AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791026222880
328 pages
Librinova (24/09/2018)
3.94/5   17 notes
Résumé :
Après la catastrophe de Chanoo, la guerre civile fait rage au sein du monde de Nanek. Trois hommes s'allient dans la volonté de créer un monde meilleur. C'est ainsi que la cité-bulle de Machia voit le jour. Sa spécificité ? le Sommeil Aboli, une pilule obligatoire qui neutralise votre besoin de sommeil. Le temps vous appartient désormais, mais plus celui de rêver. Considéré comme un loisir illégal, ce que l'on appelle dorénavant les drims, est devenu une nouvelle dr... >Voir plus
Que lire après Sommeil Aboli : La cité aux rêves interditsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 17 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Pour un réveil et/ou une lecture SF en douceur
*
Une fois n'est pas coutume, j'ai décidé de poursuivre dans les méandres de la SF d'un genre assez bien représenté: l'anticipation. Et on pourrait rajouter aussi la dystopie (une société différente mais ressemblant à la nôtre).
Une création de société utopique où le sommeil est aboli (grâce à des petites pilules qu'on ingère) versus les Extérieurs (endroit qui est resté tel quel, sombre et mafieux). Vers lequel vous dirigerez-vous spontanément?
Bien sûr, dans celle qui promet des loisirs et des heures à ne plus savoir quoi en faire.
C'est dans ce monde qu'on retrouve Arty, le héros. Nous le suivons pas à pas à travers les dédales de cette cité. Il traficote, il rêve, il découvre des facettes anarchiques et met le doigt dans un engrenage suspect. Que lui arrivera-t-il ?
*
Le récit démarre avec la découverte de ce monde (les us et coutumes), les explications sur les Rêves (Drims) et cette pilule miracle. D'autres personnages importants gravitent autour d'Arty.
Puis cela s'essouffle au milieu , l'histoire peine à avancer et cela s'accélère pour un final très étonnant (joli twist que je n'ai pas vu venir !). Il manquait parfois de cohérence entre les différents chapitres (je n'arrive pas à expliquer cela, mais parfois c'est comme s'il n'y avait pas de "pont" entre les paragraphes).
Les rêves (écrits en italique) précédant les débuts de chapitre sont intéressants et font écho à l'épilogue (ne lisez pas la fin tout de suite, restez concentrés).
Les personnages sont psychologiquement bien travaillés, ni mauvais, ni bons. Bien sûr le héros a eu ma préférence.
J'aurais bien aimé en connaître un peu plus sur les Pays voisins. (leur économie et leur politique).
Plusieurs thèmes abordés tels l'amitié, l'amour filial, la loyauté (et la trahison), la famille.
L'auteur veut aussi pointer du doigt les conséquences de ce trop-plein de Sciences. Quelles en sont les limites? Doit-on tout accepter de la part de ces industries pharmaceutiques et technologiques? A quel prix?
Je vous rassure, le récit ne vous étouffe pas de termes scientifiques (ce n'est pas de la "hard science") mais il distille à juste dose des données pour comprendre cette cité.
*
Une écriture agréable, un univers qui m'a fait penser à Monades urbaines de Silverberg, une fin hallucinante (dans le bon sens), une histoire attendant peut-être une suite prochaine. Voilà de bons ingrédients pour un roman que je conseillerais aux fans de SF "cool" (sans trous noirs et vaisseau spatial intersidéral)
Commenter  J’apprécie          434
Lorsque j'ai commencé la rédaction de mon propre roman, il y a environ un an de cela, j'ai traversé une longue période de doute et de remise en question : mon intrigue n'était-elle pas trop banale, trop « déjà vue », trop « clichée » ? les lecteurs trouveraient-ils un intérêt à un énième roman d'heroic fantasy où le jeune héros est orphelin ? ne serait-ce pas perdre mon temps que de combattre mon perfectionnisme maladif pour coucher laborieusement sur le papier une histoire que nul n'acceptera jamais de lire ? Ce n'est qu'après avoir discuté avec plusieurs autres écrivains en herbe et après avoir épluché nombre de manuels et forums d'écriture que j'ai fini par tordre le cou à ces peurs : au final, tous les auteurs piochent allégrement dans les mêmes archétypes, les mêmes tropes, mais tous écrivent un roman différent … parce qu'on est tous unique ! le rebondissement final de ce roman – dont je ne dirais rien pour ne pas vous gâcher la surprise ! – sera probablement qualifié par certains de « cliché vu et revu » … mais je l'ai pour ma part trouvé extraordinairement bien exploité et particulièrement cohérent avec l'histoire dans son ensemble. Et en plus, je ne l'ai pas vu venir, preuve vivante de la justesse de son utilisation !

