Il s'agit de mon premier
Modiano. Je suis assez déstabilisé, à vrai dire. Ce livre va me trotter dans la tête pendant un moment.
L'auteur raconte une rencontre, et la présente comme autobiographique. le rythme est très lent, on est dans le ressenti du personnage le plus souvent, quelque chose de plein, de vif malgré les années qui se sont écoulées.
Malgré cet aspect vécu,
Modiano donne tous les codes de la fiction à son récit. il y a une diimension intemporelle, aussi.
La langue est soignée, sans être exagérément précieuse ou travaillée. On sent le souci du détail et du mot juste. C'est fin. Subtil. Peut-être un peu trop parfois.
il se dégage une nostalgie, mais pas passéiste. Pas de regret, ni de remords. Mais les nombreux doutes qui étreignent l'auteur sont bien transférés au lecteur. Des doutes existentiels sur qui nous sommes, sur nos souvenirs, les rencontres, comment eles nous façonnent... Petit à petit se crée une tension, qui culmine dans une sorte de chute qui renvoie le lecteur face à lui-même.
Là où j'ai du mal, c'est sur les motivations du personnage. J'ai eu le sentiment qu'il manquait de corps, de contenu. Il est très effacé, inconsistant. Évidemment, ce n'est pas le propos principal, mais cela m'a parfois gêné. J'ai eu du mal à appréhender le personnage et à me laisser couler dans le récit.
Le hasard veut que j'ai lu ce récit après
La nostalgie heureuse d'
Amélie Nothomb. Et les parallèles ne manquent pas. Récit vécu, écrit en "je", abordant la mémoire, le souffle du passé, comment nous assimilons et gardons les choses, etc. Les deux livres sont courts, et se lisent de manière rapide. Mais
Modiano ne se perd pas en route, à papillonner en passant d'un sujet à l'autre. Il approfondit et creuse le sujet. Il donne à lire une vraie fiction, sans se mettre en scène pompeusement, il se livre avec humilité. Bref, il est convaincant, en ce qui me concerne.