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EAN : 9791097547059
156 pages
les chemins du hasard (15/03/2018)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Boris Samarcande est le Monsieur Loyal de cette série qui a pour théâtre le triangle Montmartre-Pigalle-Barbès du XVIIIe arrondissement de Paris. Le commissaire a une position ambiguë concernant la notion de Bien et de Mal. Il ne juge pas. Il n’arrête d’ailleurs presque jamais personne, peu commun pour un flic, et rend bien compte du côté désabusé du personnage.

Promise par son père à un mariage dont elle ne veut pas, Ayaan et sa petite soeur Zohra dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ayaan est plus que jolie, elle est sublime. Elle aussi a quitté sa Somalie natale, en compagnie de sa soeur Zohra, car elle n'acceptait pas l'asservissement de la femme à cause de la religion et des traditions.

Sa soeur aînée Zayane a subi une excision deux ans auparavant, et cela s'est mal terminé. Son père l'a mise à la porte, comme si c'était de sa faute. Et comme Ayaan était promise à un vieux, un mariage arrangé par son père qui ne voyait que ses intérêts, elle a décidé de fuir Mogadiscio et la guerre, et de se rendre en France, un pays d'accueil paraît-il. C'est ce qui est marqué sur les prospectus de voyages des passeurs, qui prennent cher, non seulement en argent mais également en dignité.

Leur barcasse fait naufrage comme souvent cela arrive. Heureusement Ayaan avait mis son gilet de sauvetage et après un séjour en Italie, elle débarque en France, et tout naturellement trouve asile parmi des réfugiés à Paris, quartier de la Goute d'or. Mais Zohra, sa jeune soeur, qu'est-elle devenue ?

C'est là qu'Ayaan est repérée par la Hyène, mère maquerelle, tandis que son comparse, le Scorpion, un nain surnommé ainsi à cause d'une difformité de la colonne vertébrale mais aussi parce qu'il est venimeux et cruel découvre, cachés par une Noire maigrichonne sous une couverture, deux gamins âgés de trois à quatre ans. Des jumeaux albinos dont il s'empare immédiatement. Autre personnage qui lui n'est pas présent car vivant continuellement ou presque dans sa cave Mchawi, le sorcier. Tous trois cornaqués par Papa Mungu, le patriarche dit aussi le Cheikh, qui règne en maître sur le quartier.



Boris Samarcande, commissaire du XVIIIe arrondissement parisien, est un quinquagénaire débonnaire, qui aime son quartier, d'ailleurs il y vit, s'en imprègne, et pour qui la notion de Mal et de Bien est assez élastique. Il habite seul avec son chat, et cela lui convient bien ainsi. Il connait les bistrotiers d'un triangle approximatif Pigalle-Montmartre-Barbès, et ne court pas auprès des petits délinquants pour faire du chiffre comme les arrivistes.

Un problème avec des réfugiés square Saint-Bernard, au nord de la Goute d'or, lui est signalé par son adjoint et ami Montoya. La responsable d'une association caritative lui apprend que quelques salopards, ayant écouté la bonne parole de Saint Sarko, désiraient nettoyer le quartier à l'aide d'un engin haute-pression. Il y a toujours des abrutis, mais il faut se méfier de ceux qui cachent leur mauvaiseté sous un air bonasse.

C'est alors que s'interpose Papa Mungu proposant de mettre à disposition des réfugiés malades, atteints de la gale, un local. Il précise qu'il est président d'une association dite Zanzibar, là où il est né, et qu'il s'occupe en priorité des migrants venant de la Corne de l'Afrique. Boris Samarcande accepte mais en se promettant d'enquêter, car il n'est pas convaincu par celui qui se déclare un saint, voire un dieu, la signification de son nom.

La vie m'a appris à me méfier des saints et des martyrs. Et plus encore, des dieux. Je suis plus à l'aise avec les voyous : eux, au moins, ils n'entendent pas de voix tombées du ciel.

