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C'est l'histoire d'une rencontre qui n'a pas eu lieu, d'une passion qui n'a pas éclos, entre deux êtres que tout séparait, deux existences ratées, l'une dans l'attente et la frugalité, l'autre dans le mensonge et l'excès. Mais qui peut affirmer que si Lajos, l'aventurier, l'homme sans morale, le comédien, et Esther, femme raisonnable, peu sûre d'elle, résignée devant l'adversité, s'étaient unis, leurs vies auraient été meilleures ?

La tragédie en effet est inscrite au coeur des êtres ; nous comprenons vite qu'il n'y avait pas d'issue. Que les vingt ans de fade tranquillité qu'Esther a dérobé à son destin n'étaient qu'une parenthèse. Que quoi qu'il arrive Lajos aurait été séducteur, menteur et voleur, incapable d'offrir le bonheur à une femme pas plus qu'un avenir à ses enfants. Un être fait de rêves et d'intentions mais incapable d'affronter la réalité. Et les conséquences de ses actes.

Ainsi, vingt ans auparavant, après avoir séduit Esther, il avait épousé sa soeur Vilma. Peur des responsabilités ? Fuite devant une relation qui l'engageait ? Puis il avait éprouvé des regrets, la sensation de se fourvoyer, le désir de retourner vers celle qu'il croyait aimer. Mais trop tard, sans compter sur la malédiction de la jalousie...la haine qu'il avait installée entre les soeurs. Après la mort de Vilma dont il a eu deux enfants, s'en est suivi une vie de bohème et d'arnaques. Jusqu'au jour où il revient pour s'emparer du dernier bien d'Esther.

Ce passionnant roman de Sándor Márai est une puissante étude de l'âme humaine qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page, une confrontation entre deux personnages qui garderont leur part de mystère, une réflexion sur ces êtres qui viennent perturber l'ordre établi en le menaçant de destruction mais sans rien proposer en retour. Lajos est une incarnation du nihilisme, symbole d'un monde qui tombe dans le chao. C'est le deuxième ouvrage que je lis de cet auteur et j'attaque le troisième sans tarder. Une magnifique découverte !
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Que regarde cette femme, debout devant la fenêtre ? me suis-je demandé en choisisssant ce livre présent depuis bien longtemps dans ma bibliothèque.

Et me voilà plongée dans un roman superbe et passionnant où Sandor Màrai réunit deux anciens amants, Esther, jeune fille amoureuse et abandonnée par Lajos séducteur rusé et insaisissable.
Elle l'a aimé passionnément et n'a rien oublié du charme de la rencontre avec cet homme beau parleur, séducteur et escroc. Un homme qui l'a trompée et volée. Et pourtant elle est décidée à l'accueillir comme il se doit et à accepter le sort qui l'attend.

Toute la force de ce roman réside à mon sens dans la narration et la mise en scène. L'auteur instille dans cet huis-clos, une impression d'étouffement et de soumission, comme si Esther savait qu'elle allait succomber aux volontés de Lajos.

Sandor Màrai est un peintre de l'âme humaine et n'a pas son pareil pour démonter les rouages psychologiques de drames intimes dans l'univers calfeutré de la bourgeoisie.
Magnifique lecture.

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"Après 20 ans d'absence, Lajos revenait chez lui....il devait quelque chose à tout le monde-argent, promesses, serments!"
Esther, la narratrice, trois ans après l'ultime escroquerie de l'homme qu'elle a jadis aimé, qui s'est marié à sa soeur dont il est veuf au présent, raconte comment il l'a "dépouillée de tous ses biens" lors de leurs retrouvailles après une longue séparation.
Sandor Marai, écrivain hongrois du XX° siècle,à l'écriture flamboyante,sait faire monter crescendo la tension dramatique car la violence couve sous les cendres du passé de ce premier amour ravageur sur fond de rivalité (on pense à son roman: le premier amour). Il se base (comme pour Braises) sur la confrontation de deux êtres qui se sont perdus de vue et utilise (comme dans La Conversation de Balzano) le personnage d'un séducteur sans scrupules.Voilà un beau portrait de fourbe "dépourvu du sens des réalités", "dépensant sans compter", conscient de sa supériorité, désinvolte,fanfaron,farfelu,menteur...un vrai danger surtout pour une vieille fille esseulée et toujours amoureuse!
Quel talent pour analyser la relation complexe qui unit deux êtres! Un talent qui évoque celui de Stefan Zweig dans le voyage dans le passé.
"Le monde est un théâtre" disait Shakespeare et ce Lajos là est un sacré comédien, un manipulateur sûr de son pouvoir qui sait trouver la faille de l'autre pour l'assujettir.
Comment une femme saine d'esprit, peut-elle se laisser à nouveau bafouer ?
Il suffit de lire L'héritage d'Esther pour comprendre que l'amour est parfois un sortilège envoutant. Est-ce ainsi que les gourous soumettent leurs disciples?
C'est triste et nostalgique car l'amour est échec et désillusion mais c'est beau car Esther, sans écouter sa raison donnera tout jusqu'à son héritage!
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Lajos est de retour! Il a annoncé par courrier son arrivée prochaine et Esther ne se fait aucune illusion. Cet homme, qui 20 ans plus tôt lui a tout pris, revient pour achever son oeuvre et prendre la dernière et seule chose qu'elle possède encore: sa maison. Alors elle se penche sur son passé pour savoir pourquoi elle s'est laissée dépouiller ainsi par cet escroc au charme irrésistible et pourquoi elle va cette fois encore sans doute céder à sa requête.

