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Un très court roman de cent-vingt pages écrit en gros caractères. Vous en aurez pour une heure à le lire. Une heure pour revenir dans le passé du narrateur à essayer de se remémorer ses souvenirs.
En 1992, cette homme retrouve une photo prise il y a une petite trentaine d'années par Francis Jansen, un photographe ami de Robert Capa.
C'était tôt le matin de ce printemps 1964, j'étais avec une amie de l'époque dans un café. Jansen était attablé un peu plus loin et avait pris cette photo sans que nous nous en rendions compte. Nous avions lié connaissance et je me suis retrouvé tout doucement au fil du temps à classer, chez lui, ses photos entreposées dans trois grandes valises.
J'ai progressivement découvert des parties de la vie de Jansen, homme peu porté sur les confidences et la conversation. Surtout cette fameuse Colette qui passe son temps à appeler pour le rencontrer. Mais Jansen finira par disparaître.
J'ai erré dans Paris à la recherche des lieux et des personnes qu'il avait connu. J'y ai trouvé beaucoup plus de blanc que de réponses.
Des souvenirs confus, des silhouettes esquissées, nous naviguons dans les méandres de la mémoire. Par petites touches, Patrick Modiano nous décrits un homme qui progressivement disparaît derrière ses photos. C'est un livre d'atmosphère, un livre puzzle ou les chapitres s'emboîtent pour former un tableau de style impressionniste. Sommes-nous sûr que ce que nous percevons à vraiment était la réalité ?
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Le challenge Nobel de Meps m'a poussée à transgresser un principe auquel je déroge fort rarement : ne pas lire ce que ma mère a toujours prétendu adorer. Or, dans un recoin de ma tête, Modiano en faisait partie, à tort ou à raison. En novembre 2019, donc, je me lance, et séduite, je lis quatre oeuvres de Modiano plus ou moins coup sur coup. Grosse erreur. Ce qui explique en partie que Chien de printemps m'ait déçue. Il faut dire que Modiano, ça se lit vite, le style sobrement travaillé n'oblige pas à relire quinze fois une phrase - je dis ça, parce qu'on le compare toujours à Proust (attention, j'aime Proust, hein) -, et il se dégage de ses textes une mélancolie qui me touche.


Mais Chien de printemps... Ah, je ne sais comment expliquer ce que j'ai ressenti à cette lecture. Une sensation de "bon, oui, encore le même sujet", certainement. Et pourtant, ce n'est pas vraiment ça qui me dérange. Edith Wharton parle quasiment toujours de la haute société new-yorkaise. Maeterlinck a écrit des pièces de théâtre, et même des poèmes, qui relèvent tous peu ou prou du même thème (cela dit, j'ai eu une petite baisse de régime arrivée à La mort de Tintagiles). Barbey d'Aurevilly a exploré les mêmes thèmes pendant toute sa carrière. La liste serait trop longue... Disons qu'une quatrième variation sur le même thème ne me posait pas de problème en soi dans le cas de Modiano, mais que je suis redescendue de mon petit nuage par le fait d'une légère lassitude.


Parce que Chien de printemps, c'est quoi ? Eh bien, c'est l'histoire d'un narrateur qui, trente ans après avoir rencontré un homme, Francis Jansen, repart sur ses traces. Il l'a connu très peu de temps. Jansen était photographe, il avait connu Capa, il avait rencontré Wols, il fréquentait tout un tas de gens connus. Mais il semblait aussi se foutre de ses vieilles photos. le narrateur s'était alors mis en tête de classer toutes ces photos. Par souci de ne pas les laisser se perdre, par besoin de cerner Jansen ? Car Jansen, c'est l'homme qui échappe à tout le monde, qui évite tout le monde, qui laisse le téléphone sonner dans le vide, qui disparaît puis réapparaît. C'est l'archétype de ces figures fantomatiques qui hantent les romans de Modiano.