Imaginez une ville qui ne dort littéralement jamais … une ville dont les habitants ne dorment plus. Afin d'offrir à ses citadins tout le temps dont ils ont besoin pour concilier travail et loisirs, vie sociale et vie familiale, la cité-bulle de Machia a rendu obligatoire la prise régulière de comprimés de Sommeil Aboli. Privés de la possibilité de rêver, certains se tournent vers la consommation illégale de drims, enregistrement des rêves des rares rebelles à refuser le Sommeil Aboli … Bien décidé à poursuivre l'oeuvre de son défunt père, un des trois pères fondateurs de Machia et créateur du drim, Arty Haldfire est un de ses « fournisseurs » de rêves interdits. Comme tous les Drimeurs, il ignore tout du contenu de ses songes : il est formellement défendu de consommer ses propres rêves. Mais les retours de ses clients sont de plus en plus inquiétants, et le jeune homme se retrouve bien contre son gré embarqué dans une mystérieuse machination …

Je pense ne pas être la seule à regretter de manquer de temps pour faire tout ce que je souhaite : tout comme ma professeure de musique, j'attends avec impatience l'invention de la journée à 48 heures ! Les fondateurs de Machia, bien conscients qu'ils ne parviendraient pas à influencer la vitesse de rotation de la Terre, ont choisi une autre approche pour offrir plus de temps à leurs concitoyens : nous passons plus d'un quart de notre vie à dormir … que de temps gaspillé ! Grâce au Sommeil Aboli, les habitants de la cité expérimentale de Machia profitent de chaque minute de chaque journée ... Mais avoir le temps de s'adonner à tous les loisirs possibles et inimaginables, sans aucune restriction de temps, suffit-il à être heureux ? Est-on réellement libre de faire tout ce que l'on souhaite dans une cité aux lois implacables, où l'on a plus le droit … de rêver ? Comme dans tout système dystopique, le meilleur côtoie le pire, et les beaux idéaux fondateurs se transforment rapidement en dogmes intransigeants … Et comme tout récit dystopique, celui-ci questionne nôtre présent, notre futur, notre humanité …

On ne va pas se mentir : le début de ce roman est assez lent … un peu trop lent, même. L'introduction traine en longueur, et on se demande quand l'action va enfin pointer le bout de son nez, on s'interroge quant aux enjeux de cette intrigue à peine ébauchée … Et soudainement, sans crier gare, Arty est entrainé dans une spirale infernale de découvertes toujours plus inquiétantes, dans un tourbillons d'événements toujours plus dramatiques. On en oublie totalement la longueur du début, happé que nous sommes par cette déferlante de révélations aux implications toujours plus alarmantes. Et les machinations qu'Arty dévoilent se mêlent et s'entremêlent, le bien et le mal se confondent jusqu'à disparaitre : qui sont les gentils, qui sont les méchants ? y a-t-il des gentils, y a-t-il des méchants ? ou bien n'y a-t-il que des hommes aux rêves aveuglés, aux espoirs brisés, qui s'imaginent détenir la clé du bonheur universel ? Les rebondissements s'enchainent, et alors, plus question d'interrompre sa lecture une seule seconde : on a envie, besoin, de savoir comment tout cela va bien pouvoir se terminer !