Court -environ 150 pages- L'héritage d'Esther est un roman simple et beau sur l'amour irrépressible d'une femme pour un homme qui ne le mérite pas. Ça peut sembler banal dit ainsi mais c'est compter sans Sandor MARAI qui semble avoir le don de transcrire les sentiments les plus profonds de façon succincte mais intense. Il nous raconte le face-à-face passionnant et passionné entre une Esther vieillissante et résignée et un Lajos qui n'a rien perdu de sa superbe ni de sa verve. Chez MARAI, l'amour est une malédiction qu'il est inutile de vouloir combattre. le coeur d'Esther a battu, et bat toujours, pour Lajos malgré ses mensonges, ses trahisons et sa disparition. Il l'a dépossédée de tous ses biens et encore une fois il vient pour prendre mais c'est ainsi, ce qui a été commencé doit être achevé, c'est là tout le sens de la malédiction.
Une écriture au charme désuet et une étude approfondie de la psychologie des personnages font de ce petit livre un petit bijou à découvrir.
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Je viens de lire voire relire les chroniques des différents bloggeurs sur ce court ouvrage de Sandor Marai. Je partage l'avis unanime qui voit en L'héritage d'Esther un pur concentré du talent de cet écrivain hongrois que j'affectionne tout particulièrement. L'ultime confrontation entre Esther, la vieille fille bafouée vivant recluse et Lajos, l'homme de sa vie, l'amant éternel qui n'hésita pas à la trahir 20 ans plus tôt en épousant sa soeur, résume à elle seule tous les thèmes chers à notre auteur : le poids du passé et la nostalgie qui en découle, la désillusion sur l'amour perçu comme une souffrance inévitable plutôt que comme une quête salvatrice, la trahison et les regrets afférents. Des thèmes loin d'être joyeux vous en conviendrez mais qui sous la plume de Marai, prennent une intensité dramatique incontestable qui coupe le souffle. Et bien que ce roman ne soit pas le plus marquant à mon sens, il n'en demeure pas moins une belle réussite.

Quand vous disposerez de quelques heures, plongez-vous dans l'histoire d'Esther qui après 20 années de survie, être désincarné aux sentiments couvés, se retrouve une dernière fois face à Lajos, le bellâtre, le vil et dilettante amour d'une vie, venu la dépouiller de son dernier bien, sa maison. Si fierté et dignité il y eût, elles ont depuis lors disparu pour ne laisser place qu'aux ultimes assauts d'égoïsme d'un homme que rien n'a jamais arrêté, pas même l'amour qu'il voua véritablement à Esther. Et Esther, l'amoureuse bafouée, acceptera une dernière fois encore, l'insulte suprême faite à ses sentiments.

Fable cruelle que ce roman intense aux notes d'amertume.

Lien : http://www.livreetcompagnie...
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D'abord, il y a ce titre énigmatique - et pour une fois une couverture bien choisie.

"Quelle terrible loi, pensais-je ! et j'en eus la chair de poule. Je m'endormis ainsi, frissonnante, hébétée, la fausse bague au doigt, comme si, parvenue à l'ai libre après un long séjour en un lieu fermé, j'eusse été brusquement saisie jusqu'au vertige par une brise forte et cruelle, par le coup de vent de la réalité."

