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Joëlle Rostkowski (Traducteur)
EAN : 9782226440464
288 pages
Albin Michel (28/10/2020)
3.23/5   20 notes
Résumé :
"Dans un pays très ancien, que l'on disait éternel, il y avait une maison faite d'aube, de pollen et de pluie. La plaine resplendissait des reflets miroitants des argiles et des sables et les collines alentour étaient multicolores. C'était un pays fort et tranquille. Tout y était beau". Ce pays, c'est la réserve indienne du Nouveau-Mexique sur laquelle Abel a grandi, où l'on vit au rythme des saisons en accord avec la terre et les rites ancestraux. Mais le jeune hom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d'Amérique » pour cette lecture et leur confiance !

Avec son tout premier roman, « Une maison faite d'aube« , N. Scott Momaday obtint non seulement le prix Pulitzer en 1969, mais il fût également un précurseur, un orfèvre des mots puisqu'il fût le premier écrivain amérindien a obtenir ce statut et à porter haut la voix de son peuple. C'est donc à un auteur immensément talentueux auquel nous avons affaire ici. Paru pour la première fois aux États-Unis en 1968, « Une maison faite d'aube » bénéficie d'une nouvelle traduction pour cette parution chez Albin Michel dans la très riche collection « Terres d'Amérique ». Elle est remarquable et signée Joëlle Rostkowski dont les mots sont ciselés et offrent à ce texte un nouvel écrin au plus proche de ce grand classique de la littérature américaine.

Ce roman voit N. Scott Momaday bâtir toute une cosmogonie, un univers mystique que l'on découvre grâce à sa plume vertigineuse et puissamment évocatrice. Son style d'écriture permet de s'approcher au plus près des nuances et différentes tonalités de l'âme humaine mais il puise aussi abondamment dans des descriptions très riches de la nature, des paysages, de cette réserve indienne du Nouveau-Mexique, qui forme un personnage à part entière du roman. La philosophie amérindienne est profondément ancrée, on le ressent très fortement, en cet écrivain né en 1934 à Lawton, Oklahoma, d'un père kiowa et d'une mère d'origine anglaise et cherokee. Mais il est temps à présent d'évoquer plus en détails cette histoire faite de douleur, de deuil pour les Kiowas à l'image de ce qu'ont vécu les populations amérindiennes dans ces réserves et en dehors lorsqu'ils pensaient trouver du travail mais se consolaient au fond dans l'alcool qui abrutissait les sens et la souffrance de ces naufragés, de ces oubliés, de ces martyrs de l'histoire des États-Unis. « Une maison faite d'aube » est la première formule d'invocation aux forces invisibles issues d'une cérémonie de guérison, qui dure neuf jours, permettant d'approcher la haute spiritualité du peuple navajo. C'est un chant de guérison navajo appelé « le chant de la nuit », prière psalmodiée lors d'une cérémonie hivernale.

L'histoire de ce roman nous parle d'Abel. Alors qu'il n'était que bébé, ses parents et lui quittent l'Oklahoma pour s'installer au Nouveau-Mexique. Nous sommes pendant la Grande Dépression et comme beaucoup, ils recherchaient du travail. Ils finissent par s'arrêter dans une réserve navajo.. Abel ne savait pas qui était son père qui l'a abandonné. Sa mère est morte de maladie. C'est son grand-père qui l'élève. Quelques années ont passé, nous sommes à présent en 1945, Abel descend ivre du bus. Son grand père Francisco l'attend. Il est très ému de voir son petit-fils. Il revient de la guerre marqué profondément parce que l'on appellerait aujourd'hui un stress post traumatique suite aux atrocités qu'il a vu là-bas. Abel va vouloir réinvestir son environnement amérindien. Il le souhaite mais il se sent comme étranger sur sa propre terre. Comme apatride. C'est l'histoire d'un naufrage, celui d'un homme qui cherchera dans l'alcool, la violence, les femmes des moyens d'oublier sa condition. Ses croyances, sont un mélange d'animisme et de christianisme teinté de mysticisme où l'homme communique personnellement et directement avec Dieu. Il fera de la prison, plusieurs années avant de se rendre sur Los Angeles en 1952. Il rencontrera des femmes très amoureuses mais ses blessures perdurent. A la réserve, le père Olguin le soutient. Il symbolise la christianisation des indiens pueblos. Nous sommes face à deux mondes qui s'apprivoisent et se regardent avec une méfiance réciproque. On assiste à la fin d'un monde, à son crépuscule. Les habitants du village n'aspirent pas à ce qui leur est présenté comme le « progrès ». Ils continuent de prier en langue tanoane les anciennes divinités de la terre et du ciel, préservant leurs âmes secrètes et résistant à l'injonction qui leur est faite de se fondre dans l'Amérique, oubliant et renonçant à ce qui est vu par les blancs comme des vestiges de croyances qui les dépassent.

