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EAN : 9782756019307
80 pages
Delcourt (07/11/2012)
3.12/5   12 notes
Résumé :
Le règne de terreur et de sang de l'Enfant de Lune commence. Il n'y a plus de ligue, extraordinaire ou autre, qui se dresse sur son chemin. A Q'umar, la sanglante guerre de l'usure continue. A Kashmir, un terroriste Sikh, dans sa guerre contre l'Islam, pourrait conduire le monde vers l'Apocalypse. Pendant ce temps, à Londres, dans un asile, une patiente affirme qu'elle détient toutes les réponses...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit de la troisième et dernière partie de la troisième histoire de League of extraordinary Gentlemen (paru en 2012), appelée "Century". Il faut impérativement avoir lu les 2 autres parties avant : Century 1 : 1910 et Century : 1969.

Dans le sud du Q'Mar (pays fictif évoquant l'Afghanistan), Orlando (dans sa forme mâle) vient de trucider tout un tas de soldats et de civils. Il est décoré pour ce haut fait d'arme et rentre en Angleterre. de retour à Londres, il se rend au quartier général de la Ligue pour y loger. Il reçoit la visite de Prospero et de 2 autres habitants du Blazing World qui lui rappelle la mission confiée à la Ligue : trouver le Moonchild. le lendemain, Orlando se met à la recherche de Mina Murray, ne sachant trop comment progresser.

Alan Moore avait terminé le tome précédent sur une note désespérée et sinistre. le lecteur retrouve les 3 membres de la Ligue dans une situation tout aussi glauque et le récit suit le cours attendu jusqu'à la confrontation inéluctable contre le Moonchild. de ce point de vue, le scénario est d'une linéarité simpliste très inhabituelle chez Alan Moore. le lecteur n'a qu'à suivre les protagonistes dans une intrigue respectant un ordre chronologique très sage, jusqu'à un dénouement au deus ex machina brutal. L'ambiance oscille entre la déprime et la dépression ; la joie de vivre n'a pas le droit de cité. Les héros n'ont pas le moral, l'un d'entre eux envisage le suicide. Même l'antéchrist se résigne à jouer un rôle qu'il n'a pas choisi. L'échec règne en maître. Seule l'apparition saugrenue de Prospero apporte un peu de couleurs et d'énergie dans ce récit dépressif. L'aspect visuel est à l'unisson de cette ambiance maussade, avec des couleurs sombres ou délavées et des visages aux expressions revêches, fermées ou lasses. Et le combat final se déroule dans un décor de feu et de flammes dont la fumée mange tous les décors, tel un pastiche des mises en scène les plus fainéantes de comics de superhéros bas de gamme.

Ce n'est pas la joie et le lecteur retrouve de nombreux éléments déjà vu que ce soit le mémorial de la guerre contre les martiens, le QG de la Ligue, ou des personnages empruntés à d'autres oeuvres de fiction. Aguerri par les 2 parties précédentes, il devient plus facile de reconnaître Emma Night (nom de jeune fille d'Emma Peel), Cathy Gale et Tara King (Chapeau melon et bottes de cuir), Roger Moore et Daniel Craig (James Bond), Mufasa, et le Prisonnier Londres (Andrew Norton, emprunté à Iain Sinclair). Les allusions à Harry Potter sont toujours aussi transparentes. Et les citations de l'opéra de Quat'sous sont également de retour. Il y a de nombreuses autres références à des personnages de fictions ou réels plus ou moins faciles à situer (le personnage Malcolm Tucker de la série anglaise The thick of it étant une référence pointue dans la culture télévisuelle anglaise). Il faut dire également que les illustrations de Kevin O'Neill ne rendent pas toujours aisée la reconnaissance visuelle (des caricatures plus ou moins ressemblantes). Et il reste des références très pointues telle le personnage de Belinda Coote qui serait la petite fille de Rosa Coote, une dominatrice fictive étant apparu dans une revue pornographique "The Pearl" (18 numéros parus de juillet 1879 à décembre 1880).

En surface cette partie semble donner raison aux critiques qui ne voient plus en Alan Moore qu'un vieillard aigri, désenchanté et peu soucieux de son lectorat. Il ne se contente pas de tourner en dérision la Harry Potter mania, c'est un véritable réquisitoire à charge assez méchant. Les illustrations d'O'Neill sont en phase avec cette approche destructrice, préparez vous à frémir devant le quai neuf trois quart, et les restes du train express afférent. Mis à part l'absence de décors dans le combat final, O'Neill est très en forme, peut être même plus que dans le tome précédent, car il y a beaucoup de dialogues, et beaucoup de scènes en décor naturel (sans élément fantastique) et toutes sont intéressantes visuellement. Il a diminué les exagérations anatomiques (taille de guêpe pour les femmes par exemples) pour revenir à des proportions plus normales. Les visages sont d'une expressivité à la fois juste et intense. Plusieurs visuels restent longtemps en mémoire : la douche d'Orlando, la décoration du centre psychiatrique Coote, le collage de Mina Murray, l'apparence d'Allan Quatermain, les paysages du voyage vers le collège invisible, l'apparence de l'antéchrist, l'apparition du deus ex machina final.

