Dictionnaire de la guerre de Cent Ans

La présente analyse est un aperçu personnel plutôt qu'une critique. Un dictionnaire n'est pas conçu pour une lecture continue, en particulier s'il dépasse, comme celui-ci, 1500 pages avec son Introduction. Un dictionnaire ne se résume pas. Lors de son acquisition — par achat ou par cadeau —, le lecteur le feuillète et fait ses choix, choix qui reflètent ses points d'intérêt et ses quelques connaissances. Puis, dans les mois ou années suivantes, il le consulte en fonction de nouvelles questions ou de nouvelles lectures. J'en suis à sa découverte, et, en fait de connaissance, je ne sais à peu près rien de l'histoire médiévale en dehors de quelques lectures « grand public » : Braudel, Duby, Le Roy Ladurie, et récemment « Un monde sans ressources » d'Arnoux.

J'ai lu pour commencer l'excellente introduction du coordonnateur de l'ouvrage, Jean-Marie Moeglin, et les entrées suivantes : Architecture militaire ; Armées et recrutement militaire en Angleterre ; Armées et recrutement militaire en France ; Blessures ; Médecins et médecine ; Budget de la couronne ; Comptes ; Cour des comptes ; État ; Monnaies plus la note sur les indications de monnaies ; et Rançons. Les différentes entrées financières, leurs hommes, leurs institutions, leurs principes ou leurs volumes — semblent fort bien documentées.

L'Introduction fait plusieurs mentions de « Chevauchées », auxquelles sont consacrées trois cartes. J'apprends à l'entrée correspondante qu'il s'agit d'une « expédition de pillage et de dévastation menée par une troupe armée qui ne conduit pas à une bataille rangée même s'il s'agit d'une possibilité assumée. Il s'agit avant tout de rafler du butin et de causer aux hommes de l'ennemi le dommage le plus important possible ». En clair, l'ennemi ciblé par la dévastation est la population civile. Je recherche alors les entrées suivantes : Civils, Démographie, Mortalité, Population, Société. Puis, comme ces entrées n'existent pas, je cherche Mort, mais cette entrée se limite à « Funérailles et sépulture des combattants ». Je me tourne vers les sources démographiques exploitées par Braudel ou Le Roy Ladurie : Notaires, Paroisses, Registres. Rien à ce sujet. Je poursuis vers la régulation religieuse : je trouve une entrée Astrologie, mais pas d'entrée Religion ; une entrée Église, mais elle se limite à « église fortifiée » ; aucune entrée Asile ou Trève, et surtout, pas d'entrée Monastère (ou Cisterciens, Dominicains, etc.). Or la règle de Saint Benoit mentionne six fois la paix et surtout, les grands monastères avaient parallèlement au système féodal leur propre système de gouvernance, de production, de comptes et d'archives. Ils exerçaient leur influence à l'échelle de toute l'Europe et pas seulement de la France ou de l'Angleterre. Leur omission implique-t-elle que les monastères étaient immunisés contre les attaques, ou indifférents aux dévastations ?

Des commentaires de la part des lecteurs férus d'histoire ?