A la page 135 du roman N. Scott Momaday écrit au sujet d'un de ses personnages, le révérend et prêtre du soleil Tosamah : « Ma grand mère était une conteuse, elle savait se servir des mots » (…) « Elle avait beau ne savoir ni lire, ni écrire, elle a su m'apprendre à vivre parmi les mots, à écouter et à m'émerveiller. » Je crois que ces mots résument parfaitement l'esprit de résistance, de révolte qui gronde dans « Une maison faite d'aube. » Dans la lignée de ceux comme Jim Harrison et James Welch qui s'inspireront de son oeuvre, N. Scott Momaday bâtit une langue, un style d'écriture flamboyant, décrivant aussi bien la chair, que les maux de l'âme et ce qu'il y a de plus profond et d'immortel dans la culture amérindienne, N. Scott Momaday signe un immense roman qui mérite cette nouvelle traduction et publication chez Albin Michel. Lisez et puisez dans ce roman exceptionnel de N. Scott Momaday.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Premier (et unique) Prix Pulitzer donné à un Amérindien (en fait très métissé) kiowa, en 1969… le dernier tiers est terrible et passionnant – sur l'échec de l'intégration d'Abel, cet Indien (sans doute) rentré de la 2e guerre mondiale, et qui dans le Los Angeles de 1952 finit par succomber à l'alcool et la violence – avant peut-être une rédemption de retour au pays ? « Ils lui ont donné une paire de chaussures et ils lui ont dit d'aller à l'école. Ils l'ont épouillé, lui ont offert des coupes de cheveux gratis et l'ont autorisé à combattre à leurs côtés. Tu crois qu'il a été reconnaissant ? Que dalle, mon pote ! Bien trop tard pour être civilisé. (…) Ils ont pensé qu'il allait se mettre à planter des haricots, qu'il allait vivre peinard des bienfaits de la terre » (p.202). S'intégrer est si difficile ! « Il faut qu'on vous laisse tranquille. (…) Il faut y aller doucement et se saouler de temps en temps et oublier qui on est » (214). Pour le reste, j'avoue que je me suis perdu dans les récits emboités, ceux d'Abel, de son grand-père Franciso, et surtout ceux liés au père Olguin et à la place du catholicisme dans cette société indienne du Nouveau Mexique restée encore, à l'époque, très « traditionnelle ». Ce qui me reste est cependant ce style si limpide et pourtant lyrique pour décrire les paysages des mesas et des canyons, de la brûlure de l'été et des neiges hivernales, mais aussi la faune (superbes pages 88-89). « La solitude est un élément constitutif du paysage. Dans la plaine, tout est isolé : aucune confusion, aucune confusion n'est possible, il y a simplement une colline, un arbre ou un homme » (176). Et puis certains passages, oui, comme le récit de l'enfance de Milly l'assistante sociale un temps amante d'Abel, dont le père n'arrivait rien à obtenir de la terre qu'il cultivait. « C'était toujours pareil, année après année, si bien que Papa a fini par haïr cette terre, à la considérer comme une sorte d'ennemie, son ennemi intime, une ennemie mortelle (…) » (170).
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Avec cette lecture, une question fait son retour : Avec quelles critères sont attribuées les prix littéraires ? Je pose cette interrogation car ce livre s'est vu décerné le prix Pulitzer en 1969. Déjà, la plume ne m'a pas posé de problème donc, de ce côté, je n'ai rien à dire. Par contre, en ce qui concerne l'histoire, dans son intégralité, je pense avoir compris mais j'avais surtout l'impression de m'être risqué sur un joyeux bordel à peine maîtrisé. Si j'ai bien saisi le corps principal de ce roman, il s'agit d'un jeune amérindien qui quitte son village natal afin de s'installer en ville. le coupable ? Un programme d'insertion. Néanmoins, même si ce jeune homme tente de se faire à sa nouvelle vie, avec un emploi en tout cas, il perd très vite pied et sombre peu à peu dans le désespoir, tout en noyant ce dernier dans l'alcool. Toutefois, cette trame est tellement écrasée par plein de petits défauts qui m'ont très vite agacé et c'est aussi pour cette raison que je me respecte. J'ai trouvé la force pour terminer sa lecture. Par contre, sur sa note, je me suis lâché. Je déteste perdre mon temps. de suite, voici mes fameuses listes.

