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sur 321 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce ne sont pas les "je me souviens" de Georges Perec. Mais du Modiano pur jus, toujours avec cette interminable quête de sa recherche du temps perdu, ce travail de reconstitution de la mémoire comme un puzzle que l'on tente d'assembler cinquante ans après. Qu'est-ce qui relève de la mémoire, qu'est-ce qui relève du rêve ou de l'imagination ? On ne saurait le dire mais est-ce si important ? Modiano nous entraine, d'un pas lent dans les quartiers de Paris, dans les cafés, toujours les cafés (des cafés ouverts, avec des clients dedans, assis à table et fumant une cigarette, si si, je vous jure !!) et en le suivant dans ses pérégrinations, on croise des passants, des passantes que l'on retrouve ailleurs, dans un autre quartier, quelquefois éloigné. Des petits bouts de vie qui vont s'imbriquer dans la sienne pour un temps, puis plus tard au hasard de la vie. Il semble y avoir de la nostalgie chez Modiano, un regard sur son adolescence vu depuis aujourd'hui à l'aide du futur antérieur (quelle belle jeunesse on aura eue). Ses sentiments pour les six femmes qui composent ce récit ne sont jamais exprimés, tout juste suggérés, quelquefois complètement occultés. J'aime sa solitude,son humilité, son côté introverti qui transparaît dans nombre de ses romans. Je termine avec ce couplet des Passantes que chantait Brassens car j'y ai pensé plusieurs fois en cours de lecture.

"Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir"

Challenge multi-défis 2021.
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 Tous les ans, il revenait sur le môle, à l'entrée du vieux port de Pornic, avec ses toiles et ses pinceaux. Il disposait quelques-uns de ses tableaux sur le muret en pierre qui le séparait de l'eau et installait son chevalet face au château. Cette ancienne place forte - dont les fondations étaient léchées par la houle et en partie masquées par la végétation - datait du XVe siècle. Elle avait appartenu au célèbre Gilles de Rais, plus connu sous le nom de "Barbe-bleue".

 Inlassablement, le peintre reproduisait le même motif : le château posé sur le bord de l'océan avec à ses pieds quelques bateaux de plaisance. Au-dessus, les mouettes tournoyaient dans un ciel bleu où flottaient de rares nuages poudreux. Tous les étés, fidèle au poste, la casquette vissée sur sa tête aux cheveux grisonnants, l'œil rivé tantôt sur la toile tantôt sur le château, rien ne le divertissait de sa tâche : il peignait et repeignait sans cesse l'édifice. La précision de son trait et la beauté de ses couleurs attiraient le regard des touristes, et les habitués, comme moi, ne pouvaient pas envisager un été sans sa présence sur le port. J'éprouvais beaucoup d'admirations pour son talent et aussi, je m'interrogeais sur les raisons qui le poussaient à reproduire toujours le même thème. Seules des nuances de couleur et d'angle de vue permettaient de distinguer des différences dans son travail. En se consacrant à un seul sujet, il espérait atteindre une sorte de perfection. À quoi bon se disperser ? N'est-il pas plus efficace pour atteindre un but d'explorer un seul chemin ? Il me faisait songer à Balthazar Claës, un personnage de Balzac, qui sacrifie sa fortune, et même sa vie, à la recherche de la perfection. Le peintre du château était en quête d'absolue dans une démarche qui témoignait d'une modestie et d'une humilité artistiques sans pareil. Son génie ; c'était la constance, sa vertu ; l'abnégation, son talent ; l'amour de l'art. Aujourd'hui, il n'est plus, mais son souvenir demeure.