Ce livre a cela de particulier qu'il dégage une ambiance vraiment particulière, que je n'ai rencontrée nulle part ailleurs : c'est comme si nous étions suspendus hors du temps … Comme si l'histoire nous glissait entre les doigts, sans jamais se laisser saisir totalement, tel un mirage qui se désagrège lorsque l'on s'approche trop prêt. On se laisse porter, sans vraiment saisir toutes les nuances des nombreuses révélations qui s'imposent à nous, comme si tout cela n'avait finalement aucune importance. C'est un peu comme lorsque vous avez une grosse crise de migraine et que, abruti par les médicaments, vous avez le sentiment de flotter à l'intérieur d'une bulle de coton : le monde tourne autour de vous, mais vous n'en faites plus tout à fait partie … La narration est à la fois épurée et poétique, comme si l'auteur jouait les funambules avec les mots. C'est vraiment une sensation très étrange, agréable mais perturbante …. Quelque chose nous échappe, on le sent confusément, quelque chose d'important pourtant, quelque chose de crucial. Et ce quelque chose, l'épilogue nous le dévoile, et on tombe des nues. Tout s'explique, y compris et surtout cette drôle d'ambiance ! On sait à présent d'où nous vient cette impression aussi familière qu'insaisissable qui nous a titillé durant toute la lecture ! C'est assez « classique », comme révélation finale, mais ici, ça a vraiment un sens, tout en représentant une énorme surprise, donc c'est génial !

En bref, vous l'aurez bien compris, j'ai vraiment apprécié ce roman ! Après un début un peu lent, un peu long, nous voici entrainés dans une histoire rocambolesque et fantasque aux nombreux rebondissements et qui ouvre la voie à de nombreux questionnements forts intéressants. Il m'est arrivé à plusieurs reprises d'être un peu perdue face aux nombreuses découvertes faites par le personnage principal, mais cela ne m'a clairement pas empêchée de profiter de cette histoire ! Je suis vraiment bluffée par la qualité de ce premier roman, qui souffre certes de deux ou trois maladresses narratives sans importance, mais qui offre surtout à ses lecteurs une expérience littéraire vraiment inédite ! Roman à double-niveau de lecture, Sommeil aboli plaira autant aux amateurs de science-fiction qu'aux adeptes de romans atypiques ! Foncez sans hésitation !
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
Commenter  J’apprécie          00
Comme vous le savez depuis longtemps, je ne suis pas féru de science-fiction. Encore une fois, je choisis de livre un livre qui, malgré l'aspect SF, reste plutôt terre à terre, et ne dispose pas de sabres-laser et autres vaisseaux spatiaux.

Concernant l'univers donc, eh bien il n'est pas compliqué ! Pour les réfractaires aux poncifs SF, vous pouvez y aller sans problèmes. La cité-bulle de Machia est la seule à posséder la pilule de Sommeil aboli, permettant aux gens de ne plus dormir. Une partie minime du temps gagné sur le sommeil sert à travailler et être productif, mais la majorité du temps sert aux loisirs et au développement personnel. Nous sommes donc confrontés à une société utopique où tout semble aller pour le mieux.
Les alentours proches de la cité-bulle se nomment les Extérieurs. Une sorte de zone presque post-apocalyptique où vivent ceux qui ne peuvent entrer à Machia, dirigés par différents clans et mafias.
L'univers reste assez simple, et l'auteur ne s'attarde pas en détails inutiles, ni même en longue et compliquée explication concernant la pilule de Sommeil aboli. Ce qui m'a absolument ravi, et permet d'entrer rapidement dans l'histoire.

Malgré cette fulgurante entrée et un début très intéressant et correctement rythmé, l'histoire peine à avancer et à nous tenir en haleine. On passe un bon tiers du roman à suivre les aventures des personnages, pas spécifiquement palpitantes et à se demander quand l'intrigue va vraiment décoller et le rythme s'accélérer. Il y a tout de même quelques passages intéressants, mais le tout manque d'actions ou de révélations.
Le récit est plutôt bien rythmé en soi, tout au long du roman, et il ne manque que quelques détails de mise en scène qui auraient pu limiter l'ennui pendant ce tiers. J'ai lu les critiques de mes confrères et consoeurs, et une chose revient souvent : le fait de ne pas avoir de fil rouge évident. Et je suis plutôt d'accord avec ça. Comme je l'ai dit plus haut, on a l'impression, pendant un moment, que le récit va nous mener nulle part, et qu'on suit juste la vie, parfois excitante parfois plate, d'Arty Halfidre. Tout s'explique pourtant par la fin, même si ça n'excuse pas forcément tout.
La fin, pouvant être qualifiée de clichée, est tout de même orchestrée à la perfection, et fut une véritable surprise que je n'avais pas vu venir une seule seconde !
On tombe donc sur un premier petit tiers intéressant, qui met bien les choses en place, un second un peu mou et avare en informations, et un dernier qui finit en apothéose et qui se lit avec envie.