Points négatifs :

- Trop de longueurs à mon goût. Après, quand on ne trouve aucun intérêt à une lecture, il est normal que ces dernières se fassent générales.
- Trop de descriptions mais surtout, trop de détails. L'auteur passe son temps à décrire l'environnement qui se tient autour de son personnage. Jusque là, aucun problème. Toutefois, il le fait sur des pages entières, donnant l'impression de vouloir gagner des lignes avec cette méthode. Savait-il déjà que l'histoire qu'il était en train de rédiger, était vide ?
- Trop de répétitions.
- L'auteur s'autorise à incruster des morceaux de contes sûrement issus des croyances amérindiennes. Là, aucun problème encore une fois. Néanmoins, il a une telle façon de les raconter qu'elles proposent au final, un effet soporifique, causant de nouvelles longueurs par la même longueur. C'est dommage car j'aime beaucoup les contes à la base.
- Dans son ensemble, ce roman semble réunir plusieurs histoires à la fois. Certains morceaux donnent l'impression d'être là juste pour permettre au bouquin de gagner en pages, ou en épaisseur, comme vous voulez. Il est clair que je n'étais pas le client visé et je sais le reconnaître mais j'en attendais un peu plus. Sûrement à cause du prix décerné pour ce livre.

Points positifs :

- La taille aléatoire des chapitres.
- L'histoire est coupée en quatre parties. A chaque fois que j'abordais l'une d'entre elles, mon intérêt fut de nouveau titillé. Toutefois, ma concentration n'a duré que peu de temps car l'auteur a bien veillé à plomber l'ensemble par l'organisation de ce récit.
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Une maison faite d'aube est un récit composé d'un morcellement de narrations qui s'enchaînent autour d'Abel, cet homme à la vie déchirée en plein milieu du XXe siècle entre le monde de ses ancêtres, celui des Amérindiens du Nouveau-Mexique, voué à disparaître, et le monde moderne qui le remplace brutalement.
Le récit est parfois compliqué à suivre car les différentes narrations s'enchaînent sans que le lecteur ne soit "averti" mais au fil du livre le puzzle de la vie d'Abel tente de se construire. Ainsi le récit est parfois une ode à la beauté des paysages du Nouveau-Mexique et celle des traditions des communautés précolombiennes dont est issu Abel. Puis le récit déplore la violence et la détresse qui règnent désormais dans les réserves et les communautés amérindiennes que l'institution américaine avec la "Termination Policy" des années 1950 cherche à faire disparaître alors en incitant les autochtones à s'installer dans les villes modernes. Dans ces communautés règnent détresse et désespoir qui s'illustrent par l'alcoolisme fréquent, et la violence.
L'histoire se construit donc autour de ces deux mondes diamétralement opposés, et si le puzzle de la vie déchirée d'Abel est compliqué à reconstituer, on se demande alors si l'objectif de l'écrivain n'est pas justement de raconter une histoire faite d'impressions et de sensations plus que d'idées et de raisonnements.
Un très beau livre dont on ne peut se faire une idée donc qu'en essayant de le lire.