 Patrick Modiano appartient à cette famille d'artistes (Monet et ses "Nymphéas") qui tentent d'explorer tous les détails d'un sujet. L'œuvre de Modiano semble isolée et figée dans un espace-temps au milieu duquel tourne un monde qui offre pourtant tant de voies d'explorations. Il représente l'écrivain le plus singulier, le plus attachant, le plus modeste et le plus discret que je connaisse. Je n'ai lu que trois de ses livres, mais je retrouve chaque fois dans son œuvre un climat, une ambiance, une musique, un style unique au service d'un seul et unique objectif : reconstruire le puzzle de sa vie en puisant dans les souvenirs de son enfance. Son univers est circonscrit à une époque et un lieu : les années d'après-guerre à Paris. Le narrateur (Modiano lui-même) est marqué par l'absence de ses parents, un père instable aux activités louches et une mère comédienne :

« Vers quatorze ans, je m'étais habitué à marcher seul dans les rues, les jours de congé, quand le car du collège nous avait déposés à la Porte d'Orléans. Mes parents étaient absents, mon père occupé à ses affaires, tandis que ma mère jouait une pièce dans un théâtre de Pigalle. » (page 10).

 Ses livres ne forment qu'un seul livre, toujours le même : l'histoire d'un homme qui déambule dans les rues de Paris en quête de son identité. Il fait des rencontres, mais ne crée pas de liens durables, il ne communique pas vraiment ; il questionne. Ses fréquentations durent quelques semaines, quelques mois puis ses relations disparaissent, quelques années plus tard, il les croise par hasard sans oser les aborder, parfois, il reprend contact pour finir une conversation entamée quelques années plus tôt. La nostalgie domine, le mystère aussi. Il est question d'activité secrète, de spleen des dimanches soir, de souvenirs, de rêves. Les lieux qu'il fréquente sont les bars, les restaurants, les hôtels, les cabarets de Paris. Il y retrouve toujours une part de son enfance et fait la connaissance de personnalités troublantes, énigmatiques aux activités incertaines. Comme Geneviève Delame passionnée par les sciences occultes et aussi Madeleine Peraud disciple du maître spirituel Gurdjieff qui prétend que la plupart des humains sont dans un état hypnotique et qu'il détient la méthode permettant de les "réveiller". Le thème du rêve, du somnambulisme, revient très souvent dans ce livre, ses héros et le narrateur lui-même semblent marcher à côté de la vie :

« Elle me regardait droit dans les yeux, et ce regard provoquait chez moi un engourdissement, comme dans ces rêves où vous cherchez à fuir, mais où vous êtes cloué sur place » (page 47).

 Son obsession est de comprendre d'où il vient, il voudrait parfois aussi pouvoir changer le passé :

« Si l'on pouvait revivre aux mêmes heures, aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances ce qu'on avait déjà vécu, mais le vivre beaucoup mieux que la première fois, sans les erreurs, les accrocs et les temps morts…ce serait comme de recopier au propre un manuscrit couvert de ratures… » (page 58).

 Il pourchasse des fantômes :

« Paris, pour moi, est semé de fantômes, aussi nombreux que les stations de métro et tous leurs points lumineux, quand il vous arrivait d'appuyer sur les boutons du tableau des correspondances. » (page 18).

 La mémoire lui échappe et la réalité ensevelie sous la neige de l'oubli ressemble à un rêve :

« De temps en temps, il me semble que le café s'appelait Le Bar vert, à d'autres moments, ce souvenir s'estompe, comme les mots que vous venez d'entendre dans un rêve et qui vous échappent au réveil. » (page 20).

 Ce qui est caractéristique de l'œuvre et de la personnalité de Modiana c'est qu'il n'y a rien d'artificiel. Ce qu'il raconte témoigne de ce qu'il est, en toute sincérité, en toute vérité, cela se ressent. La part de fiction qu'il rajoute à ses souvenirs n'est qu'un liant pour combler les trous de sa mémoire. Il s'agit d'une fiction qui échappe au romanesque, l'invention est au service d'une vérité éprouvée.

