Plus rien n’est pareil quand on est retraité. On vit bien, on se gâte, on ne se demande plus si c’est lundi ou mardi, rien d’important ne nous attend. Et je constate que plus j’avance en âge, plus je me dégage. Tu sais, dans la trentaine, on s’approprie de tout et, trente ans plus tard, on s’en départit. Parce qu’on se sent courber sous le poids de tout ce qu’on a acquis et qu’on se rend compte qu’on a besoin de presque rien pour être heureux.
La beauté était bien secondaire pour faire carrière à Broadway. Des jolies blondes, ils en avaient à la pelle, tout près… On n’était plus au temps des talent scouts, ces chasseurs de vedettes qui s’arrêtaient jadis devant les formes et la blondeur d’une Lana Turner. D’ailleurs, une comédienne âgée qui lui avait enseigné l’avait mise en garde dès le début: «Je crois que vous perdez votre temps, mademoiselle. Pour ce métier, il faut être douée. Être comédienne, on a ça dans le sang, dans les tripes! Malheureusement, vous n’avez pas ce talent…
Le monde entier suivait attentivement ce qui se passait sur cette terre de plus en plus perturbée. On appelait à la vengeance, on pointait du doigt les pays supposément responsables et on s’efforçait, à travers ce chaos, d’étouffer les cris et les larmes des familles des victimes de cette catastrophe. On voulait que la vie reprenne son cours, mais comme tous étaient encore sous le choc, il était difficile de remettre normalement la main à la roue.
On ne s’entend pas si bien comme tu dis. On se tolère, on s’endure et ton père, tout comme moi, n’a plus envie de cette vie à deux qui nous fait mourir d’ennui. C’est fini, Carole, le bail est terminé. Nous aurions pu le faire avant, nous aurions dû le faire, nous nous sommes retenus pour vous quatre, les enfants. Mais là, au seuil d’une vieillesse insupportable qui s’en vient, mieux vaut nous séparer et tenter d’être heureux chacun de son côté.
Les hommes sont ainsi faits, ils laissent la femme foncer tête première dans la toile qu’ils ont tissée. Pour que, le geste accompli, ce ne soit pas sur eux que tombe le mépris. Pour donner l’impression, sans le laisser paraître, qu’ils sont abandonnés. Comme si une telle décision ne pouvait pas venir d’eux! Patients, ils laissent le plat mijoter jusqu’à ce que la femme soulève le couvercle de la marmite.
Anne-Laure Bondoux nous parle de son nouveau roman, Valentine ou la belle saison, qui sortira le 04 octobre aux éditions Fleuve.
À 48 ans et demi, divorcée et sans autre travail que l?écriture d?un manuel sur la sexualité des ados, Valentine décide de s?offrir une parenthèse loin de Paris, dans la vieille demeure familiale. Là-bas, entourée de sa mère Monette et du chat Léon, elle espère faire le point sur sa vie.
Mais à la faveur d?un grand ménage, elle découvre une série de photos de classe barbouillées à coups de marqueur noir. Ce mystère la fait vaciller, et quand son frère Fred débarque, avec
son vélo et ses états d?âme, Valentine ne sait vraiment plus où elle en est.
Une seule chose lui semble évidente : elle est arrivée au terme de la première moitié de sa vie.
Il ne lui reste plus qu?à inventer ? autrement et joyeusement ? la seconde.
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