Concernant les personnages, je les ai tous trouvé très bons. Je n'ai pas de réel défaut à leur accorder, et j'ai même trouvé qu'ils échappaient tous plus ou moins à un archétype ou une fonction. Tous possèdent une certaine dualité entre bien et mal, et tous ont des limites dans chacun des deux côtés, les rendant très humains. Je me suis au final beaucoup attaché à Arty, le personnage principal, ainsi qu'à la plupart des personnages, comme Marco son meilleur ami, Volpen le bibliothécaire de la prison de Machia et Sarah la complice d'Arty.

Malgré la lenteur de l'intrigue pendant un moment, j'ai beaucoup apprécié plusieurs détails, notamment le fait que l'auteur semble avoir établi un univers cohérent, en dehors de la cité-bulle et des Extérieurs. En effet, il existe d'autres pays, dont nous entendons parler brièvement au fil du récit, mais qui sont détaillés avec parcimonie petit à petit. On ressent une vraie envie de proposer un background à l'histoire ainsi qu'au monde, sans alourdir le récit.
Ma curiosité a été attisée, et j'avoue avoir bien envie d'en savoir plus sur les villes et les pays limitrophes !

C'est un livre que je recommande, déjà pour sa fin, mais aussi pour son univers intéressant. Je doute qu'il convienne aux puristes de la science-fiction, mais comblera sûrement les amateurs ou ceux qui souhaitent parcourir le genre en douceur.
Et si jamais vous ressentez aussi un coup de mou au milieu, accrochez-vous, la fin en vaut vraiment la peine !


Découvrez la critique complète sur le plaisir de lire : https://www.leplaisirdelire.fr/sommeil-aboli-la-cite-aux-reves-interdits-christophe-mogentale/
Lien : https://www.leplaisirdelire...
Commenter  J’apprécie          40
Avant tout, je souhaite remercier Christophe Mogentale pour sa confiance pour ce SP.


Nous plongeons aujourd'hui dans un roman de science-fiction aillant un sujet bien particulier : l'absence de sommeil et tout ce que cela implique. Un thème intéressant et que l'on ne croise pas tous les jours. Nous partons donc sur de bonnes bases, l'enjeu étant de bien traiter le sujet et tout ce qui va avec.


Défi réussi ?


L'histoire se déroule dans le monde de Nanek. Après une grande catastrophe nommée « Chanoo », une cité-bulle du nom de Machia est créé. Les habitants de cette nouvelle société sont dans l'obligation de consommer une pilule, le « sommeil aboli », annihilant leur besoin de dormir. Les gens ont désormais plus de temps, mais ne rêvent plus.


Certains pourtant ne prennent pas le médicament, et en profite pour enregistrer leurs rêves, qu'on appelle désormais des « drims » et les revendre comme une sorte de drogue. Notre héros, Arty Haldfire est un de ces « drimeurs ». Alors qu'il mène sa barque sans trop se poser de question, son petit commerce clandestin va le pousser malgré lui au coeur d'un conflit politique, social et éthique sans précédent.


L'intrigue est soutenue par un monde dystopique très pertinent. L'auteur a pris le temps de créer un univers avec son passé, ses qualités, mais aussi ses défauts et ses ennemis. le travail en amont n'a pas été pris à la légère et cela se ressent à la lecture. Les technologies et le mode de fonctionnement de la cité sont bien démontrés sans pour autant nous noyer sous des explications sans fin. Si à certains endroits la chronologie est un peu compliqué à suivre, la structure du roman reste efficace et de grande qualité.