 Pour mieux apprécier la personnalité de cet auteur qui, malgré son immense talent, traverse avec discrétion le monde de la littérature (il a refusé d'entrer à l'Académie française mais il a été couronné par le prix Goncourt en 1978 et le prix Nobel en 2014), je recommande de regarder au moins deux des entretiens qu'il a donnés à la télévision : le premier en 1969 à propos de "Ronde de nuit" pour une émission littéraire de TSR (Télévision Suisse Romande) et l'autre daté de 2019 pour François Busnuel. Son discours de réception du prix nobel de littérature est également un grand moment. Ses prises de parole sont rares, car il fuit les micros et les caméras. À l'oral, sa pensée est hésitante, heurtée, il s'exprime avec difficulté, commence trois phrases sans en terminer une seule. Mais ce manque d'habileté oratoire le rend encore plus sympathique, pIus spontané, plus attachant. Il est frappant de constater l'extrême modestie et l'humilité de cet homme ainsi que la constance de sa personnalité et de ses thèmes de prédilection.

 Je partage l'avis du secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise Peter Englund qui considère que Modiano est le "Marcel Proust de notre temps".

Bibliographie :

- "Souvenirs dormants", Patrick Modiano, Gallimard folio (2019), 110 pages.
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Il faut lire, lire ,lire Modiano, comme si c'était défendu !
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Un Modiano qui m'a moins emporté que d'autres (Dora Bruder, L'Horizon, Dans le café de la jeunesse perdue...). J'y ai néanmoins retrouvé tout ce qui fait le charme de cet auteur : la limpidité de la plume et la virtuosité avec laquelle elle entretient le contraste entre, d'une part, des décors, des accessoires et une mise en scène d'une grande netteté et, d'autre part, un flou etudié, qui nimbe les personnages, leurs intentions, leurs motivations et, bien sûr, leurs souvenirs.
Ajoutez à cela une touche de mystère, des interrogations et des inquiétudes universelles, un narrateur indolent, spectateur de sa propre vie et englué dans son passé et, surtout, des fragments de Paris ; un Paris lointain, estompé par les décennies... Alors, il n'y a plus aucun doute : c'est bien du Modiano.
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On entre dans un livre de Modiano comme dans un lieu incertain. le cadastre en est rigoureux, mais les avenues partent sans promesse d'arriver quelque part. Il n'y a plus qu'à se laisser prendre par la main et suivre l'auteur au gré de son écriture…
D'autant qu'il s'agit ici d'absence et de souvenirs, parfois de souvenirs d'absences : « J'avais quitté mon collège de Haute-Savoie avec trente-neuf de fièvre, pris un train pour Paris, et échoué, vers minuit, dans l'appartement de ma mère. Elle était absente et elle avait confié la clé à Mireille Ourousov, qui habitait là pour quelques semaines, avant de retourner en Espagne. »
Dans ce livre, Modiano nous présente les femmes qui ont accompagné plus que comblé ces absences. On découvre un groupe de disciples de Gurdjieff, le « gout du mystère » ou l'art de diriger les rêves. D'ailleurs ce cadavre, sur le tapis du salon de Martine Hayward, et le poids du revolver à étui de daim dans la main, est-ce autre chose qu'un rêve ?
Le mot « roman » n'apparait pas en couverture de ce livre. Dans sa déambulation nostalgique et allusive dans le Paris des années 60, dans son obsession de se retrouver dans ses souvenirs, Patrick Modiano tente de « recopier au propre (le) manuscrit couvert de ratures » de sa jeunesse. « Si l'on pouvait revivre aux mêmes heures, aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances ce qu'on avait déjà vécu, mais le vivre beaucoup mieux que la première fois, sans les erreurs, sans les accrocs et les temps morts… »
Lire Modiano, c'est cultiver l'art du lâcher-prise. Il faudrait pouvoir dévorer les 105 pages de ce livre d'une traite, pour ne jamais briser le charme. Vous voyez Alice retraverser le miroir toutes les dix pages pour vérifier la cuisson du gratin dauphinois ? Il faut laisser les phrases éveiller un écho en nous. Et nous ramener à nos propres fantômes : « Mille et mille sosies de vous-même s'engagent sur les mille chemins que vous n'avez pas pris aux carrefours de votre vie, et vous, vous avez cru qu'il n'y en avait qu'un seul. »
