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EAN : 9782873860295
207 pages
Racine (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
« Certains se demanderont peut-être pourquoi, dans cette description de mon itinéraire spirituel, je me suis étendu aussi longuement sur ces aventures idéologico-théologiques que sont les processus de sacralisation du profane ou de sécularisation du sacré. C’est qu’elles illustrent mon propos : celui, d’abord, de souligner l’omniprésence du religieux dans l’homme - naturaliter religiosus – et du sacré dans les veines d’une société qui se croit, et se veut, totaleme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Léo Moulin, un frère sur le chemin ? Quelle émotion quand j'ai découvert son livre « Libre parcours, Itinéraire spirituel d'un agnostique » en mars dernier… Je n'étais donc pas seule avec mon « Itinéraire d'une agnostique » ?
Mais pourquoi une découverte si tardive ? Mystère. Ce livre n'existe dans aucune des bibliothèques universitaires ou religieuses que j'ai pu consulter en France. A Paris, il n'est répertorié qu'au Centre Beaubourg. Son origine belge suffit-elle à donner toute l'explication ? C'est une vraie question.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Léo Moulin a longuement et sérieusement exploré le monde chrétien. Familier de la règle de Saint Benoît, familier des textes bibliques, familier de deux cardinaux qui ne sont pas des moindres : Mgr Suenens et Mgr Danneels.
En sociologue scrupuleux, il se livre à une analyse fouillée du rapport entre religion et politique, société religieuse et société laïque.
Ce côtoiement prolongé avec le monde religieux m'a fait croire jusqu'aux toutes dernières pages de son livre que celui qui fut un tenant de la foi laïque était devenu chrétien et soutenait lui aussi la confusion des genres – chrétien agnostique. Erreur : il s'agit seulement d'un homme très honnête, demeuré dans son axe personnel de non-croyant agnostique parce qu'il n'avait pas trouvé de raisons d'en changer.
Léo Moulin, un frère… Un frère beaucoup plus savant que moi, mais qui a marché sur le même chemin. Me reste le regret de ne l'avoir pas connu.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« J’ai voulu dire ce que fut pour moi la foi laïque dans laquelle j’ai baigné jusqu’à mes trente ans environ, quelle a été mon évolution depuis, et pourquoi, militant pour l’Europe, je me suis penché tout particulièrement sur les valeurs chrétiennes, les problèmes de l’Eglise catholique, le caractère religieux de l’Homme et sons sens du sacré. […]
J’ai perdu la foi laïque sans accéder pour autant à la foi chrétienne. Certains de mes amis chrétiens s’en étonnent : « Puisque vous avez dans votre gibecière tant d’excellents arguments et contre la foi laïque et en faveur de la foi chrétienne, comment pouvez-vous encore ne pas croire ? » Je réponds invariablement que, si le mystère de la Foi est grand, celui de l’absence de foi l’est tout autant, même et surtout si ne s’y substitue pas quelque succédané, idéologie ou philosophie morale, comme c’est souvent le cas. Par ailleurs, la Foi n’est pas le résultat logique d’une série d’arguments, fussent-ils irréfutables. Elle n’est pas le chiffre en-dessous de la barre d’addition. Elle est, selon moi, une donnée immédiate de la conscience et du cœur sur laquelle l’intelligence peut s’exercer, et cela de façon d’autant plus pénétrante que celle-ci est éclairée de l’intérieur par les lumières de celle-là. » (p 7)
« Je dois beaucoup à l’Université de Bruxelles. J’y ai été formé à pratiquer le libre-examen, le doute philosophique, à en accepter les rigueurs et les exigences, à me soumettre aux conclusions auxquelles son exercice me menait. » (p 22)