J'ai trouvé l'idée du classement des photos idéal pour ce genre de roman. Les photographies non répertoriées, non légendées, ou assorties de légendes qui les rendent encore plus mystérieuses, voilà qui constituait un point de départ passionnant pour un retour sur le passé, une promenade dans les méandres d'une mémoire lacunaire - ce n'est pas pour rien que Barthes a choisi de parler de la photographie pour revenir au souvenir de sa mère dans La Chambre claire. Et puis, je ne sais pas très bien pourquoi, la sauce n'a pas complètement pris. Les photos laissent la place à des personnages bien réels, et le côté bourgeois du roman a fini par m'agacer. Bon, ça va bien, on a compris que Modiano a côtoyé tout un tas de gens de la bonne société, des artistes, des universitaires, des ceci, des machins, des... Bon. Pour ma part, je me suis fait engueuler par Shurik'n à un festival de musique, et Louis-Do de Lencquesaing m'a prise pour une idiote au téléphone quand je bossais pour un festival de théâtre, et j'en fais pas un roman, hein (je hais juste Shurik'n pour l'éternité). Bon, je m'énerve, je m'énerve, et nous n'avançons pas.


Tout ça pour dire que, d'abord, je trouve ce roman en partie inabouti, à cause de l'idée des photographies qui n'a pas été suffisamment exploitée à mon sens. Et qu'ensuite, il n'est pas forcément très bon de vouloir lire Modiano tout d'un coup, mais qu'une approche par petites touches est sans doute plus appropriée à un tel auteur. Est-ce que j'aurais apprécié différemment Chien de printemps si les circonstances avaient été différentes ? Voilà ce que vous ne saurez pas !



Challenge Nobel
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La "musique" de Modiano, comme la musique de Mozart, reconnaissable entre toutes, et, comme chez Mozart, aussi magique dans les grandes morceaux que dans les petits, tel celui-ci. Oui, un court roman, ou une longue nouvelle, mais quelle merveille!

Le narrateur raconte sa brève rencontre avec Jansen, un photographe de fiction (vous ne le retrouverez pas sur Wikipedia!), un homme vieillissant et détaché de tout, en partance pour l'Amérique du Sud, lui qui fut l'ami de Robert Capa.

Le roman nous décrit, dans une écriture impressionniste magnifique, les quelques semaines où Patrick va aider Jansen dans le classement de ses trois valises remplies de photos.
Et le récit de nous produire une extraordinaire interrogation sur les images du passé, sur ce qu'il faut en garder. Un dialogue étrange s'instaure entre un photographe qui a su capter le miracle des instants bruts, de l'impalpable, du silence, et qui veut les oublier, et un futur écrivain qui cherche à retenir, classer, ces moments photographiques précieux, et c'est, dans un jeu de miroirs, ou de surimpression, tout le projet littéraire de l'auteur qui se révèle.

Oui, dans ce livre, entre autres par le biais du dialogue entre le photographe et le narrateur, mais aussi par les quelques rencontres insolites qu'il fera, Modiano nous donne son "Art du roman" sa façon d'écrire, son besoin obsessionnel de retenir le passé, l'importance de s'effacer, de "se fondre dans le décor" comme le suggère Jansen, d'être une ombre qui passe pour à la fin disparaître. Il y a d'ailleurs un merveilleux passage où le narrateur nous décrit un moment de sieste dans le jardin du Luxembourg, où s'installe progressivement ce sentiment, qui est aussi celui de notre finitude: "J'allais disparaître dans ce jardin...C'était fini. Je n'étais plus rien...À la fermeture des grilles, il ne resterait de moi que l'imperméable que je portais, roulé en boule sur un banc."

Ce livre est, en peu de lignes, tout un condensé de l'art modianesque: les thèmes de la guerre et des rafles, la résurgence des souvenirs de l'enfance, le souvenir du frère disparu, la quête d'identité, les fantômes du passé, les demeures abandonnées, les lieux chargés d'ombre et de lumière, le silence, le rêve éveillé...