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Un livre sur les souvenirs qui remontent à la surface, ceux que l'on pensait avoir oubliés, ceux que l'on avait fait exprès d'oublier, et ceux qui sont là dans un coin pour toujours.
Patrick Modiano retrace certains de ses souvenirs lorsqu'il était adolescent et jeune adulte dans ce court récit qu'est Souvenirs Dormants.
L'écriture est d'une fluidité remarquable, on se retrouve embarqué dans le Paris des années 60, et c'est ainsi que j'ai trouvé cette lecture agréable.
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Avec Patrick Modiano, on tâtonne toujours. On tourne en rond dans une mémoire frileuse et fragmentée. On se crispe dans l'effort pour accrocher un souvenir qui conduise à un fragment de récit, à un embryon de portrait. On cherche à débusquer le sens de tous ces tâtonnements. On trouve parfois quelques miettes d'univers mais l'ensemble échappe, se dérobe, se morcelle. On arpente les phrases comme le narrateur arpente les rues de Paris. On est ébloui de temps à autre par une phrase vibrante et puis on reste en plan... D'autres fois, on s'installe dans un paragraphe qui semble promettre une histoire, mais l'histoire se délite, s'esquive. On s'arrête. On repart. On accélère. On revient en arrière.
Immergé dans une mémoire assaillie de souvenirs troubles et flous, on tâtonne encore dans une pensée démantelée par le temps et on se cogne aux mots comme on peut se cogner dans le palais des glaces d'une fête foraine sans forains. Tout est déformé et informe et on lutte avec le narrateur pour trouver une issue.
Au bout du compte - heureusement les récits de Modiano sont courts - on en sort épuisé, fourbu, indisponible. Et pourtant, implicitement, on est invité à tenter l'expérience sur soi-même: faire remonter dans la conscience tout ce qu'on s'est efforcé d'en chasser. Et ces souvenirs "remontent à la surface comme des noyés, au détour d'une rue, à certaines heures de la journée". Alors tout s'éclaire et, de mémoire à mémoire, avec Modiano, on finit par se comprendre.
Un récit inutile à faire lire à de jeunes lecteurs, déroutant et riche d'enseignements pour leurs aînés, un peu usés et enlisés dans le temps.
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D'après l'auteur, l'écriture de cet ouvrage serait inspirée par le titre d'un autre : « le temps des rencontres », découvert sur les quais à Paris. Selon moi, il fait suite à son texte autobiographique paru en 2006 : « Un Pedigree », où il se livre sur ses années d'infortune durant son enfance et son adolescence, dont il dira : « les blessures sont là, que les années ne cicatrisent pas ».
Ici et à l'instar des autres oeuvres de Modiano, on est porté par la nostalgie qu'il dégage et sait décrire, sans affectation. La narration des rencontres qu'il exhume de ses souvenirs, bien qu'ils soient très lointains, semblent prégnants car ils sont la trame du canevas de sa vie d'alors dans les années 1960 à 1965, esseulé dans un Paris aux relents d'une autre guerre, celle d'Algérie.
Les rencontres et leur souvenir ne sont pas hasardeux, ils sont ceux de personnages précis, évoluant dans un contexte et un environnement précis, qui ont modelé ou confirmé la structure intellectuelle et spirituelle de l'auteur. D'ailleurs, il n'hésite pas à faire émerger de ces confidences intimes, quelques petites ou grandes lâchetés, assumées (ou non). Acte d'humilité.
Dans son discours de prix Nobel reçu en 2014, il reprend la condition de la structuration de sa personnalité en ces termes :
« Cette volonté de résoudre des énigmes sans y réussir vraiment et tenter de percer un mystère m'a donné l'envie d'écrire, comme si l'écriture et l'imaginaire pourraient m'aider à résoudre enfin ces énigmes et ces mystères ».
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📸 « J'ai longtemps été persuadé que l'on ne pouvait faire de vraies rencontres que dans la rue. » (p.13)

Souvenirs dormants, promenades dans le passé. Patrick Modiano se souvient de sa vie de jeune adulte à Paris et sème ses souvenirs au gré de sa mémoire. A cette époque, les escapades parisiennes menaient à des rencontres, improbables, prometteuses ou dangereuses. Les regards se croisaient, on apercevait un détail, un sourire, un manteau, un livre, et naissait la possibilité d'une rencontre, ou le songe de celle-ci.

