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EAN : 9782283036051
176 pages
Buchet-Chastel (18/08/2022)
3.91/5   176 notes
Résumé :
La mer, au loin. elle me semble à l'autre bout du monde. Je perçois à peine ses vagues, devine son écume. Ça sent le sel, il pénètre dans mes sinus. Le ciel triste, bas, empli de cendres, l'absence de soleil, l'horizon bouché. Tout cela est ce que je vois de plus vaste, de plus lumineux.
Ce moment est magique.

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le... >Voir plus
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Ce joli roman s'ouvre sur la présentation du Lulu du titre, un « érudit déjanté à la blouse jamais blanche », créateur du Piscis détritivore, poisson de la taille d'un dauphin à l'énorme système digestif, se nourrissant exclusivement de détritus pour nettoyer les mers de la pollution humaine.

« Je me hisserai sur la dune de mon existence et avec l'assurance d'un scaphandrier, j'exposerai à tous ma quête. Elle n'est pas la résultante d'une succession d'imprévus, elle prend ancrage dans les fatras de mon enfance, dans les tréfonds de ma consolation. »

C'est lui le narrateur adulte qui va nous conter son histoire d'enfant. J'ai apprécié ce pas de côté qui focalise le temps narratif sur l'enfance, sans jamais s'échapper vers l'âge adulte du prologue, excellente façon de montrer à quel point l'essentiel réside dans les premiers âges de la vie. On découvre ainsi la constellation des spécificités qui vont faire de Lulu un être à part, très spécial.

Enfant chétif, solitaire, introverti sans doute surdoué, surprotégé par une mère étouffante, tout le temps inquiète, à qui il se doit de lui « renvoyer les faiblesses qu'elle imagine  », Lulu découvre la liberté au contact de la mer, avec une émotion que décrit magnifiquement la plume subtile et sensible de Léna Paul-Le Guarrec.

« Je me souviens de tout. Chaque recoin de sable, chaque bout de rocher, chaque aile d'oiseau. On ne se souvient pas toujours de ses premières fois, elles ne marquent pas toutes. Les premières fois ne pas toujours les meilleures, elles peuvent aussi être les pires, les plus fades, les plus médiocres. Ce dont on se souvient, c'est de la première intensité, de la première fois où submerge l'émoi. Nos sens envahissent notre mémoire, la travestissent. Cette première fois là n'est pas la meilleure. La place va me réserver bien d'autres moments de joie. Ce qui compte ce n'est pas la première fois. Ce sont les suivantes, bien plus tard, après, lorsque arrive l'habitude. C'est l'émotion qui surgit qui est la plus belle, la plus pure, la plus réelle. En dehors des artifices de la passion. Ça commence comme ça. L'hiver, sur la plage. Ça ne peut commencer autrement. »

La mer est quasiment un personnage à part entière, presque le principal d'ailleurs. C'est elle qui forme Lulu et le libère de l'emprise maladive de sa mère. C'est très touchant de voir naître ses passions, ses obsessions, ses collections. Chaque trouvaille ( coquillages, bois flottés, plumes, bouteilles à la mer ) lui donne envie de « sourire dans (son) cerveau ».

La première partie centrée sur l'enfance, la mer et la mère m'a totalement convaincue. Moins la deuxième, celle de l'adolescence, de la quête d'identité et du père, un peu plus explicative alors que la première était ( plus ) dans l'épure et le mystère, maitrisant les ellipses qui permettent de lire entre les lignes. Disons que dans la deuxième partie, j'ai moins lu entre les lignes. Malgré cette réserve, la tendresse, la poésie et la subtilité de ce roman initiatique m'ont touchée.

Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois
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Il s'appelle Lulu, comme Lucien Ginsburg, dit Serge Gainsbourg. Il vit seul avec sa mère et n'a pas d'ami, ni de copain à l'école. Il se passionne pour l'océan et la plage, et tout ce qu'on y trouve : coquillages, détritus, bouteilles. Et c'est comme cela qu'il se fera reconnaître...

Pour son premier roman, l'autrice n'a pas choisi la facilité : le récit d'un petit garçon qui vit dans ses rêves entre sa mère, l'école et une grande solitude... Heureusement, il y a l'océan pour lui donner des centres d'intérêt.
Ce roman est une sorte de conte poético-philosophique, sans aucune autre action que les actes (désespérés ?) de l'enfant pour avoir le sentiment d'exister dans un monde qu'il ne, et qui ne le, comprend pas.
L'écriture est riche et pas toujours facile à lire. Il faut apprivoiser le livre !
La fin, venant éclairer le parcours de la mère et de l'enfant, est assez déroutante.