« A mes yeux, le devoir le plus élémentaire de l’intellectuel est de rester fidèle, à travers tout, à ce qui le définit, l’authentifie et l’explique ; à son rôle, à sa vocation et à sa fonction, qui lui enjoint de n’utiliser que les moyens de la raison […] affranchie des préjugés, des stéréotypes et des passions. Cela suppose une lucidité critique, une impartialité et une volonté d’être impartial et objectif, un courage intellectuel qui lui fait dire tout haut ce que les autres osent à peine penser tout bas. » (p 23)
« Je suis arrivé aux positions que je défends aujourd’hui dans l’esprit même de la laïcité la plus pure, pas à pas, en un long cheminement sans heurts, par approfondissements successifs. Il n’y eut pas de conversion subite, […] ni d’état de manque ou d’angoisse métaphysique. Simplement il y eut la volonté tenace de découvrir, à tout prix, la vérité, fût-elle « frêle comme un papillon de mai », et douloureuse ; de rester fidèle, à travers tout, aux exigences les plus radicales d’une pensée libre. » (p 24)
« Pour rester fidèle au propos initial de ce livre, à savoir dire ce qui peut expliquer mon itinéraire intellectuel de 1930 à 1990, je m’attarderai sur le facteur religieux. Ma réflexion sur le destin particulier et, pour tout dire, unique de l’Occident m’a amené à privilégier celui-ci comme élément majeur d’explication. […] L’intuition que j’eus à cette époque du rôle décisif, positif ou négatif, que joue le facteur religieux dans l’histoire des peuples m’incita à étudier, notamment du point de vue de la réussite sociale et économique, les innombrables sectes, « religions », Eglises […] qui prolifèrent partout. […] J’en tirai la conclusion que le fait religieux est la véritable infrastructure d’une société (pour parler en termes marxistes), l’économie, les arts, la philosophie, la technique, les sciences étant, à bien des égards, la suprastructure, en relation dialectique avec cette infrastructure. (p 47-48)
Et si le sentiment religieux faisait partie intégrante du processus d’hominisation ? A supposer d’ailleurs que la religion ne soit qu’une invention de l’homme des cavernes pour échapper à l’emprise de ses terreurs animales, peut-on nier que ce « produit » de l’aliénation primitive, non seulement s’est prodigieusement enrichi, mais aussi et surtout a fait de l’homme ce qu’il est aujourd’hui ? Et que son affaiblissement est une des causes de la crise que vit notre société ? » (p 96)
« Pour moi, ce qu’il y a de valable et d’authentique dans les processus de sécularisation valorise et authentifie a contrario ce qu’il y a d’essentiel, d’irréductible et de spécifique dans le fait religieux. Ils dégagent une religion épurée, clarifiée, enfin débarrassée du fardeau encombrant dont l’avaient surchargée l’immaturité des hommes et le poids de l’histoire, une religion adulte s’adressant à des adultes, ceux-ci se révélant capables, dès lors, d’entamer le dialogue avec l’agnosticisme, les autres religions et les autres Eglises. (p 139)
Certaines infiltrations séculières nuisent, à n’en pas douter, au religieux, quand elles ne l’anéantissent pas : lorsqu’elles s’attaquent à des structures rouillées par les siècles, à ce que Romano Guardini appelle « des cadavres de gestes » et des « fantômes de mots », aux ignorances profondes des fidèles, aux aspects les plus extérieurs, c’est-à-dire les plus vulnérables de l’édifice, elle peuvent troubler un sentiment religieux infantilement vécu, réduit à l’état de convention sociale ou d’assurance tous risques. Mais elles ne blessent pas le cœur d’une croyance authentiquement vécue. Elles peuvent impressionner les masses et l’homme-masse d’aujourd’hui ; elles ne peuvent effacer le ‘levain’, ni le ‘sel de la terre’. » (p 140)
« Si sécularisé qu’il soit, croie ou veuille être, l’homme ne cesse jamais de jouer « à cache-cache avec le sacré » (R. Bastide).