📸 « Avec un peu de bonne volonté, ils vous reviennent à la mémoire, ces noms qui demeuraient dans votre esprit sous une légère couche de neige et d'oubli. » (p.30)

On vivait, on prenait des notes, on s'empressait d'écrire, décrire une femme, un homme, une odeur, un endroit, on avait des cartes, des itinéraires, on avait le luxe de pouvoir se perdre, de vouloir se perdre, d'oublier et, l'espace d'une après-midi, d'une nuit, de répondre aux abonnés absents.

📸 « Je me demande pourquoi certains livres ou certains objets s'obstinent à vous suivre à la trace toute votre vie, à votre insu, alors que d'autres, qui vous étaient précieux, vous les avez perdus. » (p.48)

Les souvenirs… certains sont douloureux, d'autres sont merveilleux. Ils ont en commun qu'ils sont le résidu d'une vie, d'essais, de tentatives vaines ou fructueuses ; quand on vit, on crée un chemin, le sien, on cartographie sa vie, c'est immuable, intangible et pourtant cela subsiste à l'intérieur.

📸 « Il faut prendre les gens tels qu'ils sont, manteau de fourrure ou non. Au besoin, leur poser quelques questions discrètes, en douceur, sans éveiller leur méfiance, pour mieux les comprendre. » (p.69)

Vivons-nous encore ? Osons-nous nous perdre, acceptons-nous de perdre, d'errer, de vivre au gré du temps qui s'écoule lentement ? de quoi seront faits nos souvenirs ? de messages supprimés, de photos inutiles, de vidéos insensées ? Empressons-nous d'écrire, de saisir la futilité essentielle, l'instant émouvant, photographions les élans du coeur, notons un nom, une adresse, déclarons les flammes, plongeons nos yeux dans ceux de celui qui peut-être saura y voir la fragilité, et tout ce qui, à bien d'autres, est invisible.
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Mon deuxième Modiano. Après Dans le café de la jeunesse perdue, que j'avais modérément apprécié, j'ai décidé de retenter l'expérience. Et j'ai bien fait. La curiosité littéraire est décidément une bien belle qualité.

Souvenirs dormants m'a attirée par sa quatrième de couverture car, moi aussi, je fais partie de ces personnes dont la mémoire est saturée de pensées et de détails envahissants. J'aimerais, tout comme l'auteur -narrateur, m'en débarrasser définitivement. Pourtant, de temps à autres, ces souvenirs, souvent inutiles, remontent à la surface.

Certains pourraient reprocher à ce livre le fait que…qu'il manque une intrigue. Une histoire. Il y a peu de temps encore, j'aurais fait partie de ces lecteurs -là. Mais, les goûts changent…Aujourd'hui, je peux dire que seule, ce qui est déjà beaucoup, la belle écriture de l'auteur a suffi. Juste la beauté des mots. La fluidité du style.

J'aime le Paris de Modiano. Sa façon de me balader dans la ville. L'impression qu'il laisse sur le lecteur en frôlant, délicatement, les choses du bout des doigts. On ne sait plus trop ( l'auteur le sait t -il lui même ?) ce qui relève des pièges de la mémoire et de la réalité. Nous sommes plongés dans une douce ivresse parisienne à travers laquelle l'auteur se livre avec pudeur.

Un beau moment de littérature.

Quelle sera ma prochaine lecture de l'auteur ? Je pencherais pour La place de l'étoile.
Lien : https://labibliothequedeceli..
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