Un premier roman intéressant sur la forme et sur le fond. Je lirai avec intérêt le suivant.

Je remercie Babelio et les éditions Buchet-Chastel de m'avoir permis de découvrir ce roman et cette autrice.

Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Lulu jette un regard désenchanté sur le monde. Cible de ses camarades à l'école, lieu où toutes les singularités isolent, cadré plus que nécessaire à la maison où l'absence de père est compensée par la rigueur et l'austérité d'une mère seule, Lulu trouve refuge dans un projet né d'un geste anodin, mais dissimulé : il a trouvé un coquillage sur la plage. C'est le début d'une collection. Il a dû argumenter et avancer de fausses allégations de santé pour faire accepter cette accumulation dans sa chambre. Il devra restreindre ses cueillettes tant l‘entreprise est féconde. Pour finir par se consacrer aux bouteilles avec message…

Itinéraire d'un garçon malchanceux, mais obstiné, dont les confidences nous apprennent peu à peu les malentendus sur lesquels il s'est construit.

Le style est simple, mais pas bêtifiant, et on s'attache rapidement à ce petit garçon qui malgré les apparences fait preuve d'une force et d'un courage remarquable.

Premier roman de l'autrice, à la fois poétique et initiatique, et mérite une lecture attentive.

176 pages Buchet Chastel 18 Août 2022
#Lulu #NetGalleyFrance
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Voilà un premier roman pas commun - lecture en une seule fois tant cette lecture titille l'intérêt. C'est l'histoire de Lulu, qui aime la mer, et qui a un rapport particulier avec les déchets qu'elle rejette, qui collectionne. Il est handicapé dans ses rapports avec les autres, mais engagé dans la protection du vivant. Si je me suis laissé attendrir par cet enfant différent (en saurons-nous la raison ?) ; si je me laisse convaincre qu'il s'agit plutôt d'un conte moderne, ce qui autorise de taire le pourquoi du comment et que l'imaginaire doit garder une place centrale... certains pourront en vouloir à cette belle plume nouvelle (parce qu'elle est délicatement belle cette plume) de nous laisser sans quelques réponses néanmoins. Alors... voilà un message comme une bouteille jetée à la mer, qui s'interprète, qui ne peut pas tout dire, qui laisse supposer, qui accapare néanmoins une attention particulière. Pour conclure, je retiendrai l'effet produit sur ma curiosité et la beauté des mots de ce livre étonnant.
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Lulu est un jeune garçon un peu différent, solitaire, qui parle peu et reste dans son coin à l'école. Il n'a pas de père, mais sa mère compense, omniprésente, étouffante. le seul refuge de Lulu, c'est le bord de mer, son seul ami, l'océan, qui lui apporte sans cesse de nouveaux trésors. Car Lulu, au fil du temps, a collectionné les coquillages, le bois flotté, et tout ce qu'il trouvait échoué sur la plage. Obsessionnellement, il a rempli des carnets avec des annotations sur les dates et heures de ses récoltes, a classé, répertorié, dressé des statistiques, accumulé encore et encore ses trouvailles dans sa chambre, au grand dam de sa mère. Puis il s'est spécialisé dans la recherche de bouteilles jetées à la mer, et s'est même lancé dans une correspondance avec les expéditeurs des messages qu'elles contenaient.

A l'école, on se moque de Lulu, ou en tout cas on ne comprend pas sa manie d'accumuler compulsivement ce que les gens « normaux » appellent « déchets ». Alors un jour, Lulu se rebiffe : « Je récupère ce que la plage refoule, ce que la mer rejette. Qui est malade ? La mer ou moi ? » ; et prend de plus en plus conscience de la menace que l'humain représente pour l'océan et la nature en général.

La candeur de Lulu est touchante, et si on en croit le prologue, Lulu aura suivi jusqu'au bout sa vocation et son rêve de dépolluer les océans en devenant un grand scientifique.