Pour les deux tiers du récit, Kevin O'Neill se cantonne de manière disciplinée à une mise en page de 9 cases par page (à l'identique de Dave Gibbons dans Watchmen, vraisemblablement une exigence de Moore). Cette retenue dans la mise en page fait ressortir avec encore plus de force son art de la mise en scène. Tous les dialogues sont vivants, qu'O'Neill joue avec des variations dans le paysage, où qu'il s'appuie sur le jeu des acteurs, sans recourir à des cadrages bizarres ou des mouvements de caméra épileptiques. À ce titre la discussion entre Emma Night et Orlando est une leçon de mise en scène intelligente, vivante et discrète (au service de la narration). Et puis O'Neill reste un maître incontesté des visuels repoussants et contre nature : l'horreur naît de ces formes tératogéniques, de ces chairs maltraitées, etc. Dans ses dessins, la souffrance des individus se lit sur les corps.

Dès les pages de fausses publicités, il est possible de sentir le fiel d'Alan Moore, en particulier avec sa charge gratuite contre les projets financés à l'aide de collecte de fond en ligne tel le site Kickstarter. Il l'avait clairement énoncé dès la parution de la première partie : "Century" exprime sa perception de l'évolution de la culture populaire au travers du vingtième siècle. Et il a en horreur tout ce qui passe pour de la culture populaire de nos jours : un recyclage permanent d'idées superficielles régurgitées par des individus incultes dont le seul objectif est de faire fructifier des produits sur tous les supports possibles pour maximiser les profits. 1969 était l'année charnière et visiblement de son point de vue le mouvement punk est un symptôme patent la décadence de la culture populaire. C'est la raison pour laquelle "Century 2009" est si déprimant : c'est l'expression de dégoût d'Alan Moore pour la marchandisation systématique et outrancière de la culture, pour les produits dérivés mercantiles, et les plagiats éhontés de tout ce qui a du succès. La charge contre Harry Potter est plus dirigée contre l'omniprésence des produits dérivés que contre les livres de J.K. Rowlins. Alan Moore ne défend pas vraiment une culture naïve du merveilleux, mais plutôt l'absence de point de vue, de culture et de construction intelligente. Il vomit sur tous les "produits culturels" mis sur le marché avec le seul objectif des bénéfices, ces produits marchands dépourvus de valeur culturelle ou artistique. Il défend un point de vue intellectuel et élitiste par certains cotés, de la culture. Avec cette intention de l'auteur en tête, "Century 2009" acquiert du sens et dépasse son apparence de pamphlet venimeux.

D'ailleurs 2 éléments mettent le lecteur sur la voie, et invalident la théorie du vieux créateur aigri. Il y a l'irruption à 2 reprises de Prospero (figure paternaliste d'opérette dont les doigts ornés de bague évoque Moore lui-même) et le deux ex machina final qui prouvent qu'Alan Moore n'a par perdu son coté facétieux. Et il y a les 6 pages de texte de "Minions of the Moon" qui rappellent que Moore sait toujours écrire de savoureux pastiches, à la construction sophistiquée, non dénués d'humour.

Pour cette dernière partie, Alan Moore et Kevin O'Neill sont en très grande forme. Ils réalisent un récit au service d'un point de vue très affirmé, peu plaisant et à tendance intellectuel. Que le lecteur partage ce point de vue ou non, il est impossible d'y rester insensible. En particulier cette orientation sans compromis peut donner un goût désagréable à ce final.
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critiques presse (3)
BDGest
25 décembre 2012
Century 2009 clôt cette trilogie avec la manière malgré une certaine usure sur le fond. Le temps des héros toucherait-il son crépuscule ?
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
29 novembre 2012
Le triptyque Century aura souffert de son manque de place, et de pages, pour éviter à la fois la confusion et les trop rapides ellipses. Il reste toutefois un élément incontournable dans la galaxie de la Ligue.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
30 octobre 2012
En attendant les prochains projets de la Ligue, […] je vous conseille de vous régaler avec ce volume trois, quitte même à tout reprendre depuis le début, histoire de bien apprécier la démarche globale très cohérente de Moore !
Lire la critique sur le site : Sceneario

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