Esther se fait vieille. Elle a choisi de vivre solitaire et presque recluse après l'immense déception que lui causât, de longues années auparavant, l'amour de sa vie, Lajos. Après vingt ans d'éclipse et malgré ses trahisons répétées, le talentueux séducteur et brillant dilettante, ruiné, fait son retour, pour affronter Esther dans une ultime passe d'armes. Au soir de leur vie et dépouillés de leur superbe, enfermés dans leurs rôles, les deux personnages se mesurent dans un face-à-face s'inscrivant dans un huis clos de plus en plus étouffant, qui fait resurgir les sentiments et les ressentiments du passé.

Pas un mot de trop dans cette fable de la cruauté et de la désillusion. Véritable petit bijou littéraire, L'héritage d'Esther est un concentré de l'immense talent de Marai, trop peu lu. L'auteur hongrois met ici en oeuvre un travail d'une précision d'orfèvre, dont toutes les pièces s'emboîtent avec une perfection diabolique. le ton est d'une justesse inégalée, et les sentiments saisis dans une complexité vertigineuse et dans la sobriété d'un style épuré. Servi par une unité de temps et de lieu, et sous-tendu de dialogues ciselés, l'Héritage d'Esther en devient presque théâtral. du grand, du très très grand Marai.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Vingt ans après être parti sans se retourner, Lajos retourne dans la petite maison où vit Esther (45 ans au moment du récit), la femme qu'il disait aimer et dont il a épousé la soeur. Les non-dits, vieilles blessures et nouvelles arnaques sont au programme des réjouissances pour pimenter le quotidien de la paisible maisonnée.

Sandor Marai a créé en quelques pages un personnage à la Eugénie Grandet, ou une héroïne de Thomas Hardy. Il a fallu passer les 40 premières pages pour que j'accroche à l'histoire, mais une fois passé ce stade j'ai été omplètement happée par ce récit intense à l'atmosphère si pesante.
Dès le départ, Esther, qui est donc la narratrice de l'hsitoire, annonce qu'il s'est produit quelque chose de terrible pour elle. L'auteur joue ainsi avec les attentes du lecteur en dressant un portrait lacunaire du fameux Lajos par le discours des autres personnages qui nous font comprendre que son départ comme sa présence 20 ans plus tôt ont laissé des zones d'ombres, des doutes et des secrets. Donc malgré ce portrait indirect, le lecteur dispose de suffisamment de détails pour comprendre que le beau-frère est un orfèvre de l'escroc - en termes matiériels ou sentimentaux.

L'époque que décrit Marai oblige (fin XIXème, début XXème), l'histoire comporte de nombreuses considérations matérielles (l'argent, les mauvais placements, les dettes, la valeur chiffrée de l'héritage) car c'est bien la seule chose qu'on peut contrôler et prévoir : à l'inverse des sentiments que l'on enfoui, que l'on refoule et dont se protège de peur qu'ils nous envahissent et nous pousse à des actes qui nous détruiraient.

Les retrouvailles, si elles ont une dimension très théâtrale à plusieurs niveaux, donnent lieu à un face à face digne d'un duel à Ok Corral absolument éblouissant !

La découverte du Stefan Zweig hongrois est donc une réuddite totale pour moi !



Challenge Globe-trotteur
Challenge XXème siècle
Challenge multi-défis

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Quelle plaisir, quelle découverte ! Sandor Marai que je viens de découvrir fera sans aucun doute parti des auteurs qui auront changés ma vie de lectrice. Et comme bonne lectrice, curieuse et excessive que je suis, je vais m'empresser de tous les lires tant j'en suis tombée amoureuse.

Je suis depuis bien longtemps déjà une grande admiratrice de Stefan Zweig et de son travail. Avec Sandor Marai je découvre avec plaisir beaucoup de similitudes. J'apprécie son écriture impeccable qui aborde les sujets de manière si intense. Avec une forte dominante sur la guerre, on ressent à travers ses textes les ravages que la seconde guerre a pu faire. Ainsi que son besoin de parler pour comprendre, analyser et faire révéler sa vérité sur cette période terrible. Des textes réfléchis et intimes nos sont donc dévoilés.

Dans ce roman on va suivre Esther une femme abandonnée. Une femme qui vient de recevoir des nouvelles de l'amour de sa vie, disparu depuis plus de 20 ans. A travers ce texte c'est la confrontation entre la belle et douce Esther et le manipulateur Lajos. Mais tout va être découvert et c'est sans artifice que la vérité éclate. le passé revient comme un boomerang afin de lever un voile sur bien des personnages et des situations.