Et c'est ainsi que Boris Samarcande va se trouver entraîné dans une vilaine affaire de disparitions, dans un cloaque de misère humaine. Il va faire la connaissance, par l'intermédiaire d'un ami peintre et sculpteur qui vit en face de chez lui, de Manuela, une jeune femme qui se présente comme journaliste et désirant enquêter sur le quartier. Elle est belle et ne le laisse pas indifférent, au grand dam de son chat Alphonse.



Plus qu'un roman, noir, African Queens est un docu-fiction terrible sur la vie des réfugiés, Somaliens ou autres, car ils sont tous logés à la même enseigne, qu'ils soient originaires de la Corne de l'Afrique ou des autres pays guettés par la famine, meurtris par les guerres et les corruptions.

Un roman brûlant d'actualité sur les conditions de départ de leur pays de migrants obligés de s'expatrier, d'échapper aux naufrages, des passeurs malhonnêtes, des trafiquants et marchands de viande fraîche, que les corps soient entiers ou découpés, à chaque individu sa destination précise, du travail difficile des bénévoles d'associations humanitaires, de tous ceux qui refusent l'arrivée de ces migrants pour des raisons idéologiques nauséeuses, d'hommes politiques qui trouvent toujours de bonnes mauvaises raisons pour refouler hors des frontières une population qui ne demande rien ou presque, juste un peu d'humanisme.

La découverte également pour ceux qui ne connaissent que par des informations de seconde main ce quartier cosmopolite attachant pour peu que l'on essaie de comprendre les habitants, de ne pas avoir peur, de n'avoir aucune appréhension, de ne pas se montrer arrogant, d'essayer de lier sinon des amitiés au moins des relations de bonne entente. Comme partout il existe des brebis galeuses, mais aussi des âmes simples, charitables, prêtes à se dévouer pour vous faire plaisir.



Les gestes de l'amour sont universels. C'est le seul langage que comprennent tous les hommes de la terre, où qu'ils se trouvent. S'ils l'utilisaient plus souvent pour communiquer, il y aurait certainement moins de guerres, d'attentats, de massacres. Mais allez expliquer ça aux politiciens, aux prêtres et aux généraux !
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Une assez bonne surprise que ce polar dont l'action se déroule dans le 18e arrondissement de Paris, domaine du commissaire Boris Samarcande, un nouveau venu dans la catégorie des flics de roman. Un type droit et humain, assez souple sur la frontière entre le bien et le mal (on pense un peu à Maigret mais aussi à l'inspecteur Mendez de Francisco Gonzales Ledesma), qui aime le jazz, les chats et le pur malt. Ceux à qui il a affaire ne sont pas aussi sympathiques et ne montrent aucun respect pour la personne humaine. Et ce sont les migrants fraichement arrivés à Paris qui en font les frais, vite tombés aux mains de rapaces pratiquant avec sauvagerie et une totale impunité le travail forcé, la prostitution et même le trafic d'organes humains.
African queens décrit la traque de ces prédateurs dans une enquête à l'ancienne (travail de terrain et surtout recours aux indics) autour des formes de criminalité que l'on peut rencontrer du côté de Barbès et de Château-Rouge. On pense à Achille F. Ngoye (Sorcellerie à bout portant, Ballet noir à Château-rouge) même si la dimension politique y est moins présente. Mais c'est un roman bien ancré dans la réalité actuelle, alerte et rythmé, qui n'élude pas les questions liées aux vagues d'immigration que connait l'Europe ni les violences qu'elles entraînent. Cela sans tomber dans la complaisance souvent de mise aujourd'hui dans la description de scènes où la violence le dispute au sadisme. Ne nous y trompons pas, African queens et un roman violent puisqu'il parle d'un monde, le nôtre, qui est violent. Mais il comporte aussi sa part d'humanité, ce qui le rend agréable à lire, même si l'on peut trouver que l'ambiance et l'étude des personnages l'emportent sur l'intrigue, finalement un peu mince et un peu trop rapidement réglée à la fin du livre. Mais c'est un bon départ que viendront on l'espère confirmer les autres épisodes annoncés mettant en scène le commissaire Samarcande.
Bien que l'auteur ne soit pas Africain et qu'il ait pour cadre un quartier de Paris et non de Cotonou ou de Bamako, African queens trouve sa place dans mon blog Polars Africains (lien ci-dessous).

