Après
Lucile Rhodes, le deuxième roman de
Jean-Claude Mouëza change du tout au tout d'univers : place désormais à la SF et à l'invasion extraterrestre.
Mike Nielsen est policier dans la petite ville de Nold, aux Etats-Unis. Il connaît bien la forêt qui la bordure, pour l'arpenter ou la traverser, tant pour le plaisir que pour le travail. Mais les coups de tonnerre étranges qui retentissent un jour mettent fin à son confort et à ses certitudes : ils sont toujours accompagnés d'événements surprenants. Au début, on ne constate que la disparition du chauffeur du poids lourd renversé sur la route, puis celle de la femme de Mike, puis d'autres. A chaque disparition correspond ces bruits sourds venus du ciel, ces arbres abattus qui semblent tracer des allées en pleine forêt. Bien sûr, chacun y va de sa théorie rationaliste, mais Mike finit par écouter celle de Shelton : et si ces disparitions n'étaient pas l'oeuvre de drones de l'armée mais celle de créatures extraterrestres ? Et puis, un jour, c'est Mike qui disparaît, ou plutôt, lui aussi passe de l'autre côté.
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un monde parallèle, mais de notre monde dédoublé : il y a les vivants, et les disparus, ceux qui sont passés dans W et qui ne peuvent interagir avec les vivants. Dans ce monde dédoublé, la résistance s'organise pour supprimer les créatures mi-droïdes mi-organiques à l'origine de ce dédoublement. Pourtant, Mike et Mélanie, une résistante, vont apprendre à les connaître, à comprendre leur geste d'invasion, mais toujours à les fuir.
Ce monde est
Holograph, mais je serai bien en peine d'expliquer ce qu'il est. Une sorte de monde voire de procédé qui permet de superposer les couches de réalité, plus ou moins habitées. Puisque notre monde humain est envahi par les Pods, il ne reste qu'à utiliser cette connaissance (la découverte d'
Holograph) pour se construire un nouveau monde.
Le problème du livre, à mon sens, est qu'il n'explique pas assez cette complexité. Ce monde en pelures d'oignon, son principe même, pourrait être clarifié ; or sa découverte, pour le lecteur comme pour les personnages, n'est qu'intuitive. A aucun moment je n'ai pu éclaircir ce qu'était réellement
Holograph, ni pourquoi le monde des résistants était appelé W (je pense à Pérec, mais sans être capable d'établir de lien véritable).
Cependant, le roman se lit bien car le rythme est toujours efficace, les scènes d'action comme de répit parfaitement équilibrées. le texte alterne chapitres « avant » et « après » le changement de monde de Mike pour ensuite se focaliser sur l'après, donc sur le seul monde dans lequel Mike peut agir.
L'ensemble est agréable à lire mais j'ai besoin de comprendre les choses pour pleinement les apprécier et mon incompréhension d'
Holograph (le monde décrit) m'a un peu sapé le plaisir !