Eveil d'une conscience, différence, conte initiatique, quête de soi, des racines et de liberté, écologie, il y a un peu tout ça dans ce premier roman. Un texte poétique et attendrissant qui se lit très vite, mais qui tourne cependant un peu court et brasse trop de thèmes sans vraiment les approfondir.

En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.
#Lulu #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Citations et extraits (85) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Sur les rives de la lointaine Atlantique, quelque part très à l’ouest, flottent à l’entrée de mon cabinet de curiosités trois verbes en lettres capitales : croire, creuser, rêver.
Il se raconte que, un jour de folie moderne, la sérendipité s’est invitée dans mes expériences interdites, menées la nuit en laboratoire, sur la pérennité et l’équilibre biologique de la chaîne alimentaire dans la biocénose des écosystèmes marins (oui, ça impressionne toujours un peu au début, mais n’ayez pas peur). Cette découverte serait fortuite, ce qui ne manque pas d’irriter la communauté des chercheurs aguerris.
Une espèce animale inédite révolutionne actuellement le monde scientifique.
Glorifié par les uns, étrillé par les autres, je me joue de cette rumeur. Les médias s’amusent de mes histoires fantasques et sans cesse réinventées, je suis l’érudit déjanté à la blouse jamais blanche, aux cheveux trop longs, à l’éloquence marginale, perché au milieu de ses tubes, pipettes et éprouvettes, dans cette perfection du désordre sur fond de musique rock. Les savants s’agacent de mes comparaisons avec Frankenstein et ils ont peut-être raison, elles amplifient le qu’en-dira-t-on.

Je suis le créateur du Piscis detritivore.
Poisson d’un nouveau genre. À la constitution robuste, de la taille et de la forme d’un dauphin, pourvu d’un incommensurable système digestif, il se nourrit exclusivement de détritus. Il nettoie les mers de la pollution humaine, il rétablit l’équilibre salutaire.
Vous comprendrez que j’en conserve le secret de fabrication.
Se répand le bruit d’un prix. Si j’en obtiens un (ce n’est en rien un but et je n’y crois pas, je suis bien trop jeune pour qu’un collège de sages experts, un aréopage me décerne quoi que ce soit, on ne peut toutefois s’empêcher d’y songer), je sais que mon discours sera romanesque. Lorsque le fil est trop long à remonter, autant le recréer.
Et pourtant, si le temps m’est accordé, je me hisserai sur la dune de mon existence et avec l’assurance d’un scaphandrier, j’exposerai à tous ma quête. Elle n’est pas la résultante d’une succession d’imprévus, elle prend ancrage dans les fatras de mon enfance, dans les tréfonds de ma consolation.
Venez, je vais vous la raconter.

1.
La première fois, c’est en hiver.
La pluie sur les lunettes, le vent sur les pommettes, sur les morceaux de joues qui dépassent de la capuche trop serrée, le lien qui m’étrangle le cou. Maman tire toujours de toutes ses forces, de crainte que le froid ne se faufile dans mon corps.
Les rafales giflent mon visage, la pluie tape si fort qu’on dirait de la grêle. Un son sombre, une plainte lugubre, quasi humaine, inonde mes oreilles.
Je ne sais plus quel est mon âge. Petit. Mes bottes excessivement grandes. Elles me semblent lourdes, immenses. Avec elles, j’ai peur de tomber, que la houle y pénètre et tente de m’enlever.
Ce moment-là, dans le froid de l’hiver, dans l’agitation de l’hiver, lutter contre le vent pour avancer, respirer péniblement tant l’étourdissant tourbillon de l’air s’engouffre dans ma bouche, dans mes narines tout entières. En apnée. Je ne vois rien, je n’arrive pas à marcher. Il faut plier les genoux, courber le corps pour ne pas vaciller. Même les rares mouettes ne parviennent pas à voler, elles bataillent pour ne pas chuter.
La mer, au loin. Elle me semble à l’autre bout du monde. Je perçois à peine ses vagues, devine son écume. Ça sent le sel, il pénètre dans mes sinus. Je sens que mon nez va couler. Je me retiens, tourne la tête pour renifler. Maman n’aime pas quand je renifle, maman n’aime pas quand mon nez coule.
Le ciel triste, bas, empli de cendres, l’absence de soleil, l’horizon bouché. Tout cela est ce que je vois de plus vaste, de plus lumineux.
Ce moment-là est magique. Le premier instant de liberté inscrit dans la porosité de ma jeunesse.
Je me souviens de tout. Chaque recoin de sable, chaque bout de rocher, chaque aile d’oiseau.
On ne se souvient pas toujours de ses premières fois, elles ne marquent pas toutes. Les premières fois ne sont pas toujours les meilleures, elles peuvent aussi être les pires, les plus fades, les plus médiocres. Ce dont on se souvient, c’est de la première intensité, de la première fois où submerge l’émoi. Nos sens envahissent notre mémoire, la travestissent.
Cette première fois là n’est pas la meilleure. La plage va me réserver bien d’autres moments de joie.
Ce qui compte ce n’est pas la première fois. Ce sont les suivantes, bien plus tard, après, lorsque arrive l’habitude. C’est l’émotion qui surgit alors qui est la plus belle, la plus pure, la plus réelle. En dehors des artifices de la passion.
Ça commence comme ça. L’hiver, sur la plage.
Ça ne peut pas commencer autrement.

