Patrick Modiano connaît bien le monde de la danse, souvent dans ses
romans, ce sont quelques personnages secondaires. Ici,
la danseuse, jamais nommée par son prénom, est au 1er plan. Elle est racontée ou presque par le narrateur.
Presque oui... car le narrateur, on peut imaginer aisément qu'il s'agisse de
Modiano lui-même, fait appel à ses souvenirs... flous.
En lisant, j'avais l'impression de marcher dans les rues, à Paris, ne sachant où aller, comment me rendre dans un lieu dont je ne me souvenait pas tout à fait. Impression étrange n'est-ce pas mais je continue à marcher pour voir où mes pas vont me mener. C'est cela entrer dans la littérature de
Modiano, il faut lâcher prise, lire et voir.
Un vieil homme se souvient donc de
la danseuse et de son fils, le petit Pierre. Il se souvient qu'il y a 50 ans il habitait dans une chambre de bonne mal chauffée, qu'il écrivait, qu'il était fasciné par
la danseuse et son monde. On ne sait pas grand chose d'elle, on ne sait rien du père de Pierre, mais on l'a ressent, elle se dessine sous nos yeux de façon certes évanescente mais réaliste tout de même.
C'est une expérience de lecture que ce livre...
Il faut se laisser aller à un Paris monochrome d'hier que vous regarderez depuis aujourd'hui assis à une terrasse non loin des quais de la Seine. Et quand les souvenirs du narrateur se précisant suffisamment pour vous parler du chorégraphe Kniassef, tendez l'oreille pour entendre son accent, imaginer
la danseuse à la barre faire ses exercices sans relâche, fermer les yeux et vous verrez le petit Pierre dans un coin, calme et silencieux, en train de jouer seul.
96 pages, une écriture minimaliste sans aucune fioriture pesée au gramme près, c'est à prendre ou à laisser avec
Modiano.
Je suis frustrée oui mais je prends quand même.