Lien : http://www.polars-africains...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le bateau avançait lentement. Un léger vent de sud-ouest s’était levé.
– On est trop chargés, dit un grand homme aux joues creuses assis à côté d’Ayaan. Ces types n’y connaissent rien. Ce ne sont pas des marins. Ce sont des gens comme toi qui veulent fuir en Europe. On leur a confié ce bateau pourri contre un passage gratuit.
L’homme était un ancien commandant de la marine de guerre libyenne.
– Ma frégate s’appelait Al Ghardabia, avait-il expliqué à Ayaan. Ce sont les Français qui l’ont détruite, en 2011. Je connais ce vent. On l’appelle le libeccio. C’est un vent dangereux : il peut se transformer à tout moment en libecciata, une véritable tempête de mer…
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C’est au moment où ils apercevaient au loin les lumières d’une ville, qui devait être La Valette, lui dit le Libyen, que le navire s’était mis à tanguer dangereusement. Les réfugiés s’accrochaient les uns aux autres, terrorisés. Beaucoup avaient embarqué sur un bateau pour la première fois de leur vie et vomissaient. L’odeur d’urine était plus forte que l’air chargé de sel. Soudain, une femme perdit l’équilibre et tomba à l’eau. Son enfant était accroché derrière son dos, enroulé dans une couverture en coton. Tous se mirent à crier mais ceux qui les gardaient tirèrent en l’air, à la kalachnikov, en leur ordonnant de ne surtout pas bouger.
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Soudain, une femme perdit l’équilibre et tomba à l’eau. Son enfant était accroché derrière son dos, enroulé dans une couverture en coton. Tous se mirent à crier mais ceux qui les gardaient tirèrent en l’air, à la kalachnikov, en leur ordonnant de ne surtout pas bouger.
La femme se débattit un peu et disparut presque aussitôt, laissant la couverture blanche flotter sur les eaux noires. Certains commencèrent à prier. Ayaan et Zohra se tenaient par la main.
Quand une vague gigantesque déferla à bâbord, noyant le pont, les réfugiés se précipitèrent tous à tribord et le bateau chavira.
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L’inspecteur, avec ses informateurs, c’est un peu comme un entraîneur avec ses pur-sangs arabes : même si certains tiennent plus du parfait bourrin que de l’étalon, il les bichonne et les caresse tous les jours dans le sens du poil.
Si Montoya les aime bien, ces cousins, comme on dit dans la maréchaussée, c’est que, ces gars là, c’est la mémoire du quartier. Et une mémoire qui crache tout ce qu’elle a stocké dans ses circuits imprimés, sitôt qu’on met le contact, pour un flic, ça n’a pas de prix.
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Des principes, cette ville n’en a jamais eu, explique-t-il souvent. C’est peut-être pour ça qu’elle est passée au travers de toutes les guerres sans être défigurée : mieux vaut ouvrir tout de suite largement ses cuisses à l’occupant plutôt que d’être violée et risquer, en plus, de se faire buter.
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Vidéo de Patrice Montagu-Williams
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=47066
LA GUERRE DE L'ONCE ET DU SERPENT
Nordeste Brésilien 1939
Patrice Montagu-Williams
Romans historiques
LITTÉRATURE ROMAN HISTORIQUE ROMANS, NOUVELLES AMÉRIQUE LATINE AMÉRIQUES Brésil
Cette histoire se déroule le long du fleuve São Francisco, dans le Nordeste brésilien, sur une terre de légende et de superstitions, pauvre et aride, peuplée de bandits, de saints et de prophètes : le sertão. Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale et le Brésil - dirigé par une main de fer par Getúlio Vargas qui a institué dès 1937 un Etat fort, l'Estado Novo - n'a pas encore choisi son camp.
Broché

ISBN : 978-2-343-06231-0 ? mai 2015 ? 226 pages
Prix éditeur : 20 ? 19,00 ?
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