Un autre élément fondateur est bien évidemment le personnage principal : Arty Haldfire. Chose très peu conventionnel et intéressante ici, le héros ne met pas son monde en doute. du moins pas tout de suite. Durant une importante partie du roman, Arty a confiance en Machia, malgré le fait qu'il en transgresse les lois. À aucun moment il ne souhaite la chute de la cité ou celle du « démiurge », le dirigeant Nil Ademstat. Cela va rendre son développement et le déroulement des événements beaucoup plus complexe pour lui, et, de fait, les conséquences n'en seront que plus forte.


Autour de lui gravite des figures plus ou moins importante. Difficile de toutes les reprendre ici au vu de leur nombre. Nous pouvons évoquer le personnage de Sarah qui est assez ambiguë. Sa relation avec Arty va très vite, puis se complexifie sans qu'il n'y ait toujours une bonne raison à cela. Plusieurs de ses réactions, de ses paroles peuvent être flous et son fort caractère est parfois agaçant. C'est un personnage qui n'est pas la demi-mesure : on s'y accroche beaucoup ou pas du tout.


Certains personnages sont très intéressants et l'on peut regretter de ne pas les voir assez comme la mère et la soeur d'Arty. le démiurge en revanche est vraiment bien travaillé tout au long du roman. Même s'il n'est pas souvent là, on sent son influence et son impact dans la vie d'Arty au fil des pages. Parmi les proches du héros, nous avons aussi son meilleur ami Marco, avec une évolution pertinente. C'est une figure qui accrochera le lecteur, tant par ses sentiments, par ses paroles, ses actes et ses pensées. Il permettra aussi l'arrivée de très belles scènes pleines d'émotions. Enfin, notre aventurier croisera sur sa route d'autres protagonistes auxquels on s'attache aisément, à savoir Paul D'Uta, Volpen Garo, Willian ou encore Ray Gamesh.

En ce qui concerne le style d'écriture, il est plutôt agréable dans l'ensemble. On relève néanmoins quelques répétitions et un grand nombre d'adverbes qui peuvent parfois alourdir la lecture. À noter aussi une syntaxe parfois complexe qui ne conviendra peut-être pas à ceux qui lisent peu. Les descriptions sont plutôt bien ficelées, donnant un côté très filmique à l'ouvrage. On visualise plutôt bien l'ensemble du décor et la distinction forte entre Machia et les Extérieurs.


Christophe Mongentale en profite aussi pour aborder plusieurs questions plus « philosophiques » à travers les tourments de ses héros. Notons par exemple des réflexions sur le temps, sur les rêves et, plus surprenant, sur l'art. Aucune vision n'est plus défendue que l'autre au final, et il n'y a pas de réelle réponse apporté, mais « Sommeil Aboli » a le mérite de poser les interrogations et de permettre le débat. Si le monde qui y est décrit n'est pas le nôtre, il n'en est pas moins que de telles discussions peuvent être enrichissantes !

La fin du roman est un choix risqué. le lectorat sera forcément divisé sur celle-ci, en fonction de sa compréhension de son histoire. Une telle fin porte forcément un message et dit quelque chose, mais laisse aussi une part importante au non-dit. En ce qui concerne les valeurs que défend le roman, cela ne change au final, pas grand-chose. Il n'empêche que pour nos protagonistes, cette conclusion change tout, et réduit de manière non-négligeable certains enjeux.


« Sommeil Aboli » est un livre intéressant, original où l'action, l'émotion et l'éthique cohabitent. Si la fin ne peut pas plaire à tous, le message du roman et, quant à lui, accessible par tous. Un roman à mettre entre les mains des adeptes du genre, et de ceux qui n'ont pas peur d'y perdre le sommeil…

Lien : https://loeildopi.wixsite.co..
Commenter  J’apprécie          00
Machia, nouvelle cité exemplaire née après catastrophe et guerres, présente une image idyllique. Dorénavant, on ne perd plus de temps à dormir, la pilule Sommeil Aboli permet d'étirer le temps et d'avoir foison de loisirs après le travail. Tout semble au mieux et pourtant.... un trafic se développe autour des drimeurs, ces hommes qui prennent le risque de dormir et d'enregistrer leurs rêves qu'ils vendent sous le manteau parce le rêve a désormais disparu en même temps que le sommeil...

