnages forts sont des femmes et il y a finalement très peu d'hommes dans l'histoire. Bonne lecture !
Lien : http://nekobus.wasabout.net/..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
De toute évidence, les paroles du chauffeur avaient exaspéré les trois jeunes. Mais s'ils avaient réagi ainsi, ce n'était pas seulement à cause de leur colère. En fait, ils avaient eu la frousse. Le chauffeur avait enfoncé le clou au bon endroit. Vous vous prenez pour qui? Vous n'êtes que des ordures... Ces phrases-là terrifiaient vraiment les jeunes actuels. Ils avaient peur de n'être personne. On les élevait dans l'aisance, l'absence de besoins, l'abondance, la satisfaction, mais ils n'étaient pas seuls à en jouir. Les voisins d'à côté et de derrière en profitaient aussi. Tout le monde était logé à la même enseigne. Mais eux, ils aspiraient à être différents des autres. Et cette différence, ils ne la trouvaient pas. A la place, il n'y avait qu'un orgueil monstrueux, nourri de leur sentiment de satiété, flottant dans un néant incolore et transparent comme un bulbe de fleur dans son eau, et enveloppé d'un soi sans forme ni couleur.
Ces jeunes n'avaient même pas le sentiment d'exister. Ils n'avaient aucune difficulté dans leur vie quotidienne : ils sortaient, claquaient de l'argent, jouissaient d'une vie agréable. Ils en oubliaient donc que leur vie, profitant de cette riche nourriture reposait sur ce seul orgueil. Puis, cet orgueil développait des racines folles qui, s'emmêlant comme des lianes dans la jungle, les enlaçaient pour les étouffer peu à peu. Où qu'ils aillent, quoi qu'ils fassent, ils étaient condamnés à traîner avec eux les racines de cet orgueil qui prenaient bien plus de place que le bulbe d'origine, déjà bien hypertrophié. Il les empêchait d'avancer et ils finissaient par s'abîmer dans la paresse et l'inertie.
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Elle garda le silence sans les quitter des yeux. Tu me demandes ce que j'ai ? Tu veux dire, si j'ai une arme ? Oui, j'en ai une. Cherchez toujours, vous ne la trouverez pas, car mon arme est dans ma tête.
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Cette force absolue, qui, réparant les fautes, brûlant les injustices, réduisant tout en cendres, provoquait la paix du néant, c'était le feu.
[...] Parce que le feu avait la couleur de la justice.
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Le bonheur, c'est comme ça. Ce ne sont jamais que des points qui forment difficilement une ligne. Il en va de même de la vérité.
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Elle lui fit un sourire pour le faire taire. Toute mère japonaise a la maîtrise technique de ce sourire qui clôt le bec des enfants, du moins si elle est de la génération de Chikako.
page 183
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