2.
J’ai toujours eu envie d’en changer. Par moments, je m’imagine avec un autre.
Je n’aime pas mon prénom. Je ne l’ai jamais aimé, comme tous sans doute. Les parents veulent un prénom original, les enfants un prénom banal. On souffre souvent de ne pas être tout le monde, de ne pas être passe-partout, se fondre dans la masse. Surtout ne pas se faire remarquer. Nathan, Jules, Lucas, Louis, Léo, Hugo, Enzo…
En latin, il signifie « lumière ». Un comble, je l’ai si peu vue. Maman dit que justement, je la porte en moi, pas besoin de tant la regarder.

C’est en hommage qu’elle l’a choisi. À cause de Serge Gainsbourg. Étrange admiration, il fume et maman n’aime pas les gens qui fument, il est négligé et maman n’aime que la propreté. Incohérence de l’adulation artistique qui ébranle les certitudes, qui décale les images, celle que l’on renvoie, celle que l’on est, au fond.
En boucle, elle écoute ses vinyles sur Elipson, la vieille platine qui régulièrement dérape. Parfois elle danse, seule, sur le tapis du salon, et chante les amours mortes. Elle connaît tous les titres par cœur. Et puis, elle pleure. Alors je ne l’aime pas ce Lucien qui fait sangloter maman. Moi non plus.
Pour me consoler elle va chercher, tout en haut de l’étagère, le grand livre des prénoms. Elle l’ouvre à l’endroit du marque-page, une ficelle rouge effilochée. Elle y a légèrement souligné, à peine effleuré, au crayon à papier, la rubrique caractère. Elle chausse ses lunettes et lit à haute voix :
« Imagination fertile. Les sentiers battus et les vérités données ne sont pas faits pour lui. Il sera constamment à la recherche de renouveau et d’émerveillement. »
Elle referme lentement l’ouvrage comme si une absolue vérité prophétique venait d’être prononcée.

Je me demande souvent d’où provient le déterminisme des prénoms. Comment tant de gens peuvent avoir le même caractère.
À la naissance, reçoit-on une petite liste d’attentes sociales avec lesquelles il faudra être en cohérence ? Que se passe-t-il si on refuse de tendre vers le stéréotype de référence ?
Nous ne sommes pas neutres. Nous sommes le choix de nos parents, nous sommes les héritiers, d’une originalité, d’une désuétude, d’un classicisme. C’est de ce fatalisme qu’il faudra se construire une singularité.
Au-delà d’une nature, influence-t-il nos traits ? Soi-disant, notre état civil se traduirait sur notre visage. Nous en prendrions l’apparence. Il paraît qu’à partir d’une simple photo les ordinateurs sont capables de dire comment on s’appelle. Notre prénom nous façonne, nous sculpte, nous sommes taillés dans ces quelques lettres. Nous affichons sans le savoir notre classe, notre appartenance, à un contexte, un lieu, une époque.