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Sous couvert du retour au foyer familial d'un soldat marqué à jamais par la guerre, l'auteur nous offre ici un « voyage » quasi onirique voir cosmogonique au coeur d'une culture amérindienne ancestrale et nous rend témoin du naufrage d'un homme totalement perdu entre le monde réel et son passé. le prénom du héros annonçait, d'ailleurs, déjà la couleur : Abel, sorte de « marque » le condamnant avant même sa naissance à un destin funeste. La guerre et le monde moderne hanté par la violence, l'alcool et les femmes constitueront alors ses « Caïn ». Car c'est le tragique, sans aucun doute, qui caractérise le héros et son destin auquel il semble incapable d'échapper. Tout au long du roman, c'est plus une silhouette que voit évoluer le lecteur, une coquille totalement vide qui lui échappe et lui glisse constamment entre les doigts. Seules quelques bribes de son passé nous sont livrées et c'est pour cette raison, je pense, que je n'ai pas vraiment saisi l'intention de l'auteur car Abel est resté, pour moi, beaucoup trop imperméable. On sent bien le désir d'exprimer, à travers ce personnage, la souffrance d'un peuple et d'une civilisation en partie sacrifiée et engagée dans une course morbide à l'apparence d'un cercle vicieux (le début et la fin du roman illustrent notamment cette thématique). J'ai également eu beaucoup de mal à dissocier les histoires entremêlées d'Abel et de son grand-père, Francisco. On imagine bien qu'il y avait une intention à cela mais, pour ma part, je ne suis pas réussi à la saisir. On appréciera, cependant, la fin du roman qui lie à jamais les personnages qui s'étaient pourtant, un temps, « perdus de vue ».

L'intérêt principal que j'ai pu trouver à ce roman reste, toutefois, le traitement de tous les rituels amérindiens avec la description de leurs cérémonies et de leurs croyances ainsi que celle de la nature qui montre à quel point cette civilisation fait corps avec elle.

Je m'arrêterai là car cette impression d'être passé à côté de ce roman me taraude et j'ai l'impression, à ma grande honte, de ne dire que des banalités voire des idioties depuis le début de ce billet. Je pense réellement que ce roman est un grand roman (n'est pas Prix Pulitzer le premier roman venu) mais il est clair qu'il parlera à beaucoup d'autres lecteurs que moi.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tu te sentais fatigué et tu es allé te coucher en pensant au lendemain matin. A la première lueur de l'aube tu es sorti, sachant où tu étais. Tout était pareil, c'était comme dans tes souvenirs, tu savais que c'était ainsi, c'était bien comme cela devait être, rien n'avait changé. Cette première lueur, as-tu pensé, ce petit instant juste avant le lever du soleil : ici il en serait toujours ainsi. C'était comme ça, voilà tout. C'était comme ça le jour de ta naissance et ce serait ainsi le jour de ta mort.
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Le titre de cet ouvrage – Une maison faite d’aube – reprend les premiers mots d’un chant de guérison navajo, le Chant de la Nuit, prière psalmodiée lors d’une cérémonie qui a lieu en hiver.
(Prologue)
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''A la moindre élévation du sol, on peut voir jusqu'au bout du monde''
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La rivière coule dans une vallée de collines et de champs.
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Video de N. Scott Momaday (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de N. Scott Momaday
N. Scott Momaday 9.28.2018
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