Il est rare que je découvre des auteurs dont la puissance et la passion m'envahissent à tel point qu'il me faut tout parcourir. Comment vous expliquer la justesse de ce texte. L'intense besoin qu'il continue, ou de retrouver cette écriture dans un autre récit. Une autre histoire qui sera apaiser ma soif. Dans ce texte on retrouve une puissante psychologie qui est travaillée et nous maintient en haleine. Car on se projette dans le passé, on découvre avec Esther les méandres de sa vie. Tout ne fut que mensonges ou le mensonge était calculé ? Un texte qui soulève le rapport à l'amour, à l'argent, aux besoins d'indépendance également. Mais c'est surtout un hommage à cet amour plus fort que tout, qui peut attendre des années, mais qui au final n'attend qu'une chose : être partagé !

Ce texte d'une justesse intense parvient à faire vibrer de nombreuses cordes sensibles. La beauté de cet amour retrouvé nous touche et parvient à faire son bout de chemin dans notre coeur. Pourtant Lajos ment. Alors où est la frontière ? Où est la limite aux mensonges ? Et si cette limite n'était pas l'amour lui-même. Seule la lecture du roman pourra y répondre.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Avec "L'héritage d'Esther" j'aborde l'univers de Sandor Marai pour la troisième fois. Comme à son habitude, dans ce court récit, l'auteur va à l'essentiel de ses centres d'intérêts: le fond de l'âme humaine confrontée soudain au sens de la vie. Esther, vieillissante raconte ainsi une journée qui le lui révèle. La virtuosité de l'écrivain tient à la densité des impressions, des sentiments et des pensées toutes entières ramassées dans un temps très court. Comme au théâtre, Marai comprime le temps pour mieux en faire ressortir la richesse infinie des situations, de celles qui scellent les destins. Il y a comme une fatalité dans la manière dont les personnages de Mirai se regardent, Esther comme le vieux général des "Braises" ont vu leurs jours basculer, avec l'intrusion d'un autre, au coeur de leur vie. Pour Esther, cet autre s'appelle Lajos. Il réapparaît vingt ans après. Elle en connaît tous les défauts, pourtant, elle se laisse écraser par son arrogance et sa fourberie, dans une sorte de plongée vers le pire. Ainsi Esther n'aura t-elle jamais pu prendre en mains le cours de sa vie. Il y a pour Marai, un caractère inexorable des vies humaines, pour le pire souvent. Il met en scène dans ce roman un de ces schémas qui lui tiennent à coeur avec un talent littéraire exceptionnel.
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Une lecture magnifique pour une histoire lamentablement triste. Seule l'écriture rend la lecture possible de cette histoire tragique.
Esther a aimé absolument, croit-elle, l'a-t-elle cru, un homme, qui l'a attendue, qui a souhaité son courage, sa force, et qui par dépit a épousé la petite soeur Vilma. Laquelle jalouse, envieuse, a détourné les dernières lettres d'amour désespérées de l'homme à destination d'Esther.
Mais pourquoi Esther aurait-elle eu besoin de ces déclarations enflammées, de dernier recours, pour entendre l'appel ? Pourquoi ne s'est-elle pas sortie de ce qu'on appellerait aujourd'hui "sa zone de confort" ?
Parce que l'homme est un joueur ? un menteur ? un aventurier ?
La confrontation entre ces deux personnages vingt ans après leur rupture est tragique, totalement ambivalente, qui dit vrai ? qui dit faux ? Il reste pour le lecteur (mais qui sait ?) qu' Esther a loupé son grand amour de la vie et qu'elle est à 45 ans, comme une vieille en fin de vie (quelle tristesse), qu'elle découvre la trahison atroce et impardonnable de sa petite soeur, et qu'elle ne sait toujours pas qui est véritablement Janos, son amour.
Elle choisira, ou pas, mais elle n'ira pas vers Janos. Car il n'a cessé de mentir, et alors qui croire ?
L'écriture est fluide, limpide.
Sandor Marai est un grand meneur de personnages romanesques. Tout est ambivalence. Et il n'y a pas de véritable conclusion. Pour ma part, j'aurais bien mis un gros pied au c... de Janos, mais aussi une bonne paire de claques à Esther. Mais j'aurais bien pris aussi Esther dans mes bras. Et ainsi pour tous les personnages. Et ainsi, la dernière page tournée, lecteur, je me pose encore plein de questions. C'est fabuleux.
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