À la maison, il n’y a pas de miroir. Même pas dans la salle de bains.
La première fois que j’en vois un, c’est à l’école. Au-dessus du lavabo des toilettes, il parcourt le mur tout entier, recouvre les petits carreaux de mosaïque. Les enfants aiment s’y regarder, ils y déforment leur visage, font des grimaces. Ils rient, gloussent. Je n’y arrive pas, je ne parviens pas à bouger le masque collé à ma peau. Poupée de cire figée par le sel de la vie.
J’ai découvert mon aspect à travers les fenêtres de la maison. Parfois, lorsque arrive la nuit, je retarde le moment où maman vient fermer les volets. Je n’ai pas le droit de les rabattre seul, trop dangereux, la balustrade branlante en fer forgé, trop dangereux. J’invente des ruses. Rien que pour pouvoir me voir, furtivement, quelques secondes, deviner mon visage flou sur le noir de la nuit des vitres.
Serais-je comme Gainsbourg ? Aurais-je son nez, ses oreilles, ses yeux ? J’effleure les pochettes des vinyles, je caresse ma propre peau. J’ai peur d’être laid.

Plus tard, je dirai que mon prénom honore la littérature. Tout de suite ça impressionne. J’aime, aujourd’hui encore, observer cet infime moment où les yeux de l’interlocuteur cherchent, où ils balaient dans leur cerveau en quête d’une réponse. Peu savent, beaucoup changent de bottes, mettent le sujet sur la touche.
Alors, quand j’entends sur les lèvres répliquer Stendhal ou Balzac naît une immédiate tendresse, une particulière complicité.

3.
À voir maman noyée de larmes qui m’enserre outrageusement, je crois que l’école est une épreuve, une torture. Au début. Ça ne dure pas, très vite, je chéris l’école. Sur le chemin sinueux où nous marchons chaque matin, main dans la main, je n’ose le montrer à maman, je crains qu’elle ne soit déçue.
L’école est mon échappatoire, le lieu de toutes les parenthèses. J’apprends. Je happe chaque mot prononcé par la maîtresse, je m’immerge d’informations, entendues, lues. Je m’ennivre. Je pénètre pleinement chaque page de toutes mes petites cellules grises.
Lorsque je lève la tête, c’est pour étudier. Les autres. Je regarde les enfants, ils me semblent étranges. Je les vois telles des bestioles singulières. Ils ont un mode de fonctionnement qui paraît inné, de l’ordre de l’inconscient collectif. Ils vivent ensemble sans connaître les règles, tous les maîtrisent spontanément. Je les étudie de la même manière que j’analyserai plus tard les coquillages, avec précision. Je les contemple, de loin, avec recul. Là est la différence.
Je me demande s’il
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Surtout, je n'aime pas parler pour ne rien dire, d'ailleurs cela me fascine et me fascinera toujours, tous ces gens qui parviennent à alimenter des conversations creuses qui remplissent l'atmosphère de leurs bruits. Est-ce pour se rassurer qu'ils peuplent l'espace? Leurs vies sont-elles aussi vides que leurs discussions? Est-ce moi qui ne maîtrise pas les codes de la bienséance à toute épreuve?
Avec la nature, communiquer est tellement plus simple qu'avec les hommes.
Une langue ancestrale sans paroles.
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Je me suis construit sur un vide, mes fondations sont creuses, suspendues dans un néant. Nous ne sommes pas seulement nos mémoires, nous sommes aussi nos oublis, les trous de notre mémoire, nos absences, nos comblements, la fiction de ces comblements.
La vérité, avons-nous envie d'elle, besoin d'elle. Je ne crois pas. Il n'y a qu'une vérité, celle que l'on s'invente, chaque jour.
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Oui, je sais qu'il ne s'agit pas d'animaux marins, mais l'océan est le réceptacle de la vie et j'ai l'espoir insensé d'un miracle. Je ferme fort les yeux et présage qu'ils se retrouvent tous dans un abyssal éden festoyant ensemble. La sardine trinque avec l'hippocampe, l'abeille danse aux bras du poulpe, la mouette rit avec l’étrille.
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On ne se souvient pas toujours de ses premières fois, elles ne marquent pas toutes. Les premières fois ne sont pas toujours les meilleures, elles peuvent aussi être les pires, les plus fades, les plus médiocres. Ce dont on se souvient, c'est de la première intensité, de la première fois où submerge l'émoi. Nos sens envahissent notre mémoire, la travestissent.
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Vidéo de Léna Paul-Le Garrec
Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l'expérience de la nature jusqu'à faire corps avec elle.
Conte initiatique et poétique, Lulu, premier roman de Léna Paul-Le Garrec, interroge notre rapport à la liberté et à la nature.
https://www.buchetchastel.fr/catalogue/lulu/
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