Arty Halfidre, protégé d'un des fondateurs de Machia, s'adonne à ce commerce illégal. Sa position et ses fonctions lui donnent une grande liberté de mouvement. Il peut sortir quotidiennement de Machia vers Les Extérieurs, contrées dangereuses où il vend ses disquettes de drims au prix fort.
Mais peu à peu, Arty devient l'enjeu de sombres machinations, ses rêves lui échappent et il va devoir démêler le vrai du faux, découvrir ceux qui le trahissent.

J'ai beaucoup aimé l'univers imaginé par l'auteur, cette cité idéale où le sommeil n'existe plus, où le temps appartient à chacun.... et où le bonheur n'est malgré tout pas garanti pour tous. Qu'en est-il d'une société sans rêves, une société policée dont les lois impitoyables que l'on découvre peu à peu sont le revers de la médaille. Que reste-t-il des idéaux des fondateurs de Machia si ce n'est des obligations et des interdits et un constat de danger imminent...
L'Art est devenu terne et convenu dans la cité : "...aucun art ne peut émerger facilement d'un tel monde, où la population se contente de la réalité." (p.190) dit un des protagonistes du récit. Et l'Art n'est-il pas le garant de notre humanité, l'expression des rêves et des souffrances des populations... L'auteur soulève les questions et laisse ses personnages y répondre de multiples façons, chacun avec ses convictions. Aucun manichéisme chez eux, tous sont denses et contiennent une part d'ombre..

Outre le thème autour de la société, du bonheur, j'ai beaucoup aimé la construction du roman,
en premier lieu le récit toujours intéressant qui mêle aventures, exploration scientifique (j'ai adoré le passage avec R5P, j'aurais tellement voulu qu'il se prolonge !), romance, réflexions, qui parle d'amitié, de loyauté, de désobéissance... mais aussi l'alternance des narrations qui apporte une vraie dynamique : le récit en lui-même entrecoupé de drims en italique surprenants , de lettres envoyées et reçues. Tout s'enchaîne parfaitement jusqu'au final inattendu et étourdissant qui d'un seul coup donne une nouvelle perspective à tout le roman que l'on ne peut s'empêcher de reprendre, de feuilleter. Tout s'agence, prend sa place dans un prisme nouveau et tellement intelligent.

Une excellente lecture, pleine de surprises, de profondeur, maîtrisée de bout en bout jusqu'à ce final remarquable, un livre avec une véritable âme, qui ne se termine pas à la dernière page mais vous poursuit encore un temps...

Je remercie tout particulièrement l'auteur pour l'envoi de son roman, pour sa confiance ...
Merci pour cette belle découverte !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Arty Halfidre s'éveilla lentement de son sommeil libertaire. Il traînait une angoisse diffuse dans son sillage. Il le sentait : il était mort à nouveau. Le poste de télévision était resté allumé. Au loin, la chaîne officielle de Machia rappelait l’obligation de prendre un comprimé de Sommeil Aboli à intervalles réguliers. « Avant, vous perdiez un quart de vie à dormir » rappelait la boîte.
Il se redressa sur sa couche, la conscience endolorie comme après une gueule de bois. Plusieurs interdits aux mêmes maux que l'on affronte seul. Son regard s’attarda sur la paroi blanche et rembourrée qui lui faisait face. Il s’était aménagé cette cellule secrète pour se consacrer discrètement à ses affaires illégales depuis son appartement. Luxe de précaution. Il recevait rarement, mais il imaginait que l’étoffe des murs amortissait les échos tumultueux de sa conscience nocturne agitée. 
Commenter  J’apprécie          00

Video de Christophe Mogentale (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Mogentale
Présentation du roman Sommeil Aboli, dystopie parue chez Echo Editions
autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus

Autres livres de Christophe Mogentale (1) Voir plus

Lecteurs (37) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4874 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..