En 1971, parlant de l’utopie, le Pape Paul VI estimait que « cette forme de critique de la société existante provoque souvent l’imagination prospective à la fois pour percevoir, dans le présent, le possible ignoré et pour orienter un avenir neuf ». De son côté, A. Macheret, recteur de l’Université de Fribourg, écrit : « Les utopistes ont généralement en commun le mérite de se démarquer des pesanteurs du quotidien et de poser des questions essentielles. » (p 168)
La seule question qui se pose aujourd’hui est de savoir quel type de religion orientera les esprits au siècle prochain. […] A moins que l’homme d’aujourd’hui, l’homme grégaire unidimensionnel, post-historique, « le dernier homme » de la philosophie nietzschéenne, n’opte définitivement pour la société consumériste – voiture, loisirs, défense des acquis sociaux, vacances, panem et circenses – dans laquelle il s’ébroue déjà. Dans ce type de société, le religieux n’interviendra plus que sporadiquement, pour le réveillon de Noël, la Toussaint et Pâques ; il n’éclairera plus la vie, la pensée et le cœur des hommes, l’astrologie, un paganisme sans grandeur, des traces d’animisme, un magma confus d’espoirs et de craintes y suppléant. C’est une hypothèse qui n’est pas à exclure. En fait, elle prend déjà corps sous nos yeux. » (p 173-174)
« La Foi, pour moi, est le fruit d’une rencontre, et celle-ci est exigeante ; elle doit pénétrer, imbiber la vie entière, et chaque moment de la vie. La Foi, ce sont des retrouvailles avec une personne aimée et longtemps attendue, « espérée » dit-on en castillan. Elle ne peut donc être modernisée, au sens où l’entendent certains catholiques « honteux » […]. Elle n’est ni « une intelligence des choses cachées », ni un savoir, ni une sagesse, même si elle ne refuse l’appui ni de l’un ni de l’autre, son histoire le prouve amplement. L’Incarnation ne peut être « naturalisée », ni le message chrétien réduit à un discours pour intellectuels, à une Déclaration des Droits de l’Homme plus ou moins remise à neuf, à un code moral intemporel, ou à un spiritualisme. Pour moi, théologien de quatre sous, la Foi se situe ailleurs. A la limite, elle est même autre chose que ce que j’appelle les valeurs chrétiennes. Le Message évangélique est certes porteur de ces valeurs, mais il est plus que leur somme et autre chose encore. » (p 191)
« La crainte d’être « mobilisé » [par les grandes houles populaires chargées de l’irrationnel le plus fou, les effervescences idéologiques, les utopies et les modes intellectuelles] a sans doute, sinon éliminé totalement, du moins affaibli considérablement en moi le besoin de croire, me laissant « amputé de l’éternel », comme dit Malraux. Non que je sois tenté de penser que « croire » est une forme de chute dans l’irrationnel, une aberration mentale que seule peut expliquer la grande peur de la mort : je respecte trop la Foi de mes amis chrétiens et leur manière de la vivre pour commettre une erreur aussi grossière. Pour ce qui concerne plus spécifiquement la Foi chrétienne dans son expression catholique, [lectures et échanges de vues] m’ont donné une idée que j’ose dire suffisamment éclairée pour ne point trop rougir de mon ignorance. Attitude, relève le père Bonnet, dominicain, qui « gêne les théologiens dans leurs chasses gardées et les politiques dans leurs dévotions totémiques », aussi bien que mes amis de la laïcité militante enfermés dans leurs absolus, et pleins d’inquiétude quant à mon devenir spirituel. » (p 204)
« J’écris non pour le plaisir d’écrire, moins encore pour fuir la réalité, mais pour sentir en moi monter une certaine plénitude du cœur et de l’âme, vibrer la joie indicible d’aller au-devant d’une parcelle, même infinitésimale, de vérité. […] Enivré de vivre un moment de lucidité, si cruelle soit-elle. Telle devrait être l’image du monde de ceux qui se disent incroyants, du moins s’ils veulent rester fidèles à eux-mêmes, à la logique de leur refus radical de toute forme de religiosité, de toute consolation à bas prix ou d’espoirs frelatés. Assumer un monde nu et privé de sens. » (p 206)
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