Ca va n'aller

Une autobiographie poétique, hyper trash, drôle … pleine d'amour, d'honnêteté, d'une jeune autrice belge publiée à compte d'auteur malgré la qualité d'écriture. Y est abordée la dépendance alcoolique.

On en parle dans le milieu littéraire en Belgique (avec une sélection au prix « Grenades » bien que non élue au final, la concurrence était rude).

Il y a certes un rapport à « La merditude des choses » mais le récit n'est pas le même.

Mon coup de coeur 2021.

Un merci à l'autrice pour ce récit qui, on le réalise à la lecture, n'a pu que se reconstruire pour nous le livrer. Vraiment incroyable mais vrai et un humour dans la gamme "peut-on rire de tout?" que j'apprécie particulièrement.

Pas certaine que "ça va n'aller" tout de suite une fois le livre reposé. Il va d'abord falloir l'intégrer, s'en imprégner avant de le digérer.
La Belgique est le pays d'Europe où la morbidité liée à l'alcool est la plus élevée. C'est aussi celui où la consommation annuelle bat tristement tous les records. Et pourtant, l'alcoolisme reste une maladie tue, honteuse où les malades, les alcoolodépendants sont considérés comme faibles, sans volonté, pitoyables. Aux familles de se débrouiller secrètement avec l'addiction de leur proche, souvent dans la plus grande honte.
Ça va n'aller, c'est un #roman d'apprentissage au sein d'une famille dysfonctionnelle, éclatée, où chacun se débat avec ses démons. Comment s'en sortir sans sombrer à son tour ? C'est un récit dur, parfois insoutenable, à la plume atypique. Mais c'est aussi une ode à l'espoir, un cri d'amour.
À bien des égards, Ça va n'aller m'a rappelé un autre roman. Celui de Dimitri Verhulst, La merditude des choses. Ils ont ceci en commun qu'ils célèbrent l'amour familial malgré une enfance marginale biberonnée à l'alcool, l'attachement à la figure parentale déficiente, le pardon et la bienveillance quoiqu'il advienne. L'amour, toujours !
Pieterke Mol est une jeune autrice bruxelloise qui signe ici un premier roman auto-édité plein d'émotions, au style poétique et photographique (tiens, l'autrice est également photographe 😉), nerveux, souvent dur mais toujours empreint d'une infinie sensibilité. Son lancement est prévu le 10 septembre chez @kamilou.be . Pieterke Mol, une autrice à suivre absolument!

A travers ce récit autobiographique, l'auteure décrit la réalité de la vie avec l'alcool. Née dans une famille où la boisson était une évidence, elle a appris à apprivoiser la chose, à négocier avec délicatesse l'accompagnement d'un parent ivre, à masquer les manquements et les démissions.

Ce récit, plein d'amour, de tendresse mais aussi de colère vis-à-vis du trio infernal constitué par la mère, son amant et le père démissionnaire à tout d'un travail cathartique. Il y a un vrai talent d'écriture, une construction minutieuse qui fait émerger page après page l'image terrifiante d'un système familial chaotique et autodestructeur. Mais ça va n'aller ne donne pas simplement à voir la déchéance et la misère psychologique des protagonistes. le récit rend compte de la complexité des sentiments, du terrible besoin de bien faire, d'être parents malgré tout de ces personnages qui semblent voués à se démolir. La peinture des déterminismes à l'oeuvre, qui conduisent l'auteure à reproduire le modèle, à être sans cesse attirée par des gens qui, parfois de manière tout à fait inattendue, partagent l'addiction, est très réussie.

L'écriture est âpre, sans concession. La réalité crue nous est souvent jetée au visage. Un moment de lecture assez dur, évidemment, mais émaillé de touches d'émotion et d'espoir. J'ai découvert une plume. Quelle tristesse qu'elle se soit fourvoyée dans les affres du compte d'auteur.

Le commentaire de Nathalie :

Une histoire à la fois dure et touchante qui cache la colère mêlée à l'espoir caché tout au fond du coeur de l'auteure.
À travers ses écrits, elle nous raconte la difficile réalité d'un enfant qui grandit dans un monde où l'alcool est roi.
Une vie entre sa mère qu'elle doit très souvent ramasser et ramener à la maison et un père qui démissionne de la vie et qui se dirige de plus en plus vers l'itinérance.
Malgré tout, l'auteure a parfois de très beau souvenir avec sa famille, avec l'amant de mère, des journées de tendresse avec sa mère et son père. Mais elle comment va-t-elle réussir à se sortir de ce tourbillon qu'est l'alcoolisme ?
À la suite d'un drame, qui la secoue, elle s'exile en pensant que ses problèmes s'évanouiront avec le voyage. Malheureusement, malgré les belles amitiés et les aventures passionnantes qu'elle a vécues, elle se rend compte qu'elle seule peut décider d'être heureuse sans alcool. Réussira-t-elle à son sortir ?
Un très beau récit écrit avec beaucoup d'émotion, avec les mots du coeur et de l'espoir.
Une plume qui nous touche parce que nous décelons sincérité et véracité. On ne peut que lui souhaiter que le soleil revienne dans sa vie et dans son coeur.
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