: Un nouveau roman d'un de mes auteurs favoris:
Michaël Morpurgo.
Comme chaque lecteurs le sait à présent,
Morpurgo adore faire émerger le pouvoir pugnace de vie dans un milieu contrarié, comme une pousse qui passera au travers du béton.
La guerre sera un terrain souvent emprunté pour illustrer les bouleversements qui nous traumatisent et pourtant dont on se relèvera. Avec
Morpurgo, l'amour triomphera, sera plus fort que tout, grâce aux liens de proximité et de douceur que l'on entretiendra avec nos proches, avec nos animaux familiers, rien ne semblera défaire ce qui aura été fait avec cette côte de maille protectrice bien serrée et faite de bons sentiments.
L'auteur fera comme d'autres, il s'emparera du sujet des réfugiés. Il l'aura fait en contournant un peu le thème avec des personnages réfugiés dans leur propre pays en désolation ou avec d'autres qui finalement préféreront oublier, recommencer à zéro et se cacher sur une île.
Avec
Morpurgo, les traversées, nous connaitrons; à pied, en train, en bateau. Cela ressemblait plus à une quête de soi plutôt qu'à une fuite, se retrouver, même ailleurs, mais avec des gens que l'on a aimé ou que l'on aimera.
Avec ces histoires, bien que nous comprenions bien que nous ne soyons pas en capacité évidente d'accueillir le monde en guerre, car ils sont si nombreux, grâce aux histoires, nous nous permettrons de ne pas leur tourner le dos pour autant. Et c'est important. C'est bien plus qu'une conscience soulagée, on n'oublie pas.
"...L'espoir aussi m'aidait à tenir. J'espérais que tout le monde en Angleterre serait aussi souriant que Mère l'avait affirmé. J'espérais que nous serions heureux là-bas, et en sécurité. Cette seule pensée me rendait heureux. J'aurais de nouveau des mis, je jouerais de nouveau au cricket. J'essayais de penser surtout à Oncle Saïd et au cricket, pas à Mère, ni à Père, ni à Hanan.
Je savias que si je pensais trop à Mère, j'allais pleurer. Et je ne voulais pas pleurer. Je voulais être un homme, comme Père l'était. Je voulais me montrer aussi courageux que Hanan. Père n'avait jamais pleuré. Hanan n'aurait pas pleuré. Alors je ne pleurerais pas non plus..."
Omar parlera au passé, il relatera des souvenirs. Ainsi nous devrons nous montrer patient pour savoir ce qu'il est advenu de lui, tandis que l'auteur ne laisse aucun doute sur le fait qu'il ne reverra plus sa famille proche.
Tandis que nous serons tentés de revenir sur la couverture puis les chapitres, la première de couverture soufflera une brise de fantaise et d'oxygène. Elle est surréaliste, reprenant l'histoire des Liliputiens de Swift, auteur de Gulliver. Comment ces deux univers peuvent-ils à un moment seulement se croiser?
Michaël Morpurgo nous aura déja habitué aux miracles, mais surtout émergeant de l'initiative humaine. Quelques fantômes du passé se donnaient quelques fois rendez-vous sur ces aventures mais cela restait toujours cohérent.
Nous n'aurons probablement pas affaire à des fantômes ce coup-ci.
Serions-nous dans un passage d'univers, dans un rêve?
Ça n'aura pas encore d'importance.
Le quiproquo entre le petit réfugié afghan de 11 ans et les insulaires tous petits donnera du piquant.
L'un se pensera en Angleterre et les autres le reconnaitront en la personne de Gulliver. Il est de retour.
La différence assez grande entre les personnalités, les cultures, des deux géants devraient rendre la méprise intéressante.
Omar, dans sa grande candeur, deviendra attachant, acceptant de bon coeur que les accueillants humanitaires puissent être aussi petits, du moment qu'ils le guident et le mènent jusqu'à sa nouvelle maison, celle de son oncle.
Et pourtant, il faudra bien que cela fasse son chemin, il n'est pas là où il doit être.
Bien qu'à l'abri, sain et sauf, bien entouré, Omar sera triste de ne pas être parmi les siens: un sentiment d'exilé sans doute.
Dans le roman, Omar racontera son arrivé à un personnage que l'on ne connaitra pas encore. Il sera de temps à autre de son récit interrompu par deux enfants, ses meilleurs amis, des liliputiens.
Un détail qui ne nous échappera pas et qui permettra de nous faire comprendre qu'au moment où il raconte, soit ses amis sont partis avec lui vers l'Angleterre, soit Omar ne sera jamais parti, pour l'instant.
Il aura 15 ans.
Partira t-il un jour de l'île?
Aura t-il envie d'en partir un jour, ayant adopter un nouveau style de vie, une nouvelle famille aussi petite soit-elle?
Morpurgo créera du sentiment et de l'amusement dans la difficulté quotidienne de prendre soin d'une personne de taille géante et celle de s'intégrer au tout-petit peuple et sa culture.
Nous serons bien évidemment dans le développement du thème de l'intégration et l'accueil d'une autre culture. C'est bien vu et finement amené. Une façon simple de créer l'empathie sans installer de misérabilisme qui culpabilise ( ce que craignent souvent les parents grands lecteurs) ou xénophobie chez le jeune lecteur.
Toujours de la douceur avec la gravité, de l'émotion touchante dans l'aventure.