J'ai lu dans les critiques de ce livre que certains Babeliotes ont apprécié ce roman dans la version audio, lue par Édouard Baer. Ça ne m'étonne pas. Je me suis trouvé, moi-même, à lire et relire à haute voix certains passages, et à être soulevé par la beauté de la musique du texte.
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Pour moi, ce qui fait le charme de Patrick Modiano, c'est qu'on sent les choses sans forcément les comprendre.
Quand j'achève un de ses romans, j'éprouve parfois une sorte de frustration, comme si je n'avais pas réussi à résoudre totalement une énigme, avec l'impression d'avoir regardé les choses au travers d'une vitre dépolie.
« Chien de printemps » est un livre étrange où l'auteur nous suggère, nous laisse imaginer.
Il nous parle de sa rencontre avec Jansen, un photographe aussi talentueux que mystérieux.
Je me suis laissée bercer par la musicalité de l'écriture sans vraiment comprendre tout ce qu'a représenté cette amitié.

J'ai aimé ce livre malgré sa part de mystère et de non-dits.
J'ai aimé l'écriture empreinte de lenteur et de mélancolie.
Peut-être que tous les romans de Modiano se ressemblent par leur obsession du passé, les déambulations dans Paris, mais je ne m'en lasse pas.
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Pour moi ce fut la deuxième lecture de Modiano en très peu de temps, ce qui m'a fait percevoir ce livre comme un écho de celui que j'avais lu précédemment, Rue des boutiques obscures, ou plutôt comme un miroir. Dans l'un le personnage principal, amnésique, prend progressivement identité, dans l'autre il se dissout au fil des pages et du temps, se dilue dans un double disparut depuis des années. Ici, pas d'histoire, pas d'intrigue, tout est diffus. le narrateur, qui ne se nomme pas, se souvient d'un certain Francis Jansen, photographe qu'il a rencontré trente ans auparavant et qui a soudainement disparu des radars. Tout le récit porte sur les quelques semaines où ils se sont connus, sur l'influence de Jansen et sur ce qu'il apporte au narrateur : apprendre à suggérer le silence, pour l'un avec des photos, pour l'autre avec des mots. Et en même temps il y a une obsession de la trace laissée avec le narrateur qui réalise l'inventaire des photos de Jansen. J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce livre, très fluide, l'ambiance, l'atmosphère mais il est aussi très déstabilisant et je pense que si j'avais commencé par ce livre je n'aurais pas aimé du tout.
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Lire ce livre a été pour moi comme marcher dans un rêve, en somnambule. Il s'en dégage une atmosphère toute en apesanteur que je qualifierais de flottante.
Le narrateur se remémore, trente plus tard, sa rencontre avec le photographe Francis Jansen, personnage fictif ayant fréquenté Robert Capa, photographe bien réel ayant été reporter pendant la guerre. La fréquentation de cet homme plus âgé n'a duré que quelques semaines, peut-être quelques mois, le temps pour le narrateur de recevoir quelques leçons de vie et de trier les photos délaissées du photographe, avant que celui-ci ne parte pour l'Amérique latine et ne donne, volontairement sans doute, plus signe de vie.
A travers ses souvenirs et les quelques photos qu'il a conservées, le narrateur esquisse le portrait de cet homme mystérieux qui tente, par ses photographies, de recréer le silence. le narrateur marche ainsi dans un Paris palimpseste : plusieurs histoires s'y inscrivent. Son enfance, sa jeunesse, celle d'aujourd'hui mais aussi celle de Jansen avant et après la guerre.
Ce roman me donne envie de me plonger dans l'oeuvre de Modiano dont on parle beaucoup depuis son prix Nobel, car Chien de Printemps me semble être une pièce d'un tout qui me reste encore obscur…
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Découverte de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature, avec ce livre très court qui relate une rencontre entre un photographe Francis Jansen et le narrateur. Une rencontre au hasard, une amitié qui se crée, quelques temps vécus ensemble puis la recherche de quelques liens du passé.
Le personnage principal est détaché, entre deux existences, un nouveau départ, une oeuvre qui l'embarasse. Deux portraits de femmes, l'une surgi du passé et l'autre qui lutte pour ne pas en faire partie.
La plume de Modiano est sobre, de très courts chapitres, pas de coup d'éclat. Une rencontre agréable que je renouvellerai sans doute.
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"Chien de printemps" est mon troisième livre de Patrick Modiano et je m'aperçois que je remonte le temps, un peu comme dans ses romans. Après avoir lu "Dans le café de la jeunesse perdue" écrit en 2007 et "Du plus loin de l'oubli" écrit en 1996, Chien de printemps, écrit en 1993, me confirme l'intérêt de Modiano pour les cafés et les rencontres.

