Michel
Mouton est un homme bien rangé. Il vit dans une résidence à son image. Propre, discrète, conforme à l'idéal de vie d'un célibataire de la classe moyenne qui ne veut pas faire de vague. Il consomme comme la société lui demande, c'est-à-dire qu'il est capable d'épargner 6 mois de salaire pour s'acheter une PEUGEOT au-dessus de ses moyens qu'il bichonne et à qui il parle comme s'il s'agissait de sa femme. Au travail
Mouton est « thanatopracteur », il prépare les corps des défunts, avec beaucoup de respect et de professionnalisme.
Tout est huilé dans cette vie insipide au sein de cette société bizarre. L'ambiance ressemble à ce qu'on pourrait imaginer être une fusion entre 1984 d'Orwell et la série Six feet Under. le président décide qu'il faut abolir l'orthographe compliqué (les ique deviennent ic).
Mouton parle aux morts qu'il conserve dans ses tiroirs surgelés.
Jusqu'au jour où un double de lui-même, un homonyme complétement barré, débarque dans son appartement et met tout sens dessus dessous. Cet autre Michel
Mouton est-il réel ou le personnage principal devient il fou ? Quoiqu'il en soit, le «
Mouton noir » traumatise tant le «
Mouton blanc » que ce dernier va sortir des gongs de sa vie plate. D'abord sous l'effet des drogues que l'autre lui file en douce, puis sous l'effet de la rage et du désir de le tuer. Son éveil sexuel explose. La belle Jessica, hôtesse d'accueil nympho qui ne le regardait pas avant sa transformation lui saute littéralement à la braguette. Son bel appartement et sa magnifique PEUGEOT n'en réchapperont pas.
J'ai beaucoup aimé l'humour corrosif de ce roman et la griffe de l'auteur me pousse à dévorer ses autres romans. Un
Tom Sharpe à la française. Plus poétique.
8 juin 2012