Il s'agit cette fois d'une rencontre avec un photographe, Jansen, dont il est amené à classer les photographies (à la suite de circonstances assez improbables) parce qu'il refuse "que les gens et les choses disparaissent sans laisser de trace". Et pourtant, Jansen est parti brutalement, sans laisser d'adresse, et il ne l'a jamais revu.

En 120 pages écrites en gros caractères avec de nombreux "blancs" entre les chapitres, pour la plupart très courts, Modiano nous déroule à grande vitesse son roman, par petites touches qui s'imbriquent parfaitement : un répertoire alphabétique à renseigner, une photo (unique) qu'il conserve, quelques appels téléphoniques, l'apparition d'un troisième personnage, Nicole, puis d'un quatrième, le mari de Nicole qui le giflera dans le chapitre suivant.

L'auteur mène son enquête auprès des rares amis de Jansen pour essayer d'en savoir plus. En remontant le passé, il lui arrive de "tomber dans des trous noirs". Perte de mémoire et perte d'identité se confondent. Il est victime d'ictus amnésiques qui lui donnent parfois le sentiment d'être "un touriste égaré dans une ville qu'il ne connaît pas".

On ne s'étonnera pas que les réflexions de Patrick Modiano sur la fuite du temps et la mémoire l'aient fait qualifier de "Marcel Proust de notre temps".
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Inlassable travail de mémoire que poursuit Patrick Modiano. A partir d'une photo en sa possession, réalisée par le photographe Francis Jansen où l'on voit Modiano en compagnie d'une jeune femme dans un café, l'auteur va évoquer avec nous dans ce court roman les souvenirs de cette époque, le Paris des années 60, de cet artiste qui a appris son métier avec robert Capa. Trente ans après, il tente de reconstituer le puzzle de sa relation avec ce mystérieux photographe.
Bénévolement, Modiano va aider l'artiste à répertorier ses photos dans son atelier pour éviter que les gens ou les choses disparaissent sans laisser de trace, ils vont arpenter les boulevards, se promener dans les jardins tandis que le photographe capte l'instant avec une feinte désinvolture. Les passants sous les portes cochères, les grilles du jardin des plantes, des enfants qui jouent, un rayon de soleil sur un arbre de l'avenue. Il y a de la poésie à chaque page et je n'ai pu m'empêcher de penser aux photos de Doisneau ou au film le fabuleux destin d'Amélie Poulain.
La prose de Modiano est magnifique et empreinte comme à l'accoutumée d'une forme de nostalgie si caractéristique de cet auteur.

Challenge Multi-Défis 2022.

Challenge Riquiqui 2022.
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Le narrateur se souvient de cette rencontre inopinée au printemps 1964 il y a 30 ans déjà, dans un café parisien alors qu'il n'avait que 19 ans et qu'il était avec une amie.
Et cette rencontre c'est celle de Francis Jansen et de son Rolleiflex.
Francis Jansen a pris une photographie d'eux, qui sera le début d'une amitié entre le jeune homme et le photographe lui-même ami de Robert Capa qu'il a suivi jusqu'à Berlin en 1945.
Le narrateur va entreprendre de classer et répertorier des valises entières de clichés pris par le photographe.
C'est à un voyage dans la vie du narrateur et dans celle du photographe ainsi que dans les rues de Paris des années 60 auquel nous invite Patrick Modiano
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